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Le Hamas produit un film sur le soldat Shalit

Interrogé, Noam Shalit, le père de Gilad, n'a pas voulu réagir, ne souhaitant pas "engager un dialogue avec le Hamas"

Gilad Shalit à sa libération, en octobre 2011. (Crédit : GPO/Flash90)
Gilad Shalit à sa libération, en octobre 2011. (Crédit : GPO/Flash90)

Ce devait être la version Hamas d’une grande production hollywoodienne: un film épique sur la capture du soldat franco-israélien Gilad Shalit, détenu au secret pendant cinq ans à Gaza, puis échangé contre un millier de prisonniers palestiniens.

Mais faute de moyens, le long-métrage, intitulé « L’illusion fugace », risque de ne pas être à la hauteur de l’événement qu’il décrit.

Le tournage a commencé en décembre, à l’occasion des cinq ans de l’opération israélienne « Plomb durci » (décembre 2008-janvier 2009) et la première des deux parties du film doit être prête pour le huitième anniversaire en juin prochain de l’enlèvement de Shalit par trois groupes armés palestiniens, dont la branche militaire du Hamas, à la lisière de la bande de Gaza.

Le film de 90 minutes comportera des scènes intenses et des surprises « dont ni Shalit ni la résistance n’ont parlé auparavant », sur sa capture le 25 juin 2006, ses conditions et lieux de détention, jusqu’à l’échange de prisonniers en octobre 2011, promet le réalisateur et scénariste, Majed Joundiyeh.

Auteur en 2009 d’un « biopic » sur Imad Aqel, un membre de la branche armée du Hamas figurant en tête de la liste noire d’Israël, tué en 1993, le cinéaste se targue de ne pas appartenir au mouvement islamiste.

Les premières scènes ont été tournées dans une petite pièce du ministère des Prisonniers, représentant la cellule obscure où était interrogé un combattant du Hamas, Moustapha Mouammar, arrêté par l’armée israélienne la veille du rapt.

Dans la scène, le détenu enchaîné est torturé par ses interrogateurs israéliens qui lui plongent la tête dans un sceau d’eau pour le faire parler.

Des aveux qui, selon le scénario, auraient pu compromettre toute l’opération, exécutée par l’aile militaire du Hamas, les Comités de résistance populaire (CRP) et « l’Armée de l’Islam ».

« Je rêve que ce film sur Shalit me fasse connaître dans le monde » entier, confie l’acteur qui joue Moustapha Mouammar, Mohammad Radhi, 21 ans, diplômé en journalisme.

Son tortionnaire est incarné par Mohammad Abou Qoumsane, fils d’Ismaïl Abou Qoumsane, un des chefs des CRP, assassiné par l’armée israélienne.

« J’adore faire l’acteur, parce que c’est notre moyen d’exprimer humainement la question des prisonniers », affirme Mohammad Abou Qoumsane, qui se satisfait d’un cachet de misère.

Collaboration avec l’Iran pour un futur long métrage

La plupart des quarante comédiens, dont douze femmes, sont « bénévoles », indique le réalisateur, interprétant lui-même un officier israélien, précisant que Mohammad Qarara, qui joue Gilad Shalit, « ne touche pas plus de 2 000 shekels (environ 400 euros) par mois ».

Le budget initial du film, produit par le ministère de la Culture du gouvernement du Hamas, était de 2,5 millions de dollars, mais Majed Joundiyeh doit se contenter de 320 000 dollars. « La qualité pourrait s’en ressentir », reconnaît-il.

« Il était prévu que le ministère iranien de la Culture finance le film, mais le soutien s’est arrêté à cause de la dégradation des relations entre l’Iran et le Hamas à cause de la situation en Syrie », explique-t-il, Téhéran appuyant le régime de Damas, contrairement au mouvement islamiste.

Mais le ministre de la Culture du gouvernement du Hamas, Mohammad al-Madhoun, assure que les ponts ne sont pas coupés avec la République islamique, révélant « une coordination avec l’Iran pour produire un long-métrage sur la guerre de 22 jours contre Gaza », en référence à « Plomb durci ».

Selon lui, le film sur l’enlèvement du soldat israélien montrera « l’ambiance particulière de la surveillance de Shalit concernant sa cachette et les moments de détente, notamment sur la plage de Gaza, pour illustrer le traitement humain et civilisé des prisonniers ».

Faute de salles de cinéma – détruites par des groupuscules radicaux islamistes au début des années 2000 – le film sera projeté dans les rares institutions culturelles fonctionnant encore à Gaza, avant une éventuelle diffusion sur les chaînes locales.

En avril 2010, la branche armée du Hamas avait produit un clip animé de trois minutes en 3D qui montrait le père vieillissant de Gilad Shalit, évoquant la possible mort en captivité du jeune soldat, afin de faire pression sur Israël pour consentir à un échange de prisonniers.

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