Le judaïsme et le sionisme sont essentiels pour la Miss Allemagne juive
Sur les traces de la star israélienne Gal Gadot, la reine de beauté Tamar Morali revendique ses racines dans son ascension
- Tamar Morali à la compétition Miss Allemagne à Rust, Allemagne. 24 février 2018. (Jeremy Moller)
- Tamary Morali. (Courtesy)
- Tamar Morali dans la robe qu'elle portait pour la finale Miss Allemagne, du designer israélien Riki Dalal. (Stefan Joham/ Look Style Magazine)
- Tamar Morali. (Courtesy)
- Tamar Morali, à droite, avec ses quatre jeunes frères et sœurs dans une photo pour Morali Fashion. (Autorisation)
- Tamar Morali, finaliste du concours de Miss Allemagne, profite de la vie en Israël. (Autorisation)
- Tamar Morali au Vienna Fashion Show au Look Style Awards. (Stefan Joham/ Look Style Magazine)
Depuis le moment où la candidate allemande Tamar Morali a souhaité au peuple israélien une bonne soirée en hébreu, elle a été submergée de courriers de fans décrivant comment elle a touché les téléspectateurs du monde entier.
Le déluge de commentaires positifs a surpris l’étudiante de 21 ans au Centre interdisciplinaire de Herzliya (IDC), qui, il y a tout juste un an, n’avait aucune envie de devenir reine de beauté et ne savait même pas ce qu’impliquait un concours de beauté.
Mais même si l’ampleur des réactions du public a été un peu surprenante pour Morali, proclamer son identité juive n’a jamais été un problème. C’est une partie non négociable de son histoire – et le dire était l’une des principales raisons pour lesquelles Morali s’était inscrite au concours dans un premier temps.
« Je me suis dit, c’est une occasion incroyable de montrer aux gens qui vous êtes, et c’est une très bonne tribune pour communiquer », a déclaré Tamar Morali au Times of Israel.
Née dans la petite ville allemande de Karlsruhe de parents israéliens, Morali a déménagé à Vienne à l’âge de 8 ans, où elle a été scolarisée. Après être venue en Israël pour une année sabbatique, elle a décidé de rester dans le pays pour poursuivre ses études.
Tout a changé pour elle l’année dernière lorsque, sous l’insistance d’une amie, elle a lancé un blog de mode familiale sur Instagram, et soudain Morali s’est retrouvée au centre du monde de la mode.
Morali a fait la une des journaux pour avoir été la première femme juive à aller aussi loin qu’elle l’a fait dans le concours Miss Allemagne, où elle a été l’une des 22 finalistes à concourir pour la couronne le 24 février. Bien qu’il se soit avéré qu’il y avait auparavant une gagnante juive dans un concours de Miss Allemagne complètement différent, Morali n’a pas sourcillé, insistant sur le fait qu’au moins en ce qui concerne l’identité, ce n’est pas une compétition.
Le Times of Israel a rencontré la reine de beauté – qui détient actuellement le titre de Miss Internet en Allemagne – pendant une pause entre les cours, alors qu’elle a pris quelques minutes de son temps de préparation à un examen à venir pour parler de sa mission, de son identité et des chances d’être la prochaine Gal Gadot. La conversation, ponctuée d’éclats de rire fréquents, est publiée ci-dessous.

Vous êtes entre deux cours, et vous avez un examen dans quelques heures. Vous faites quoi comme études ?
Je me spécialise dans les affaires et la communication. Je veux aller dans de nombreuses directions – c’est pourquoi j’ai choisi la communication. C’est tellement illimité, vous savez. Vous pouvez faire de la télévision, travailler à la radio, être journaliste. Je veux faire quelque chose qui a à voir avec le fait de prendre la parole parce que j’aime parler et être représentative. Je suis sur le point d’obtenir mon diplôme et ensuite toutes les portes me seront ouvertes.

Prévoyez-vous de rester en Israël après cela, ou bien comptez-vous repartir en Europe ?
C’est la question la plus difficile. J’aime Israël. Je n’ai pas vraiment vécu la vie professionnelle ici parce que je suis étudiante – j’ai fait quelques petits boulots ici et là, mais je ne sais pas vraiment ce que signifie travailler en Israël.
Jusqu’à présent, j’ai passé un bon moment ici et j’aime le pays, et c’est l’une des meilleures décisions que j’ai prises dans ma vie de venir ici. Jusqu’à mon arrivée ici il y a quatre ans, je ne venais ici que pour rendre visite à ma famille, parce que ma famille vit ici – ma tante, mes cousins, ma grand-mère. A peu près tout le monde. A Vienne, où vivent mes parents et mes frères et sœurs, nous n’avons pas de famille.
Vous parlez très ouvertement de votre identité juive et israélienne dans la sphère publique. Pouvez-vous nous parler un peu de la place qu’elles occupent dans votre vie ?
J’ai grandi en Allemagne en respectant la casheroute et le Shabbat. Nous étions un mélange de tradition et de religion. Mais c’était vraiment difficile pour nous de respecter la casheroute là-bas, parce qu’il n’y avait pas de supermarché casher, et il n’y avait pas d’école juive – et mes parents voulaient vraiment que nous ne parlions pas seulement en hébreu, mais aussi que nous puissions lire et écrire, et il était très difficile pour nous de recevoir une éducation juive.
Mes parents ont donc décidé de déménager à Vienne, où la communauté était beaucoup plus grande, et nous sommes allés dans une école juive, et j’ai fréquenté le mouvement de jeunesse Bnei Akiva. J’étais une responsable du Bnei Akiva depuis l’âge de 14 ans, donc j’ai toujours eu un sens du sionisme en moi, et j’ai toujours rêvé de venir en Israël. Quand vous vivez en Europe, en particulier, Israël est vraiment le pays de destination pour la vie.

J’ai donc décidé de venir en Israël à l’âge de 17 ans, et j’ai suivi un programme d’un an sabbatique où j’ai fait du bénévolat dans le cadre de l’armée pendant deux mois, puis avec Save a Child’s Heart, et j’ai fait du bénévolat dans un kibboutz – comme toutes ces sortes de choses, voyageant en Israël pendant 10 mois. Et puis j’ai découvert IDC [Interdisciplinary Center Herzliya] parce que mon programme offrait une présentation ici sur le campus, et c’est la première fois que je me suis rendu compte que l’on pouvait étudier en anglais en Israël. Et ensuite, toute cette histoire de concours a commencé.
On dirait que vous avez été plus concernée par le sionisme et moins par les concours de beauté. Comment les avez-vous abordés ?
C’est une histoire drôle. Tout a commencé il y a environ un an lorsqu’une de mes amies m’a suggéré de faire quelque chose en lien avec la mode et le style de vie, parce que j’ai toujours eu une passion pour la mode. J’ai donc décidé de lancer un blog de mode sur Instagram, et je l’ai appelé Morali Fashion.
Mais ensuite, j’ai eu l’idée d’en faire un blog de mode familiale, et j’ai commencé à poster des photos de nous tous ensemble. Tout d’un coup, à Vienne, les gens nous ont sollicités pour des magazines, pour être mannequin pour une marque italienne… les gens ont vraiment aimé l’idée d’un blog familial, et le mannequinat en famille, ce qui est une chose complètement nouvelle.

On m’a demandé de participer au défilé de mode de Vienne parce qu’il y avait chaque année un concours appelé les Look Style Awards où vous présentez vos propres tenues et votre vision du design, et j’ai gagné la première place, ce qui est vraiment énorme car je n’aurais jamais pensé que je pourrais y arriver – je veux dire, quand vous pensez que vous êtes en compétition avec tant de concurrents, quelles sont les chances de gagner ?
Et puis quand j’ai gagné, on m’a demandé de participer à un concours de beauté en Autriche, mais comme je suis une citoyenne allemande, je ne pouvais pas. Je n’ai pas vraiment aimé l’idée des concours de beauté, parce que j’ai toujours entendu la même chose que tout le monde – que c’est toujours à propos de votre apparence, et que vous devez avoir une taille et un type de corps spécifique, mais ce n’est pas du tout comme ça. J’ai fait quelques recherches, et j’ai vraiment essayé de comprendre ce que c’est, surtout en Allemagne, parce que beaucoup de gens ne savent pas, mais les concours de beauté sont différents dans chaque pays.

Et puis vous avez eu l’idée de postuler en Allemagne ?
Oui, il y avait toutes ces catégories, et il faut gagner une catégorie pour entrer dans la compétition principale. J’ai donc postulé pour être Miss Internet, puisque j’étais si loin, et j’ai gagné avec plus de 18 000 votes.
L’histoire que j’ai racontée pour la compétition finale était que j’étais la première participante juive. Beaucoup de gens m’ont demandé pourquoi je voulais concourir en Allemagne, et quelques personnes m’ont dit : « Attendez, il y a des Juifs qui vivent en Allemagne ? Tout à coup, je me suis rendu compte de l’énorme responsabilité et du rôle énorme que j’avais sans même m’en rendre compte. Des gens du monde entier m’ont envoyé des messages du genre « Wow, c’est incroyable », et c’est allé si vite – comme si je n’avais même pas réalisé à quel point c’était rapide. En 48 heures, l’histoire était partout.

Donc l’histoire était que vous étiez la première juive, mais il s’avère que vous étiez la deuxième juive. Avez-vous parlé à l’autre Miss Allemagne juive, Valeria Bystritskaia ?
C’est drôle, parce qu’elle ne faisait pas partie de la compétition Miss Allemagne. Ce sont deux concours différents, et je ne sais rien sur le sien, et j’étais en fait très heureuse qu’elle puisse aussi révéler qu’elle était juive.

Je n’essaie pas de me battre pour savoir qui est la première juive – ce n’était pas du tout mon intention. Je suis heureuse qu’elle ait gagné son concours et qu’elle puisse être fière de ce qu’elle est et de l’endroit où elle se trouve maintenant.
Vous dites que vous avez une mission.
Ma mission est de défendre qui je suis. Dans le concours lui-même, ils ne m’ont pas posé de questions sur ma religion. C’est moi qui ai parlé de ma religion parce que c’est si important pour moi. C’est moi qui ai décidé de ce qu’est ma passion, et puis tellement de gens ont adoré. Et je pense que les gens ne devraient jamais se cacher. Ils devraient simplement être qui ils sont, et faire ce qu’ils croient et ce dont ils rêvent. Et même s’ils pensent que ça ne changera rien, ils ne peuvent pas le savoir.

J’ai eu beaucoup d’interviews en Israël sur ce sujet, parce que j’ai toujours été comparé à – vous connaissez Gal Gadot, peut-être ?
Hahaha
Donc, ce qui est drôle, c’est que nous avons toutes les deux commencé à peu près de la même façon. Elle étudiait aussi à IDC, et elle participait également à un concours de beauté, et je ne savais rien de tout cela jusqu’à ce que les intervieweurs israéliens me demandent ce que j’en pense. Et ils ont dit : « Ne nous oublie pas ! »
Je pense que c’est exactement comme ça – tant de gens ne croient pas qu’ils peuvent être une source d’inspiration pour tant d’autres personnes.

Pensez-vous que vous serez la prochaine Wonder Woman ?
Je ne sais pas, mais je pense que c’est un grand honneur pour moi que cela ait eu un impact sur tant de gens. Dans le concours de beauté, nous avions une vidéo où nous devions nous présenter.
Et j’ai choisi d’ouvrir ma vidéo avec « Erev tov, Yisrael »[Bonsoir, Israël]. Et tant de gens en Israël l’ont regardée, et ils m’ont écrit ces lettres émouvantes sur la façon dont ils ont eu la chair de poule, et ils ont pleuré, et puis j’ai réalisé à quel point c’était énorme. Qu’une jeune de 21 ans dans un concours de beauté a changé cette idée que la beauté ne vient que de l’extérieur, parce qu’une grande partie de ce dont j’ai parlé concernait la beauté venant de l’intérieur. Et puis j’ai reçu tellement de soutien de la part d’Israël, et j’ai continué à recevoir de bons commentaires, et je savais que ce que je faisais était bien.
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