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Analyse

Le Likud perd le contrôle alors que le budget semble encore prendre du retard

Il y a une semaine, le ministre des Finances Israel Katz avait promis de présenter un budget 2020 lors de la réunion du cabinet de dimanche - qui pourrait ne jamais avoir lieu

Haviv Rettig Gur

Haviv Rettig Gur est l'analyste du Times of Israël

Le ministre des Transports de l'époque, Israel Katz (à gauche) et le député Miki Zohar lors d'une réunion de commission de la Knesset à Jérusalem, le 23 mars 2016. (Yonatan Sindel/Flash90/Fichier)
Le ministre des Transports de l'époque, Israel Katz (à gauche) et le député Miki Zohar lors d'une réunion de commission de la Knesset à Jérusalem, le 23 mars 2016. (Yonatan Sindel/Flash90/Fichier)

Le chef de la coalition issu du Likud a tenu, mardi soir, des propos qui ont fait l’effet d’une bombe.

Le député Miki Zohar était interviewé sur la Vingtième chaîne (de droite) – pas vraiment un plateau sur lequel il serait susceptible de rencontrer une forte opposition à l’ordinaire. Mais la journaliste Sara Beck, présentatrice d’une émission politique, l’a abruptement interrogé sur le fait que le gouvernement n’avait toujours pas adopté de budget pour l’année 2020, dix mois après le début de l’année fiscale, et qu’il n’avait pas vraiment tenté de faire avancer un budget 2021.

Etait-il vrai, a-t-elle dit, que le report du budget était une tentative de la part du Premier ministre Benjamin Netanyahu de s’écarter « de son engagement de céder la barre du pays au ministre de la Défense Benny Gantz ? »

Répondant à cette question, Zohar a confirmé ce que tout le monde savait : « C’est évident », a-t-il répondu, « qu’il y a des considérations d’ordre politique là-dedans ».

Il s’est alors un peu plus enfoncé, expliquant qu’il n’y avait pas d’autre réaction à attendre de la part du Likud compte-tenu des circonstances.

« Jusqu’à présent, Kakhol lavan n’a pas montré un esprit de partenariat réel avec nous et il ne nous a pas montré que le parti avait l’intention d’apporter sa coopération pleine et entière » dans le cadre du gouvernement, a-t-il ajouté, suggérant que Netanyahu n’avait pas tort d’essayer de faire en sorte d’empêcher la mise en vigueur de l’accord de partage du pouvoir.

La présentatrice Sara Beck interroge le député du Likud Miki Zohar sur la Vingtième chaîne, le 20 octobre 2020. (Capture d’écran : Vingtième chaîne)

Ces propos ont embarrassé le Likud, Netanyahu et le ministre des Finances insistant depuis des mois – notamment lors de répliques furieuses à des journalistes critiques – qu’aucune considération d’ordre politique n’était à l’origine de cette non-adoption d’un budget d’Etat dans un contexte de crise sanitaire et économique qui frappe le pays.

Plus tard dans la soirée, et juste avant minuit, le ministre des Finances Katz a opposé un démenti irrité – et étrange.

« Nous rejetons sans ambiguïté les propos tenus par Miki Zohar sur d’éventuelles considérations politiques qui seraient intervenues dans le calendrier de la préparation du budget de l’Etat », a dit Katz dans une publication sur son compte Twitter personnel.

« Ses paroles ne reflètent pas le positionnement du ministère des Finances, qui travaille sur le budget de l’année 2021 conformément au calendrier qui a été rendu public et sur des bases purement professionnelles », a-t-il ajouté.

Il est difficile de dire pourquoi Katz a rédigé cette réponse au pluriel et pour quelle raison il s’est senti dans l’obligation d’expliquer « le positionnement du ministère de la Santé ». Personne ne doute du fait que les personnes qui travaillent sur le budget, au sein du ministère des Finances, soient désireuses de voir leur budget d’Etat adopté.

Un nombre significatif de hauts-responsables du ministère ont démissionné ces derniers mois, faisant part de leur frustration de ne pas avoir été en capacité de faire approuver un budget – en raison, ont-ils dit, de la résistance rencontrée du côté de la hiérarchie politique.

Le ministre des Finances Israel Katz tient une conférence de presse au ministère des Finances à Jérusalem, le 1er juillet 2020. (Olivier Fitoussi/Flash90)

Mais la raison pour laquelle Katz a ressenti le besoin de répondre, en ce qui le concerne, est très claire. Seulement trois jours auparavant, il avait annoncé qu’il présenterait le budget 2020 au cabinet le dimanche 25 octobre, pour lancer son processus d’approbation devant les ministres, puis devant les députés.

Alors que le Likud plonge dans les sondages, Katz veut montrer que le pays reste un tuteur responsable à la tête des affaires de la nation. Le budget avance, a-t-il martelé. Ce qui signifie, par ricochet, que le Likud n’est pas un obstacle dans la réponse à la pandémie, dont les manœuvres politiques empêcheraient les agences de l’Etat de faire leur travail de prise en charge de ses répercussions.

Pas à l’ordre du jour

La frustration ressentie par Katz face à son propre parti est palpable. Et cela devrait ne pas vraiment s’arranger. En effet, la rencontre du cabinet au cours de laquelle il avait enfin promis de présenter le budget d’Etat 2020 pourrait bien être annulée.

Les réunions du cabinet ont habituellement lieu le dimanche, avec un ordre du jour publié sur Internet par le secrétaire de cabinet le mercredi soir précédent.

Jeudi soir, aucun agenda de ce type n’avait encore été posté.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu (à droite) et le ministre de la Défense Benny Gantz lors de la réunion hebdomadaire du cabinet au ministère des Affaires étrangères à Jérusalem, le 28 juin 2020. (Olivier Fitoussi/Flash90)

Ce n’est pas inhabituel, bien sûr. L’ordre du jour du cabinet a été retardé à de nombreuses occasions ces derniers mois, en raison, à l’ordinaire, de querelles entre le Likud et Kakhol lavan sur son contenu. Mais, dans tous les cas, un retard dans la publication, le mercredi, a toujours entraîné l’annulation de la rencontre du cabinet du dimanche suivant. Le 35e gouvernement d’Israël a connu de longues semaines d’affilée sans réunion du cabinet.

Le Times of Israël a demandé au bureau de Katz ce qu’il se passerait concernant le dévoilement prévu de la proposition du budget si la rencontre était annulée – une question qui est restée sans réponse.

Le gouvernement israélien se bat pour répondre de manière efficace aux multiples facettes de la crise entraînée par la pandémie, qui pose des problèmes accrus dans tous les secteurs – qu’il s’agisse de la lutte épidémiologique, des conséquences économiques de la pandémie ou de la réorganisation du système de l’éducation, qui est aujourd’hui imposée par des mois de fermeture des établissements scolaires.

Pas besoin de creuser très profondément pour trouver l’incurie à la racine de la réponse chancelante du pays. Le parti au pouvoir en Israël n’est même pas capable de s’accorder sur la raison pour laquelle il a mis en suspens le budget de l’Etat, ni de garantir qu’une réunion de cabinet prévue une semaine auparavant soit encore d’actualité sept jours plus tard.

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