Le mari d’une Palestinienne tuée par un jet de pierre réclame justice
Yakoub Rabi, 52 ans, maintient qu'un résident d'implantation a lancé une pierre sur sa voiture et tué sa femme Aisha vendredi dernier ; les autorités israéliennes enquêtent

Aisha Rabi se préparait à célébrer le mariage de l’un de ses huit enfants. Elle avait passé des journées entières à étudier la logistique du mariage et à faire des achats.
Mais les préparatifs de la mère de 47 ans ont été brusquement interrompus vendredi, quand une pierre de la taille d’une boite de mouchoirs a volé à travers le pare-brise de la voiture de son mari Yakoub Rabi, qui conduisait.
« Aisha, ma fille Rama et moi-même rentrions de Hébron vendredi dernier », a raconté Yakoub, 52 ans, dans une salle très éclairée au cœur de Biddya, un village du nord de la Cijsordanie.
« Tout d’un coup, une pierre de trois kilos a traversé le pare-brise et a touché Aisha à la tête. Après avoir parlé aux urgentistes au téléphone, j’ai conduit jusqu’à un centre médical à Hawara, mais le temps que j’arrive, elle était déjà morte. »
Dimanche, Yakoub a reçu patiemment des dizaines de personnes qui venaient lui présenter leurs condoléances pour le décès de sa femme.

Il a notamment reçu le Premier ministre de l’Autorité palestinienne (AP) Rami Hamdallah et le vice-président du Fatah Mahmoud Aloul. Ils se sont assis autour d’un café et des dattes, comme c’est la coutume dans les maisons des endeuillés palestiniens.
Les femmes ont été reçues au domicile de Yakoub et Aisha.
L’accident s’est produit sur la Route 60, dans une artère nord-sud utilisée par les Israéliens et les Palestiniens, qui traverse la Cisjordanie, au sud du carrefour Tapuah, une zone connue pour abriter de nombreux extrémistes de droite. Des résidents d’implantations sont soupçonnés d’être à l’origine de cette attaque mais les autorités n’ont pas diffusé les résultats de leur enquête et aucune arrestation n’a été annoncée.
Les services de sécurité du Shin Bet ont confirmé samedi qu’avec l’unité de crimes nationalistes de la police du district de Judée et Samarie, ils avaient ouvert une enquête, qui devrait rester sous embargo jusqu’à mardi.
Yakoub, qui parle hébreu et travaille dans le bâtiment en Israël depuis le début des années 80, a déclaré qu’il n’avait aucun doute que des résidents d’implantations ont jeté la pierre qui a tué sa femme.
« La pierre est arrivée d’une zone surélevée du côté droit de la rue près de l’implantation, ce qui n’est à proximité d’aucun village palestinien’, a-t-il dit, en référence à l’implantation de Rehelim, au sud du carrefour Tapuah.
« Peu après le jet, j’ai entendu quelqu’un dire deux mots avec un accent hébreu, mais je n’ai pas réussi à comprendre ce qui était dit. Je suis sur que des résidents d’implantations l’ont tuée. »

Yakoub a raconté qu’il est retourné sur les lieux de l’accident avec les responsables du renseignement israélien vendredi soir, et leur a reconstitué les événements.
Un porte-parole du conseil régional de Samarie n’a pas souhaité commenté l’accusation de Yakoub sur les résidents palestiniens.
Yakoub espère que les autorités israéliennes prendront les mesures nécessaires pour que « justice » soit rendue.
Interrogé sur ce qu’il entendait par « justice », il a déclaré qu’Israël doit « arrêter ceux qui jettent des pierres et les mettre en prison » avant d’ajouter : « il est important que cela se passe pour que d’autres sachent quel est le prix à payer ».
Dimanche, le président de l’AP Mahmoud Abbas a présenté ses condoléances à Yakoub par téléphone et a déclaré qu’il était inacceptable que ce qui est arrivé à Aisha reste « impuni », selon le site officiel de l’AP.
Abbas a également déclaré qu’Aisha était « le martyr des martyrs de notre peuple, qui ont sacrifié leur sang pour notre terre », poursuit le rapport de Wafa.
Yakoub a également déclaré qu’il avait reçu de nombreux appels de la part de ses collègues juifs ces derniers jours.

Rama, la fille de Yakoub et d’Aisha, âgée de huit, assise sur la banquette arrière au moment de l’incident, a des difficultés à surmonter la mort de sa mère, a déclaré Mutasem, un membre de la famille.
« J’étais avec Rama aujourd’hui sur la tombe de sa mère », a-t-il dit. « Elle était assise et disait ‘je veux ma mère’. Elle est dans un état psychologique grave. »
Yakoub a également déclaré qu’il ne savait pas comment prendre soin de ses enfants, âgés de 8 à 28 ans.
« Aisha a toujours pris soin de nos enfants quand je partais travailler », a-t-il dit. « Je ne sais pas qui va prendre soin de nos enfants maintenant, particulièrement les plus petits. »
Samedi, des milliers de personnes ont assisté aux funérailles d’Aisha, à Biddya. Elle était enveloppée d’un drapeau palestinien.
Alors que le cortège traversait le centre-ville, les participants scandaient « il n’y a pas d’autre dieu que Dieu. Le martyr est l’aimé de Dieu ».
Dimanche, le centre de Biddya, dont de nombreux résidents travaillent en Israël, et le parc industriel de Barkan situé non loin de la ville-implantation d’Ariel étaient relativement calmes. (Lundi, un Palestinien de Biddya a tenté de poignarder un soldat et a été tué, selon l’armée.)

Muhammed, qui possède un magasin, a dit espérer qu’Aisha ne soit pas morte en vain.
« Ces derniers temps, il y a des morts et des destructions chaque semaine », a-t-il dit en hébreu.
« J’espère que les gens ne reprennent pas leurs vies normalement après la mort d’Aisha, mais qu’ils réalisent que trop, c’est trop. La violence doit cesser. »
Jacob Magid a contribué à cet article.
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