Israël en guerre - Jour 365

Rechercher

Le Mémorial de la Shoah explore la persécution des gays sous le nazisme

Une grande variété de documents, la plupart jamais présentés en France, est proposée dans cette exposition inédite et visible à partir de ce jeudi

La persécution des homosexuels et lesbiennes a trouvé son paroxysme sous le nazisme mais elle a revêtu de multiples formes en Europe au XXe siècle : une exposition au Mémorial de la Shoah, à Paris, documente une stigmatisation qui a précédé le nazisme et lui a survécu.

Cette exposition, qui ouvre ce jeudi, est dans l’esprit d’autres expositions thématiques dont le Mémorial s’est fait une spécialité, avec nombre de photos et documents d’époque : génocide des Tutsis au Rwanda, discrimination des gens du voyage au XXe siècle, marché de l’art sous l’Occupation, etc.

« Le Mémorial est parmi les premiers à aborder le thème des homosexuels et lesbiennes sous forme d’une exposition », a expliqué son directeur Jacques Fredj, soulignant la vocation de l’institution à éclairer « tous les sujets liés aux stéréotypes ».

À côté de célébrités comme Erika Mann, fille de l’écrivain Thomas Mann, l’exposition retrace des parcours d’inconnu(e)s. Frappante est l’extrême diversité : certains revendiquent leur homosexualité, mais beaucoup mènent une double vie.

Rapport de police sur l’Hôtel de Marigny, lieu de rencontres homosexuelles que fréquentait Marcel Proust à Paris, lettre de dénonciation d’un couple d’hommes qui « vit comme mari et femme » dans leur immeuble en Allemagne sous le régime nazi… Les documents de différents pays restituent l’ambiance glaçante en Europe dans la première moitié du XXe siècle.

Le paragraphe 175

Avant 1933, Allemagne, Autriche, Angleterre punissent ces relations plus sévèrement que la France ou l’Italie. C’est pourtant d’Allemagne que part le premier mouvement pour défendre l’homosexualité. Dès 1897, est publié l’ouvrage Le troisième sexe de Magnus Hirschfeld, qui compte 19 éditions et est vendu à 50 000 exemplaires. Berlin mais aussi Paris laissent s’exprimer une culture homosexuelle.

« Nous avons investi un espace géographique et temporel plus large que l’Allemagne nazie » et étendu le champ d’études aux lesbiennes ‘invisibilisées’. Nous avons retenu autant d’itinéraires d’hommes que de femmes », souligne la commissaire Florence Tamagne, spécialiste de l’histoire de l’homosexualité, qui revendique une approche « mémorielle » et « scientifique ».

Le régime nazi n’avait pas de plan défini d’extermination des homosexuels – à la différence de ce qui a été mis en œuvre pour les Juifs. Des dirigeants, tels Ernst Röhm, fondateur de la milice SA et assassiné en 1934, étaient homosexuels. Un « homo-érotisme » exaltait la force et l’amitié viriles dans la littérature et l’art (Arno Breker, Leni Riefenstahl…).

Mais ils étaient persécutés, en vertu du paragraphe 175 du code pénal allemand de 1871, durci en 1935 : certains sont condamnés à des peines de prison, une partie sont déportés. Ces porteurs du « triangle rose » sont souvent isolés dans les camps, vus avec hostilité par les autres détenus.

Après 1945

Une minorité est relâchée. D’autres sont placés dans les hôpitaux psychiatriques, ils sont castrés ou euthanasiés. Ceux qui sont jugés « guéris » sont envoyés dans la Wehrmacht. Les tribunaux militaires en condamnent à mort ou les envoient à la boucherie sur le front russe.

Sur près de 100 000 homosexuels allemands fichés par le régime, entre 5 000 et 15 000 sont envoyés dans les camps, où la plupart meurent. Certains sont déportés parce que Juifs ou communistes.

Les lesbiennes ne sont pas poursuivies en Allemagne – le paragraphe 175 ne s’applique pas aux lesbiennes – mais elles doivent vivre leur identité sexuelle de manière cachée. Elles sont quelques unes à contracter un mariage blanc pour mener une double vie.

En Autriche, certaines sont déportées en tant que « asociales ».

La répression de l’homosexualité masculine ne s’arrête à la chute du nazisme. Après 1945, la justice allemande continue de prononcer des condamnations contre les homosexuels – plusieurs milliers au total. Jusqu’en 1994, année de la suppression du paragraphe 175.

La question de « la répression n’est pas derrière nous, comme on le voit aujourd’hui en Hongrie », relève Florence Tamagne.

En savoir plus sur :
S'inscrire ou se connecter
Veuillez utiliser le format suivant : example@domain.com
Se connecter avec
En vous inscrivant, vous acceptez les conditions d'utilisation
S'inscrire pour continuer
Se connecter avec
Se connecter pour continuer
S'inscrire ou se connecter
Se connecter avec
check your email
Consultez vos mails
Nous vous avons envoyé un email à gal@rgbmedia.org.
Il contient un lien qui vous permettra de vous connecter.
image
Inscrivez-vous gratuitement
et continuez votre lecture
L'inscription vous permet également de commenter les articles et nous aide à améliorer votre expérience. Cela ne prend que quelques secondes.
Déjà inscrit ? Entrez votre email pour vous connecter.
Veuillez utiliser le format suivant : example@domain.com
SE CONNECTER AVEC
En vous inscrivant, vous acceptez les conditions d'utilisation. Une fois inscrit, vous recevrez gratuitement notre Une du Jour.
Register to continue
SE CONNECTER AVEC
Log in to continue
Connectez-vous ou inscrivez-vous
SE CONNECTER AVEC
check your email
Consultez vos mails
Nous vous avons envoyé un e-mail à .
Il contient un lien qui vous permettra de vous connecter.