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Le Mémorial du camp d’Auschwitz dénonce la dissolution de Mémorial en Russie

"C'est une tragédie pour la société civile, c'était la seule association qui aidait les gens à connaître le sort de leurs proches" victimes des répressions, a dit un écrivain

Un goulag soviétique, vers 1936. (Crédit : auteur inconnu/domaine public/WikiCommons)
Un goulag soviétique, vers 1936. (Crédit : auteur inconnu/domaine public/WikiCommons)

La Cour suprême russe a ordonné mardi la dissolution de l’ONG Mémorial, pilier de la défense de la lutte contre les répressions dans la Russie contemporaine et gardien de la mémoire des victimes du Goulag, suscitant une vague d’indignation en Occident.

Cette mesure intervient en conclusion d’une année marquée par la répression croissante des personnes, ONG et médias perçus comme des critiques du président Vladimir Poutine, au pouvoir depuis bientôt 22 ans.

Le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, a dénoncé une « persécution » et un « affront » à « la cause des droits humains », alors que le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a évoqué une « terrible perte pour le peuple russe ».

Le ministère allemand des Affaires étrangères a jugé cette décision « plus qu’incompréhensible ».

Le ministère des Affaires étrangères allemand Heiko Maas à Auschwitz le 20 août 2018. (Crédit : AFP/ JANEK SKARZYNSKI)

Le Conseil de l’Europe a déploré une « nouvelle dévastatrice pour la société civile ».

« Un pouvoir qui a peur de la mémoire n’atteindra jamais de maturité démocratique », a souligné sur Twitter le Mémorial du camp d’extermination nazi d’Auschwitz, tandis que l’ONG Amnesty International a dénoncé une « insulte » à la mémoire des victimes des camps soviétiques.

A la demande du Parquet, la Cour suprême a ordonné de dissoudre « Mémorial International, ses antennes régionales et autres composantes ».

En cause, le non-respect d’obligations découlant de son statut d’ « agent de l’étranger ». Ce label, qui rappelle celui d’ « ennemi du peuple » de l’URSS stalinienne, désigne des organisations considérées comme agissant contre les intérêts russes et recevant des fonds étrangers.

« C’est une décision malfaisante, injuste et très nuisible pour notre pays », a réagi l’avocate de la Défense, Maria Eïsmont.

Le verdict a été accueilli par des cris « Honte ! » dans la salle d’audience.

Mémorial International a promis de trouver des « moyens légaux » pour poursuivre ses activités.

« Besoin de connaître la vérité »

« Mémorial, c’est un besoin des citoyens de Russie de connaître la vérité sur son passé tragique, sur le sort de plusieurs millions de personnes. Et personne ne pourra +liquider+ ce besoin », a assuré l’ONG.

L’une de ses juristes, Tatiana Glouchkova, a précisé à l’AFP que l’ONG allait préparer un pourvoi devant le collège d’appel de la Cour suprême.

« C’est une tragédie pour la société civile, c’était la seule association qui aidait les gens à connaître le sort de leurs proches » victimes des répressions, a dit Léonid Bakhnov, un écrivain de 73 ans.

Mémorial, dont le rôle et la rigueur sont reconnus en Occident, enquête depuis plus de trente ans sur les purges soviétiques et recense les répressions contemporaines, notamment celles du régime de M. Poutine.

Début novembre, le Parquet a demandé sa dissolution, l’accusant d’avoir enfreint « systématiquement » les obligations administratives liées à son statut d' »agent de l’étranger ».

Devant la cour, mardi, le procureur Alexeï Jafiarov a accusé l’ONG de « créer une image mensongère de l’URSS en tant qu’Etat terroriste », de « salir la mémoire » de la Seconde Guerre mondiale et de chercher à « réhabiliter des criminels nazis ».

Dans un autre dossier, le Parquet exige la dissolution de son Centre de défense des droits humains, accusé d’apologie « du terrorisme et de l’extrémisme », en plus de violations de la loi sur les « agents de l’étranger ».

Année de répression

Mémorial est l’une des dernières victimes de la longue liste d’ONG, d’opposants et de médias tombés sous le coup de poursuites ces derniers mois.

Alexei Navalny, leader de l’opposition russe, pendant une manifestation à Moscou, le 14 mai 2017. (Crédit : Ivan Vodopyanov/AFP)

En début d’année, les autorités ont incarcéré pour deux ans et demi l’opposant numéro un du Kremlin, Alexeï Navalny, après qu’il eut survécu à un empoisonnement, puis interdit en juin son organisation pour « extrémisme ». Plusieurs de ses partisans ont encore été arrêtés mardi.

Des dizaines de personnes, des ONG défendant les droits humains ou des minorités sexuelles, et des médias indépendants ont été reconnus « agents de l’étranger » ou accusés d’extrémisme.

Les ennuis de Mémorial illustrent l’affrontement entre deux visions de l’histoire russe, trente ans après la dislocation de l’Union soviétique, qualifiée par Vladimir Poutine de « plus grande catastrophe géopolitique » du XXe siècle.

Fondée au crépuscule de l’URSS par des dissidents, dont le prix Nobel de la paix Andreï Sakharov, Mémorial avait pour mission de mettre en lumière les millions de victimes des crimes soviétiques.

Pour ses défenseurs, elle subit désormais la promotion de plus en plus accentuée par le Kremlin d’une vision de l’Histoire glorifiant la puissance de l’URSS et minimisant les dérives du stalinisme.

Le président russe Vladimir Poutine lors de sa conférence de presse annuelle à Moscou, en Russie, le 23 décembre 2021. (Crédit : AP/Alexander Zemlianichenko)

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