Le ministère des Affaires étrangères nie avoir cessé sa diplomatie publique
Un officiel du ministère avait pourtant déclaré que ce travail avait été stoppé par manque de fonds ; l'institution a indiqué que 100 millions de shekels ont été alloués aux efforts visant à expliquer la guerre contre le Hamas
Le ministère des Affaires étrangères a démenti mardi les propos tenus par l’un de ses responsables qui avait annoncé que le travail de diplomatie publique avait cessé par manque de fonds – dans un contexte d’inquiétudes portant sur cette absence de financement alors même que ces services sont plus nécessaires que jamais dans le cadre de la guerre qui oppose actuellement l’État juif et le groupe terroriste du Hamas.
Le ministère a souligné que le Trésor avait transféré la somme de cent millions de shekels pour financer ces activités de diplomatie dans la journée de lundi – permettant au ministère des Affaires étrangères « de mener toutes les tâches qui sont les siennes concernant la guerre, notamment son travail d’explication et de réaffirmation de la légitimité [du conflit].
Une déclaration qui est survenue dans le sillage de propos tenus par le directeur-général adjoint de la diplomatie publique, Emmanuel Nahshon, qui avait informé la sous-commission des Affaires étrangères et de la Diplomatie publique, à la Knesset, que toutes les initiatives entrant dans le cadre de la hasbara [ les stratégies de communication de l’État d’Israël à destination de l’étranger] avaient été suspendues en raison d’un financement à hauteur de 10 % de ce que représentent les investissements du gouvernement dans le tourisme.
Le chef de la Commission, le député Zeev Elkin du parti HaMahane HaMamlahti, avait fait alors fait part de sa frustration, recommandant vivement le transfert d’un montant de 200 000 shekels au ministère.
« Si cette discussion devait donner lieu à un gros titre, ce serait le suivant : L’État d’Israël a décidé au moment le plus critique, en période de guerre, des suspendre les activités du ministère des Affaires étrangères », avait-il commenté.
« La Hasbara est une ligne de front en elle-même. Je ne crois pas qu’il n’y ait pas de solution. C’est comme si on disait à l’armée de ne pas tirer de munitions parce que cela coûte trop cher », avait-il ajouté.
Un document interne du ministère des Affaires étrangères, cité par le site d’information Ynet, avait établi que les publications en espagnol, en persan et en russe avaient cessé lundi.
Le document saluait le travail réalisé par le ministère dans ses publications en espagnol, qui comprenait « 1 100 posts et tweets qui ont été vus par plus de 200 millions d’usagers sur les différentes plateformes… dans les six semaines de la guerre ».
« Nous avons été avertis, hier, que le budget alloué à la communication en espagnol est dorénavant épuisé (en plus des communications à l’adresse des populations russophones et persanophones), et les parties qui ont la responsabilité d’apporter leur approbation financière ne sont absolument pas prêtes à débattre d’une possibilité d’augmentation du quota des heures ou de couvrir les paiements des heures de travail qui ont pu être effectuées », disait le document.
Elkin a dit à un responsable du département du budget, au sein du ministère des Finances, qu’il fallait agir vite et résoudre ce problème dans les dix jours.
« Si on examine la gestion de cette campagne, le système ne sera pas opérationnel sans investissement monétaire. Si nous ne gagnons pas cette guerre, il n’y aura plus de tourisme », a-t-il ajouté.
Le leader de l’opposition Yair Lapid, président du parti Yesh Atid, a fait savoir dans un post écrit sur X qu’il y avait plusieurs moyens de résoudre la problématique « qui ne coûteront pas un centime ».
Il a suggéré des entretiens accordés aux médias étrangers ; des conférences de presse à destination des journalistes venus de l’international ; l’utilisation, par le Premier ministre et les autres, de leurs pages sur les réseaux sociaux et un travail de partenariat avec « les influenceurs comme Gal Gadot, Noa Tishby et d’autres ».
Dan Illouz, député du Likud, a pour sa part considéré que cet arrêt apparent des services de diplomatie publique était « dément ».
« Nous sommes dans une guerre ouverte sur de multiples fronts et notamment sur le front de la hasbara, un front qui nous permet de jouir du soutien du monde dans la continuation du combat. Il est inacceptable qu’en temps de guerre, nous suspendions l’un de nos efforts sur ce front », a-t-il écrit sur X, demandant que le ministère des Finances et le ministère des Affaires étrangères trouvent un arrangement financier.
Israël doit affronter la tâche difficile d’expliquer la nécessité de son offensive menée contre le Hamas alors que les images de la situation humanitaire qui ne cesse de se dégrader à Gaza fait les gros titres des médias internationaux.
La guerre contre le Hamas avait éclaté le 7 octobre – ce jour-là, des hommes armés du Hamas avaient enlevé plus de 240 personnes au cours de leur assaut meurtrier dans le sud d’Israël, une attaque qui avait fait plus de 1 200 morts, notamment des civils qui avaient été assassinés dans leurs habitations et des festivaliers prenant part à une rave-party.
En guise de réponse, Israël a déclaré la guerre au Hamas, avec pour objectif d’écarter le groupe terroriste du pouvoir à Gaza – il gouverne l’enclave côtière depuis 2007.
Le ministère de la Santé dirigé par le Hamas a fait savoir mardi que plus de 11 000 personnes avaient perdu la vie à Gaza depuis le début de la guerre – des chiffres qui ne peuvent pas être vérifiés de manière indépendante et qui ne font pas la différence entre les civils et les membres du groupe terroriste, et qui comptent aussi les victimes des roquettes défaillantes qui, lancées vers le territoire israélien, sont retombées dans la bande.
La députée du Likud Galit Distel Atbaryan était ministre de la Diplomatie publique avant de démissionner de son travail cinq jours après le début de la guerre. Elle avait alors explique que son ministère avait été marginalisé et que d’autres agences gouvernementales s’occupaient de rallier le soutien international à l’État juif dans le cadre du conflit.
Distel Atbaryan avait quitté son poste après avoir été dans l’incapacité d’offrir du contenu de communication susceptibles d’offrir une explication significative des événements en cours alors qu’Israël venait de subir la journée la plus meurtrière pour la communauté juive depuis la Shoah et que le pays s’apprêtait à entrer en guerre contre le Hamas.
Le ministère avait fermé ses portes peu après. Son budget a depuis été réaffecté pour aider à reconstruire et à remettre en état les communautés qui se trouvent à proximité de la frontière avec l’enclave côtière.