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Le ministre ‘M&Ms’ Segev, un personnage plus infâme que ridicule

L'ex-politicien était déjà connu pour avoir tenté de faire de la contrebande d'ecstasy en Israël à l'intérieur de boîtes de chocolat

L'ancien ministre de l'Energie Gonen Segev, à la Cour suprême de Jérusalem, lors de l'audience d'appel sur sa condamnation, le 18 août 2006. (Crédit : Flash90)
L'ancien ministre de l'Energie Gonen Segev, à la Cour suprême de Jérusalem, lors de l'audience d'appel sur sa condamnation, le 18 août 2006. (Crédit : Flash90)

Jusqu’à lundi, Gonen Segev était une personnalité de triste renommée en Israël – mais aussi aisément tournée en ridicule.

Ambitieux – il avait été officier dans l’armée israélienne et médecin avant de devenir un membre très jeune de la Knesset, à l’âge de 35 ans – il avait occupé un poste ministériel au milieu des années 1990. Puis il avait connu une chute spectaculaire : Segev avait été rattrapé en 2004 alors qu’il tentait de faire entrer, depuis les Pays-Bas, 32 000 tablettes d’ecstasy (MDMA) en Israël, cachées dans des boîtes de chocolat. Sa défense, à ce moment-là, avait été qu’il croyait qu’il s’agissait de M&Ms et il avait clamé qu’il lui avait été demandé de les rapporter en cadeau à un ami.

Un argumentaire qui n’avait de toute évidence pas suffi à convaincre les tribunaux qui l’avaient condamné pour trafic de drogues, faux et fraude. Emprisonné pendant cinq ans, il avait été libéré en 2007 avec une réduction d’un tiers de sa peine pour bonne conduite.

Privé de son autorisation de pratiquer la médecine, Segev avait quitté le pays et, ces dernières années, il s’était installé comme médecin au Nigeria. Il soignait le personnel israélien de l’ambassade du pays et des membres de la communauté juive locale, a indiqué la chaîne Hadashot.

Jusqu’à ce que les services de sécurité du Shin Bet révèlent, lundi, qu’il aurait également été un espion à la solde de l’Iran.

La prestation de serment de Gonen Segev à la Knesset, en 1993, à l’âge de 35 ans (Capture d’écran : Hadashot)

Inculpé pour intelligence avec l’ennemi en période de guerre, pour espionnage et pour un certain nombre d’autres crimes associés, Segev, le ministre des « M&Ms », est soudainement devenu une personnalité de notoriété majeure, cessant d’être simplement ridicule.

Les récits d’Israéliens ayant espionné les ennemis du pays sont légion. Les récits d’Israéliens qui ont mené des missions d’espionnage au service de pays ennemis sont plus rares, mais ils ne sont pas sans précédent.

Il y a eu de hautes personnalités, en Israël, qui avaient accès aux informations sensibles et dont il s’est avéré qu’elles avaient mené des missions d’espionnage au profit de régimes profondément hostiles àl’Etat juif. Ce fut le cas de feu Marcus Klingberg pour l’Union soviétique. Dans le pays, des membres de la Knesset ont également été accusés de travailler pour les ennemis d’Israël : Par exemple, Azmi Bishara pour le Hezbollah.

Mais un ancien ministre rémunéré par les Iraniens dont le régime a juré la destruction d’Israël ? Il n’y a pas ici de précédent connu.

Gonen Segev, à gauche, parle avec Yitzhak Rabin, alors Premier ministre, lors d’une conférence de presse (Crédit : Government Press Office)

En tant que politicien à la tête des ministères de l’Energie et des infrastructures nationales, qui avait participé à des réunions du cabinet, Segev avait accès à des informations sensibles. Mais sensibles à quelle point ? Et ces informations, quel était leur niveau de pertinence ?

Un grand nombre des spécificités de ce dossier sont encore interdites de publication, ce qui a laissé cours aux spéculations. Les articles parus dans les médias en hébreu ont prétendu lundi qu’il avait trahi son pays pour des raisons principalement financières. Il a été affirmé qu’il avait frappé à la porte de l’ambassade iranienne au Nigeria pour offrir ses services. Puis on a conclu que toutes les informations qu’il aurait été susceptible de transmettre à ses contacts n’auraient pas été particulièrement sensibles ou actualisées, dans la mesure où de longues années s’étaient écoulées depuis qu’il avait assumé des fonctions ministérielles.

On a aussi spéculé sur le fait que sa défense sera qu’il aura voulu induire en erreur les Iraniens – en espérant revenir dans le pays en héros.

Mais l’étendue actuelle des dégâts qu’il peut avoir causé reste, pour le moment, du domaine de l’inconnu.

Ce qui est clair, c’est l’ampleur de son audace présumée. Il y a deux ans – il travaillait alors déjà depuis quatre ans pour l’Iran à ce moment-là, selon les dates données – il avait demandé, en vain, que le ministère de la Santé lui accorde à nouveau une autorisation de pratiquer la médecine de manière à ce qu’il puisse revenir en Israël et y reprendre sa carrière médicale.

Il avait d’ailleurs accordé une interview à la Deuxième chaîne israélienne à l’époque, dans laquelle il avait déclaré : « J’ai décidé de ne pas revenir en Israël à moins de pouvoir revenir la tête haute en tant que ‘docteur Gonen Segev’ et avec un permis de travail… Et non pas en tant que ‘l’ancien détenu Gonen Segev’. »

L’ancien ministre israélien Gonen Segev interviewé en 2016 au Nigeria (Capture d’écran : Hadashot)

« J’ai purgé ma peine » en prison, avait-il ajouté, disant qu’il avait également passé de longues années en exil. Il est temps qu’Israël, avait-il indiqué, lui permette de clore ce chapitre de son existence. « Ça suffit », avait-il commenté. « Le public n’est-il pas satisfait ? »

A ce moment-là, note la Deuxième chaîne – qui rediffusait les images lundi soir – Segev était supposément « plongé jusqu’au cou » dans ses missions d’espionnage au nom de l’Iran.

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