Israël en guerre - Jour 531

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Le nationaliste Orban qualifie Netanyahu de « patriote »

Le dirigeant hongrois a salué les "excellentes relations", promis une "tolérance zéro face à l'antisémitisme" et affirme que l'antisémitisme en Europe faiblit à l'est

Raphael Ahren est le correspondant diplomatique du Times of Israël

Benjamin Netanyahu, à droite, et son homologue hongrois Viktor Orban durant une conférence de presse conjointe au Bureau du Premier ministre, à Jérusalem, le 19 juillet 2018. (Crédit : Marc Israel Sellem/POOL)
Benjamin Netanyahu, à droite, et son homologue hongrois Viktor Orban durant une conférence de presse conjointe au Bureau du Premier ministre, à Jérusalem, le 19 juillet 2018. (Crédit : Marc Israel Sellem/POOL)

Le Premier ministre hongrois Viktor Orban a prôné jeudi la « tolérance zéro » contre l’antisémitisme jeudi, au début de sa visite officielle en Israël qui a suscité la controverse.

Le dirigeant hongrois et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu ont justifié l’alliance de leurs deux pays par un « socle patriotique » commun, malgré les critiques que soulève ce rapprochement en Israël.

Les « excellents liens » entre Budapest et Jérusalem sont en grande partie les résultats d’une étroite relation entre les deux dirigeants, a souligné Orban.

« Je pense que cela se produit parce que les deux pays ont un dirigeant patriote. Et dans la relation qui nous unit, je vois qu’un patriote hongrois et un patriote juif israélien trouvent toujours des points communs », a-t-il déclaré en hongrois. Ses propos ont été traduits par un interprète.

Le ministre Ofir Akunis, à droite, accueille, Viktor Orban et sa femme Aniko Levai à l’aéroport Ben Gurion, le 18 juillet 2018. (Crédit : ministère des Affaires étrangères)

Orban a ensuite déclaré qu’avec Netanyahu, ils voient « les défis du 21e siècle avec le même esprit et la même perspective ».

La Hongrie et Israël sont tous deux préoccupés par le besoin de garantir une sécurité intérieure et de protéger ses frontières, a-t-il expliqué, en faisant allusion aux politiques migratoires radicales des deux pays.

« Nous nous accordons totalement sur le fait que la sécurité est la chose la plus importante. Toute nation est en droit de défendre ses citoyens. Il est de notre devoir de donner à nos citoyens un sentiment de sécurité », a-t-il dit.

En référence à la position géographique de la Hongrie, Orban a déclaré que son pays avait un problème « avec l’immigration et le terrorisme », affirmant que les terroristes du Moyen-Orient « profitent de l’immigration pour se rendre en Europe ».

« Nous devons lutter contre cela », a-t-il martelé.

« Tolérance zéro face à l’antisémitisme »

La « tolérance zéro face à l’antisémitisme moderne existe dans l’Europe d’aujourd’hui », a assuré Orban, avançant que le phénomène prend de l’ampleur à l’ouest du continent, mais s’affaiblit à l’est.

Deux tiers des Juifs hongrois estiment que l’antisémitisme est un grave problème dans leur pays, selon une nouvelle étude, même si moins de la moitié disent en avoir fait personnellement l’expérience.

L’enquête, menée par les éminents sociologues András Kovács et Ildikó Barna en 2017 au cours d’entretiens individuels auprès de 1 879 adultes juifs, a été rendue publique début juillet lors d’une conférence de presse à Budapest. Elle vient suivre une enquête réalisée en 1999 sur les Juifs hongrois qui avaient été interrogés sur leurs perceptions sur un certain nombre de sujets.

Budapest est prêt à coopérer pleinement avec Israël pour combattre la lutte anti-juive, a-t-il dit, ajoutant que l’agitation anti-Israël était une forme d’antisémitisme.

« La Hongrie a une politique de tolérance zéro envers l’antisémitisme », a insisté M. Orban, avant son entretien avec M. Netanyahu, qui a salué notamment les millions de dollars investis par la Hongrie dans la rénovation de synagogues. « Chaque Juif hongrois est protégé par le gouvernement », a-t-il dit. Son gouvernement est fier que les Juifs « puissent célébrer ouvertement et fièrement leur patrimoine juif et se sentir en sécurité. »

La Hongrie promeut activement la vie juive en rénovant des synagogues, en réparant des cimetières juifs et en investissant dans l’éducation juive, a déclaré Orban.

Netanyahu, qui s’est exprimé avant Orban, a déclaré qu’Israël et la Hongrie « comprennent que la menace de l’islamisme radical est réelle et qu’elle mettre en danger l’Europe, nous et nos voisins arabes ».

M. Netanyahu s’est rapproché des pays du groupe surnommé Visegrad (la Hongrie, la Pologne, la Slovaquie et la République Tchèque), dont les positions nationalistes irritent les autres pays de l’Union européenne.

À lire : Netanyahu rend-il Israël plus sûr en accueillant les nationalistes ?

Ce rapprochement diplomatique s’est notamment traduit en décembre par l’abstention de la Hongrie lors du vote à l’ONU qui a condamné la reconnaissance par les Etats-Unis de Jérusalem comme la capitale d’Israël.

« Vous avez défendu Israël à de nombreuses reprises dans les forums internationaux. Nous vous en sommes reconnaissants », a souligné M. Netanyahu.

M. Orban est arrivé mercredi soir en Israël, où il doit s’entretenir avec le président Reuven Rivlin, se rendre à Yad Vashem, le mémorial de la Shoah à Jérusalem, et rencontrer l’un des deux grands rabbins du pays.

Jeudi soir, Orban sera reçu pour dîner avec le Premier ministre et son épouse Sara, à la résidence officielle de Jérusalem. Vendredi, il se rendra au mur Occidental à Jérusalem-Est.

Contrairement au protocole ordinaire des dirigeants européens en visite dans la région, aucun entretien n’est prévu avec des responsables palestiniens en Cisjordanie.

Seul son Premier ministre adjoint, Zsolt Semjen, visitera l’église de la Nativité à Bethléem, sous contrôle de l’Autorité palestinienne, en Cisjordanie.

Les députés de l’opposition ont fustigé cette visite, condamnant Netanyahu pour sa sympathie à l’égard du chef d’Etat controversé, qui avait rendu hommage à un nazi.

Régent de la Hongrie Miklós Horthy de Nagybánya avec Adolf Hitler, année non précisée (Crédit : Wikimedia Commons)

Yair Lapid, député du parti Yesh Atid, a déploré que Netanyahu n’ait pas condamné Orban, pour les hommages qu’il avait rendus à Miklos Horthy, un dirigeant hongrois allié des nazis.

Horthy « avait collaboré dans le meurtre de masse de centaines de milliers de Juifs hongrois pendant la Shoah, y compris des membres de ma famille », a accusé Lapid. Netanyahu « n’a aucun droit de pardonner le meurtre des victimes de la Shoah. Il n’a aucun droit de rester silencieux face à l’antisémitisme moderne ».

La visite d’Orban fait suite à celle de Netanyahu à Budapest l’an dernier.

« La visite promeut les excellentes relations bilatérales qui se traduisent par le soutien des positions d’Israël dans les instances européennes et internationales, et soulignera l’importance de persévérer dans la lutte contre l’antisémitisme », a indiqué un communiqué du ministère des Affaires étrangères peu avant que l’avion d’Orban ne se pose à l’aéroport Ben Gurion.

Des liens naissants avec la droite dure

Ce voyage est un indicateur frappant des liens naissants entre Netanyahu et le chef d’État hongrois, accusé d’avoir attisé l’antisémitisme dans son pays lors de la campagne lancée contre le milliardaire juif américain d’origine hongroise George Soros, et semble être une tentative de faire pression sur les États-Unis pour mettre fin à l’isolation d’un homme considéré comme le symbole de la droitisation de l’Europe.

Sous Netanyahu, les liens avec Orban se sont resserrés, ce qui a suscité les critiques de la communauté juive locale, en raison des attaques du Premier ministre George Soros et des ses hommages à Horthy.

L’an dernier, Orban avait salué Horthy, leader de guerre et allié des nazis comme « un chef d’Etat exceptionnel ». Horthy était à l’origine des lois anti-juifs, et sous son égide, plus d’un demi-million de Juifs ont été déportés à Auschwitz pendant la Shoah. Puis, Orban a lancé une campagne publicitaire ciblant le milliardaire hongrois George Soros, l’accusant de vouloir inonder le pays de réfugiés.

La veille du voyage, les médias ont annoncé que, sous les ordres de Netanyahu, Israël avait fait pression sur l’administration américaine pour qu’elle « ouvre les portes » au gouvernement d’Orban, qui est tenu à distance en raison de ses positions ultra-nationalistes et l’adhésion du Premier ministre à ce qui a été défini comme une « démocratie peu
libérale ».

L’AFP et l’équipe du Times of Israel ont contribué à cet article.

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