Le niveau du Lac de Tibériade au plus haut depuis 2 ans après l’hiver pluvieux
Le niveau de l'eau devrait franchir la ligne rouge inférieure, selon les autorités qui saluent une "bonne nouvelle". Mais le mal vient de plus loin après cinq ans de sécheresse
Alors que l’hiver pluvieux touche à sa fin, les autorités israéliennes s’attendent à ce que le niveau de l’eau du lac de Tibériade franchisse dans les prochaines semaines la ligne rouge inférieure pour la première fois en deux ans.
Les personnels de l’Autorité de l’eau ont mesuré, dimanche matin, le niveau d’eau de la principale source d’eau douce au sein de l’Etat juif. Il se situe à seulement 23,5 centimètres en dessous de la ligne rouge inférieure, elle-même à 213 mètres en-dessous du niveau de la mer – niveau au-dessous duquel le pompage de l’eau est soumis à des restrictions législatives, a annoncé lundi le quotidien Yedioth Ahronoth.
Selon l’article, le niveau de l’eau s’est élevé de 1,405 mètre pendant l’hiver et il devrait encore augmenter en raison des chutes de pluie prochaines et de la neige présente sur le mont Hermon, qui afflueront dans le lac de Tibériade. Le lac se trouve encore 4,435 mètre en-dessous de son niveau maximal et 1,635 mètre en-dessous de la ligne noire.
La ligne noire est un niveau dangereusement bas susceptible de créer des problèmes écologiques irréversibles, et notamment une augmentation de la salinité de l’eau et une prolifération d’algues qui peuvent entraîner des dégâts permanents à la qualité de l’eau ainsi qu’à la faune et à la flore. L’année dernière, l’Autorité de l’eau a dû pomper 17 000 tonnes de sel dans le lac de Tibériade pour s’assurer que les niveaux bas de l’eau n’entraîneraient pas une eau trop salée.
Les pluies fortes qui se sont abattues en Israël au cours des derniers mois signifient que l’Etat juif a brisé le cycle de sécheresse qui avait frappé le nord du pays pendant cinq ans, mais les difficultés du pays en matière d’eau ne sont pas encore terminées. Pendant l’été, le lac de Tibériade s’évapore d’un centimètre par jour, ce qui implique que le niveau d’eau repassera encore une fois sous la ligne rouge inférieure.
« Cet hiver s’achèvera au-dessus de la ligne rouge », a commenté Pinhas Green, de l’Autorité de Kinneret. « Il y a de larges quantités de neige qui vont venir s’y mélanger et l’hiver n’est pas encore terminé. Nous pouvons présumer que le lac de Tibériade va encore s’élever de plusieurs dizaines de centimètres, ce qui est véritablement une bonne nouvelle. 2018 a été une année très difficile ».
Les hivers passés avaient été moins généreux en pluie. L’été dernier, après cinq ans d’hivers secs, les nappes phréatiques, dans le nord du pays, étaient tombées à leur plus bas niveau depuis au moins 98 ans – depuis que les scientifiques avaient commencé à les mesurer, en 1920.

L’année dernière, le nord d’Israël a vécu l’une de ses pires sécheresses en un siècle, laissant les nappes phréatiques du pays avec un déficit d’environ 2,5 milliards de litres-cubes d’eau en comparaison avec les années où il n’y a pas de pénurie.
Ce déficit est équivalent à un million de piscines olympiques, avec une eau qui s’écoulerait normalement via les ruisseaux et les nappes souterraines vers le lac de Tibériade et autres source hydrauliques.
Le nord d’Israël a pour le moment enregistré un excédent en termes de chute de pluie par rapport aux taux habituellement répertoriés en cette saison. Les intempéries tombées sur la majorité de la région représentent ainsi 130 % des chutes de pluie moyenne qui sont enregistrées en hiver.
L’Autorité de l’eau a averti que si la pluie est la bienvenue, les scientifiques continuent toutefois à s’inquiéter pour l’avenir.
« Nous savons, en raison du changement climatique, que cette région va connaître de moins en moins de pluies – car c’est la tendance observée depuis 30 ans », a dit Uri Schor, porte-parole de l’Autorité de l’eau. « Certaines années, on a un peu plus de pluies, d’autres années moins – mais la tendance globale est qu’il y aura de moins en moins d’eau ».
Pendant l’été, le gouvernement a approuvé un plan d’urgence de 105 millions de shekels contre la sécheresse, qui prévoit le financement de deux usines de désalinisation et un plan qui permettrait d’injecter de l’eau désalinisée dans le lac de Tibériade. Schor note que ces programmes seront essentiels pour garantir que le pays disposera de suffisamment d’eau à l’avenir. Il appelle par ailleurs les Israéliens à faire attention à leur consommation d’eau et à réduire le gaspillage, même quand la pluie se déverse à l’extérieur.
« D’un côté, nous devons arrêter de gaspiller l’eau et de l’autre, nous devons créer de nouvelles solutions », dit-il.
Melanie Lidman a contribué à cet article.