Le noyau dur des nouveaux soldats immigrants prêts à servir
Le vol NBN de cette semaine transportait 108 nouvelles recrues qui ont signé pour deux ans avec le programme Garin-Tzabar
Lundi, le 11 août, les notes de l’hymne national israélien, « Hatikva », se frayent un chemin dans les salles d’embarquement de l’aéroport JFK de la ville de New York.
La mélodie traditionnellement mélancolique est appropriée en cette occasion. En effet, 338 Nord-Américains se préparent à monter à bord d’un avion pour faire leur alyah et immigrer en Israël – laissant derrière eux la vie qu’ils ont toujours connue en Amérique.
Même si c’est le 52ème vol affrété par Nefesh B’nefesh (NBN) pour Israël. Celui-ci semble plus significatif car 108 immigrants vont rejoindre l’armée israélienne en tant que « soldats seuls » dans le cadre du programme Garin-Tzabar en pleine opération militaire israélienne dans la bande Gaza.
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Lorsqu’on observe ces jeunes hommes et jeunes femmes excités à l’aéroport, comparant leurs montres digitales pour savoir laquelle est la plus cool et débattant pour déterminer quel restaurant de houmous est le meilleur à Tel Aviv, il est évident que la séparation est plus dure pour les parents.
Les mères se tenaient debout portant de beaux habits, couvertes de perles, pleurant doucement en tenant leurs enfants dans leurs bras, ajustant avec douceur les kippot sur les têtes de leurs fils. Leurs enfants se tenaient auprès d’elles acquiesçant de la tête avec un air typiquement embarrassé que l’on retrouve chez tous les adolescents.
Pourtant, malgré la peine, les parents expriment verbalement leur fierté de voir leurs enfants prendre la décision courageuse de défendre leur patrie.
A de nombreux égards, c’est l’idée derrière Nefesh B’nefesh (NBN) : en 2001, le cousin adolescent de Rabbi Yeshoshua Fass, cChef du NBN, a été tué lors d’un attentat-suicide. Cette tragédie l’a convaincu de créer une organisation qui permettrait à d’autres de se battre à la place de son cousin.
Savoir que sa fille allait servir une cause noble a permis à Shirly Kaplan-Marvan de laisser partir sa fille Natasha qui a 19 ans. « Bien-sûr que c’est difficile, mais est-ce que nos enfants ont plus de valeur que leurs enfants ? » demande-t-elle, en référence à ceux qui défendent déjà l’Etat au combat. « L’armée représente la force du peuple
juif ».
« Quand je lui en ai parlé pour la première fois, elle a pleuré. ‘Es-tu prêt à mourir pour le pays ?’ », raconte Rothman. « Mais je lui ai répondu, ‘ce n’est pas comme ça. L’armée, elle valorise la vie’ ».
Pour Saul Rothamn, 21 ans, la solidarité en nombre est une valeur qu’il a apprise dans sa maison sioniste où il a aussi appris « ce qui pourrait arriver quand les Juifs sont éparpillés aux quatre coins du monde ». Et pourtant, quand Rothman a annoncé à ses parents qu’il comptait faire son alyah et entrer dans l’armée, sa mère a éclaté en sanglots.
Comme beaucoup d’autres nouveaux immigrants, Rothman a une grande confiance dans les mesures prises par l’armée pour protéger ses soldats du danger (« la culture israélienne est centrée sur la préservation et le don de la vie » explique une de ses amies pour étayer son affirmation. « C’est toujours ‘Lchaim’ par-ci et ‘Lchaim’ par-là »)
Et même si Rothman est conscient du danger, il croit néanmoins que le service militaire va apporter une plus grande signification à sa vie, comparé à ce qu’il faisait avant – étudier à l’université en Oklahoma.
Lorsqu’on interview les dizaines de jeunes qui seront bientôt des soldats, on se rend compte que le discours sous-jacent de leur motivation est similaire.
Comme Rothman, beaucoup sont mus par le désir de ressentir d’avoir un but. D’autres veulent trouver un sentiment d’appartenance à une communauté, le genre de sentiment « de familles » unies que l’on retrouve dans les groupes de jeunes adultes qui travaillent pour atteindre le même but.
Pour beaucoup, le service militaire est le seul moyen qui leur permettra d’avoir ce sentiment. Et d’autres souhaitent sortir de leur existence bien rangée, sans rien qui dépasse, qu’ils connaissent et vivre leur vie de manière plus intense – même si le prix à payer est parfois la tristesse, l’inconfort et même la souffrance.
Comme David Cohen l’explique, « je sais qu’il y aura des moments très durs, je le sais. Mais j’ai vécu une vie privilégiée dans le New Hampshire, je veux donc me battre davantage pour que mes expériences aient plus de poids ».
Etant donné que beaucoup viennent de maison largement sioniste, certains diront qu’ils ont subi « un lavage de cerveau » pour qu’ils rejoignent l’armée.
Un immigrant y répond en comparant l’idéal américain de démocratie au sionisme.
« … Qui peut dire cette idéologie est ‘meilleure’ ou ‘pire’ que l’idéologie sioniste ? J’admets volontiers que les initiatives comme Birthright [organisation qui organise un voyage de 10 jours en Israël pour les jeunes Juifs de 18 à 26 ans] sont des voyages brillamment organisés et je ne suis pas non plus immunisé contre leur ‘propagande’. Mais, en même temps, les idéologies sont tout ce que nous avons pour donner un sens à notre vie et pour aller de l’avant. Si vous n’avez aucune idéologie pour laquelle vous êtes prêts à] mourir, alors pourquoi vivre ? », explique un autre soldat qui préfère ne pas être nommé.
D’autres avaient une approche plus simple et plus logique comme Jared Goldberg, 19 ans. Il a haussé les épaules et m’a répondu : « C’est dur de comprendre une croyance forte en quelque chose quand vous n’en avez pas ».
Le père Joel Burstein est venu accompagner son fils [à l’aéroport]. « Mes enfants ont grandi dans une maison sioniste. Au final, c’est leur choix et ils le font volontairement. Quand vous êtes jeunes, c’est important d’être idéaliste et les décisions que vous prenez à 19 ans ne sont pas les mêmes que vous prendrez à 30 ou 40 ans », explique-t-il.
Burstein s’envolera pour Israël pour voir son autre fils, Ariel, dont l’unité organise une fête pour célébrer le succès de l’opération Bordure protectrice à Gaza. Le sergent [de son fils] a recueilli des donations pour faire venir les pères des trois « soldats seuls » de l’unité pour leur faire une surprise.
Ces initiatives de Nefesh B’nefesh et Garin-Tzabar, une organisation de l’armée qui soutient les « soldats seuls », permettent aux soldats séparés de leurs familles de se sentir à la maison et sont essentielles pour beaucoup d’immigrants qui ont décidé de participer à ce programme (qui exige deux ans de services). L’idée est qu’en rejoignant le « garin » ou un groupe étroitement uni, un soldat ne quitte pas sa famille mais rejoint une plus grande famille : l’Etat d’Israël.
Ce concept, loin d’être abstrait, est constamment mis en pratique. Cela a été prouvé récemment, entre 30 000 à 50 000 Israéliens ont assisté aux funérailles des deux
« soldats seuls » qui ont été tués à Gaza.
Ce sentiment de faire partie d’une même famille s’est fait abondement sentir au moment de la cérémonie d’accueil à l’aéroport Ben-Gurion lors de leur arrivée.
Alors que les « soldats seuls » quittaient l’avion pour fouler le sol israélien, les 108 futurs soldats portaient le même T-shirt couleur olive, ils ont posé pour les dizaines de photographes, ils ont serré la main du président Reuven Rivlin qui est personnellement venu les accueillir à 7h du matin tout de suite après l’atterrissage.
Mais les festivités ne se sont pas arrêtées là. Alors que la navette qui emmenait les jeunes adolescents fatigués de l’avion au terminal, ils ont eu l’air soudainement choqués et une fille s’est écriée : « Qui c’est ?! ».
Une foule de personnes heureuses se tenaient debout en agitant des drapeaux israéliens. Ils les acclamaient, applaudissaient, souriaient et tenaient des pancartes où on pouvait lire « Bienvenus à la maison » en hébreu et en anglais. La chanson
« Shalom Aleicheim » tournait en boucle.
Quand les immigrants sont sortis de la navette, les amis et la famille ont surgi pour les embrasser. Certains portaient des T-shirts customisés avec des inscriptions faisant référence à la culture populaire comme « parce que je suis heureux, applaudissez avec moi si faire votre alyah est ce que vous voulez faire ».
Une femme âgée, en fauteuil roulant, a touché le bras de chacun des nouveaux arrivants tout en leur déclarant : « Félicitations et merci ».
Les immigrants ont traversé la procession, étourdis par ces célébrations, se tenant la poitrine tandis que leurs yeux se remplissaient de larmes. Ils étaient clairement dépassés par ces vagues d’émotion suscitées par des étrangers. Alors que la cérémonie de pré-embarcation était symbolisée par des larmes de tristesse, la cérémonie d’ouverture était marquée par des larmes de joie.
Dans les longs discours qui ont suivi des représentants Nefesh B’Nefesh, du président d’Israël, un message télévisé du Premier ministre Benjamin Netanyahu, les intervenants ont systématiquement souligné à quel point c’était significatif qu’ils aient tous fait leur alyah malgré la guerre en cours, et à quel point il était important de rester unis.
Alors que je récupérais ma valise au terminal avec les autres membres de la presse qui ont pris l’avion avec les immigrants, un des garçons qui allait bientôt devenir un soldat m’a demandé où j’allais séjourner.
Je lui ai répondu honnêtement : « Je ne sais pas. Je n’ai pas vraiment d’amis ici. Je suis seule ».
Il a pris mon sac et m’a invité à rester chez sa grand-mère.
« Vous n’avez toujours pas compris », m’a-t-il répondu en souriant. « En Israël, vous n’êtes jamais seuls ».
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