Le Pen fustige « une dérive du mercenariat » après le ralliement de Collard à Zemmour
"J'en ai conclu que le rôle d'Eric Zemmour est de m'empêcher d'arriver au second tour et non pas d'être au second tour lui-même", a déclaré la chef du RN

La candidate du Rassemblement national (RN) Marine Le Pen a fustigé dimanche « une dérive du mercenariat » après le ralliement de Gilbert Collard et Jérôme Rivière à son rival d’extrême-droite Eric Zemmour, appelant tous les deux à renoncer à leur mandat d’eurodéputés.
« Ce qui me touche, c’est la manière dont c’est fait », a affirmé Mme Le Pen sur France 3, au lendemain de la présentation samedi à Cannes par Eric Zemmour de sa nouvelle recrue du RN, Gilbert Collard, trois jours après l’annonce du ralliement de l’eurodéputé Jérôme Rivière, qui était l’un des porte-paroles de la campagne présidentielle de Marine Le Pen.
« Je trouve que pour des gens qui vous expliquent toute la journée qu’ils vont sauver la France, ne pas être capable de décrocher son téléphone pour dire à la personne qui vous a fait élire, ‘j’ai pris la décision d’aller chez un concurrent’ en pleine campagne présidentielle de surcroît, c’est vraiment déplorable », a-t-elle réagi.
« Le problème c’est qu’on est aujourd’hui dans une dérive de notre société, qui est une dérive un peu du mercenariat », a ajouté la candidate du RN. « Moi, je pense que l’on a quand même des valeurs et je suis attachée à ces valeurs », a-t-elle déclaré.

Mme Le Pen a appelé les deux eurodéputés à renoncer à leur mandat : « La moindre des droitures c’est de rendre leur mandat », a-t-elle expliqué, estimant que les électeurs qui les ont élus ont « voté pour les idées du RN, pas pour les idées d’Eric Zemmour ».
A propos du polémiste d’extrême-droite, la candidate du RN s’est dite convaincue que sa candidature n’a d’autre objectif que de l’empêcher de disputer la présidentielle avec Emmanuel Macron comme en 2017.
« J’en ai conclu que le rôle d’Eric Zemmour est de m’empêcher d’arriver au second tour et non pas d’être au second tour lui-même », a-t-elle déclaré.
L’arrivée de cet avocat médiatique de 73 ans, qui était relativement marginalisé au RN, nourrit le discours du candidat Zemmour sur l’union du « peuple de droite » que, selon lui, il serait le seul à pouvoir réaliser et qui serait la clé d’un pouvoir qui s’est jusqu’à présent refusé à Mme Le Pen.

D’après une enquête, le sortant Emmanuel Macron continue de dominer les intentions de vote.
Il arriverait largement en tête du premier tour avec 25 %, devant Valérie Pécresse (LR) et Marine Le Pen (RN) à égalité à 15,5 %. Au second tour, M. Macron obtiendrait 54% des voix face à Mme Pécresse (46 %), et 57 % contre Mme Le Pen (43 %).
Enfin, pour tous les candidats la semaine qui s’ouvre devrait être celle du coup d’envoi réel de leur quête de parrainages, avec la publication attendue mercredi du décret de convocation des électeurs pour les deux tours des 10 et 24 avril.
A chaque élection présidentielle, la chasse aux 500 signatures d’élus nécessaires pour concourir est ardue pour la majorité des candidats, fortement consommatrice du temps des militants, et parfois indécise jusqu’à la date limite, fixée cette année par le Conseil constitutionnel au 4 mars à 18h00 précises.
Éric Zemmour, Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon ont notamment fait état de leurs difficultés à obtenir leurs parrainages.