Le père d’Itay Chen réclame un échange d’otages « contre des prisonniers ayant du sang sur les mains »
Une ex-otage a pour sa part interpellé le gouvernement, en affirmant que l'armée seule ne suffirait pas à libérer les otages et qu'un nouvel accord s'imposait, lors d'une conférence de presse des proches d'otages
Les familles des otages et ceux qui les soutiennent ont donné samedi soir une conférence de presse à Tel-Aviv, pour demander au gouvernement de conclure un nouvel accord de libération de leurs proches, suite à la mort de trois otages tués par erreur par les soldats à Gaza.
« C’est urgent », a déclaré Raz Ben Ami, libérée par le Hamas il y a de cela maintenant plus de deux semaines dans le cadre d’un accord assorti d’une trêve.
Le mari de Ben Ami, Ohad, est lui toujours otage. « Tant qu’il ne sera pas là, je continuerai », a-t-elle assuré.
Ben Ami a dit avoir mis en garde les membres du gouvernement sur le fait que l’offensive terrestre à Gaza menaçait la vie des otages.
« Hélas, nous avions raison », a-t-elle dit, « ce n’est pas une opération militaire seule qui sauvera les otages. »
« Vous avez promis de les ramener vivants, alors qu’attendez-vous ? », a-t-elle conclu.
Depuis la Place des Otages de Tel-Aviv, un sablier à la main, Ruby Chen a dit que s’il le pouvait, il prendrait dans ses bras les soldats qui ont accidentellement tué trois otages dans la bande de Gaza.
Le fils de Chen, Itay, est otage du Hamas. C’est en qualité de porte-parole de quatre familles que Ruby s’est adressé aux centaines de personnes rassemblées sur la place.
La mort accidentelle des otages a provoqué une nouvelle vague d’émotion en Israël, notamment de la part de nombreuses personnes qui sont en faveur d’un deuxième accord avec le Hamas pour organiser la libération des otages.
« Nous n’avons pas le temps, c’est la raison pour laquelle j’arpente les routes avec ce sablier, ici et aux États-Unis », a dit Chen, qui a la double nationalité israélienne et américaine.
« On a l’impression d’une roulette russe : qui sera le prochain à apprendre la mort d’un être aimé ? Nous voulons savoir quelle proposition est sur la table du gouvernement », a déclaré Ruby Chen, père d’Itay Chen, un otage de 19 ans.
Il a fait deux demandes : « Que le gouvernement israélien accepte de nous rencontrer aujourd’hui même, et qu’il nous dise quelle offre est sur la table. » Selon lui, le gouvernement fait tout pour ne pas être en présence des familles des otages. « Il faut libérer des terroristes qui ont du sang sur les mains pour récupérer les otages. Ou alors c’est dans un sac que mon fils reviendra », a-t-il dit.
« Il est plus facile de rencontrer le président américain Joe Biden que d’être reçu par le cabinet de guerre », a ajouté Chen.
Ce n’est pas aux soldats qui ont tué les otages qu’il faut reprocher l’incident, mais bien à ceux qui les ont envoyés là-bas, a dit Dany Elgarat, dont le frère Yitzhak est otage du Hamas.
Elgarat a menacé de « camper » devant les quartiers généraux de l’armée de la Kirya jusqu’à ce qu’il y ait « un projet d’échange israélien avec le Hamas ».
« Nous ne récupérons que des corps. Nous voulons que vous arrêtiez les combats et commenciez les négociations », a déclaré Noam Perry, la fille d’un Israélien otage à Gaza.
« L’armée sioniste connaît très bien nos conditions pour libérer (les otages), aucun d’entre eux ne sera libéré si nos conditions ne sont pas acceptées », a déclaré le porte-parole de la branche armée du Hamas, les brigades Ezzedine al-Qassam, Abou Obeida.
Le mouvement terroriste islamiste palestinien a diffusé une vidéo dans laquelle on voit des images de certains otages et des bombardements sur Gaza et qui se termine par le message, en hébreu, arabe et anglais : « Le temps presse ».
Plusieurs médias affirment qu’après ce fiasco pour l’armée, les autorités israéliennes reprennent le chemin des négociations.
Le site d’information américain Axios affirme que David Barnea, le chef du Mossad, les services secrets extérieurs israéliens, doit rencontrer ce week-end le Premier ministre qatari, Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani, en Europe pour discuter d’une seconde trêve en vue de la libération d’otages.
Samedi, le site du quotidien israélien Haaretz va plus loin et affirme, citant une source politique israélienne, que la rencontre a eu lieu, sans plus de détails.
Fin novembre, un cessez-le-feu d’une semaine avait permis une pause dans les combats ainsi que la libération d’une centaine d’otages détenus par le Hamas et de 240 prisonniers palestiniens écroués par Israël pour atteinte à la sécurité.