Le plan de l’État pour la restauration d’une synagogue de Jérusalem alimente la crainte d’un contrôle des Haredim
Des factions ultra-orthodoxes et HaTzionout HaDatit s'affrontent sur la gestion de Tiferet Yisrael ; les critiques craignent que le site ne soit fermé au public et n'exclue les prières pour Tsahal et l'État

Le gouvernement a approuvé mercredi une proposition controversée visant à confier la gestion de la célèbre synagogue Tiferet Yisrael, dans la Vieille Ville de Jérusalem, à la Société pour la reconstruction et le développement du quartier juif et à la Fondation du patrimoine du Mur occidental.
Ce vote a provoqué des tensions au sein de la coalition, opposant les Haredim et les membres religieux du mouvement sur le caractère du site restauré. Le plan approuvé a été décrit par certains, notamment par les habitants de la Vieille Ville, comme une véritable prise de contrôle du site par les ultra-orthodoxes.
Tiferet Yisrael a été détruite par l’armée jordanienne pendant la guerre d’indépendance d’Israël, en 1948. Pendant des décennies, ses ruines sont restées intactes au cœur du quartier juif, jusqu’à l’annonce en 2012 de sa restauration. Les travaux devraient se terminer dans les mois à venir, peut-être avant la fête juive de Sukkot, en octobre.
Le plan de gestion a été proposé par le ministre des Affaires de Jérusalem et du patrimoine juif, Meir Porush, du parti ultra-orthodoxe Yahadout HaTorah. Dans un communiqué, Porush a décrit la gestion conjointe par la Société et la Fondation comme « le modèle approprié » pour la synagogue.
La société joue le rôle de bras exécutif du gouvernement, gérant des propriétés dans le quartier juif. La Fondation, une organisation haredi à but non lucratif affiliée au gouvernement, est chargée de la gestion du Mur occidental.
Le gouvernement devait approuver la proposition en mai, mais le Premier ministre Benjamin Netanyahu a reporté le vote au vu des désaccords entre Porush et les ministres des partis nationalistes HaTzionout HaDatit et Otzma Yehudit, opposés au contrôle du site par les ultra-orthodoxes.

Les tensions autour de ce projet existent depuis des années.
Les deux organismes sont déjà en charge d’une autre synagogue historique dans la Vieille Ville, la synagogue Hurva, également détruite en 1948 et reconsacrée en 2010.
Les synagogues Hurva et Tiferet Yisrael devaient toutes deux être restaurées au profit du grand public.
Selon des informations de Ynet, en octobre 2016, la Société pour le développement du quartier juif a lancé un appel public à propositions pour la reconstruction de la synagogue Tiferet Yisrael. À l’instar de ce que contenait le projet pour Hurva, cet appel précisait que la synagogue servirait principalement de centre touristique, de lieu d’accueil pour les soldats de Tsahal et les étudiants, ainsi que de synagogue nationale affiliée à l’État.

La synagogue Hurva, cependant, est actuellement dirigée par le rabbin Eliyahu Zilberman, chef de la yeshiva et de la communauté ultra-orthodoxes Aderet Eliyahu. Si le site est ouvert au public moyennant l’acquisition d’un billet d’entrée (22 shekels), il ne fonctionne pas comme un centre communautaire, et ne permet pas d’activités pour les soldats.
Beaucoup, notamment de nombreux habitants non haredi du quartier juif, craignent que Tiferet Yisrael ne connaisse un sort similaire.
« J’ai grandi dans le quartier juif de Jérusalem, près des ruines de la synagogue historique Tiferet Yisrael. Aucun mot ne peut décrire l’émotion que j’ai ressentie lorsque je suis entré pour la première fois dans la synagogue après sa restauration », a publié le ministre du Néguev, de Galilée et de la Résilience nationale Yitzhak Wasserlauf (Otzma Yehudit) sur le réseau social X le 10 mai.

« Aujourd’hui, certains voudraient transférer la gestion de la synagogue à des entités susceptibles d’annuler la prière pour le salut l’État et la prière pour le salut des soldats de Tsahal », a-t-il ajouté. « Je ne permettrai pas que cela se produise. Le président de mon parti, le ministre Itamar Ben Gvir, ne le permettra pas non plus, ni aucun membre de la faction Otzma Yehudit. »
Les communautés ultra-orthodoxes, même lorsqu’elles ne font pas preuve d’un anti-sionisme agressif, n’attribuent pas de signification religieuse à l’État moderne d’Israël et, par conséquent, n’incluent pas ces prières dans leurs services, contrairement aux synagogues sionistes religieuses ou orthodoxes modernes en Israël, et souvent dans le reste du monde.
Selon Ynet, le vote de mercredi a été précédé d’un débat houleux. Itamar Ben Gvir, Orit Strock (HaTzionout HaDatit) et Zeev Elkin (Tikva Hadasha) ont exprimé leur forte opposition au plan. Leurs objections ont été toutefois rejetées par Netanyahu et le ministre de la Justice, Yariv Levin.

Porush a indiqué dans un communiqué que son ministère avait récemment alloué 17 millions de shekels supplémentaires au projet. (Le montant de l’investissement total n’a pas été fourni.)
« La restauration de la synagogue Tiferet Yisrael est un projet d’importance historique, qui touche au cœur tous ceux qui portent Jérusalem en eux », a souligné Porush.
Il a également décrit l’approbation de son plan comme « un nouveau jalon dans notre travail au ministère des Affaires de Jérusalem et du patrimoine juif visant à achever la restauration de la synagogue Tiferet Yisrael et à l’ouvrir au grand public ».