Le Premier ministre tchèque refuse de négocier avec l’extrême droite
Le chef du gouvernement n'a pas expliqué la raison pour laquelle il abandonnait l'idée de discussions avec le SPD
Le mouvement ANO du Premier ministre tchèque Andrej Babis a indiqué jeudi qu’il n’allait pas négocier avec la formation d’extrême droite SPD pour obtenir son soutien pour former un nouveau gouvernement et mettre fin à la crise politique en République tchèque.
En revanche, ANO, qui dispose suite aux élections législatives d’octobre de 78 sièges sur les 200 que compte le Parlement, va reprendre des pourparlers avec les sociaux-démocrates du CSSD.
« Les dirigeants d’ANO ont donné mandat à l’équipe de négociateurs de reprendre les discussions avec le CSSD », a tweeté M. Babis.
« Si ANO veut reprendre les discussions avec le CSSD, nous serons heureux d’entendre leurs idées. Le CSSD est toujours ouvert à des pourparlers sérieux dans l’intérêt de ce pays et de son peuple », a tweeté le chef de cette formation, Jan Hamacek.
Le chef du gouvernement n’a pas expliqué la raison pour laquelle il abandonnait l’idée de discussions avec le SPD.
Mais certains membres de l’ANO avaient exprimé leur opposition à des discussions avec le SPD, un parti ouvertement anti-UE et anti-musulman.
« Le SPD n’est pas une bonne option, cela nuira à l’ANO, cela nuira au pays tout entier », avait déclaré à des journalistes un député de l’ANO, Rostislav Vyzula.
L’analyste politique indépendant Jiri Pehe avait estimé que M. Babis devrait se méfier du « piège d’un cabinet minoritaire » avec l’appui de l’extrême droite du SPD qui « a une très mauvaise réputation ».
« Les médias occidentaux l’appellent un parti néo-nazi et cela serait dévastateur pour la réputation de Babis à l’étranger. Je pense qu’il fera de son mieux pour éviter cette option », avait fait valoir M. Pehe.
Désigné Premier ministre en décembre, M. Babis a formé un cabinet minoritaire comprenant des experts sans étiquette, qui n’a pas obtenu la confiance du Parlement en janvier. Il a formellement démissionné mais reste en place jusqu’à la nomination d’un nouveau gouvernement.
Après l’échec des négociations avec les sociaux-démocrates la semaine dernière, M. Babis avait demandé l’aide du président de gauche Milos Zeman pour sortir de l’impasse. Ce dernier lui avait alors recommandé de négocier avec les communistes et avec le SPD.
Un gouvernement de coalition entre l’ANO et le CSSD devrait néanmoins bénéficier du soutien des communistes pour former une majorité parlementaire.
Les sociaux-démocrates avaient motivé leur refus initial par la mise en examen de M. Babis pour une fraude présumée aux subventions européennes, dans une affaire remontant à 2007-2008. M. Babis rejette ces accusations.