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Le président américain rencontrera finalement le prince héritier saoudien à Ryad

Joe Biden a finalement décidé de se rendre fin juin en Arabie saoudite, un revirement majeur pour le président qui avait pourtant promis de traiter le royaume en "paria"

Sur cette photo du 22 novembre 2020, le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane assiste à un sommet virtuel du G-20 organisé par vidéoconférence, à Riyad, en Arabie saoudite. (Crédit : Bandar Aljaloud/Palais royal saoudien via AP, Fichier)
Sur cette photo du 22 novembre 2020, le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane assiste à un sommet virtuel du G-20 organisé par vidéoconférence, à Riyad, en Arabie saoudite. (Crédit : Bandar Aljaloud/Palais royal saoudien via AP, Fichier)

Joe Biden a finalement décidé de se rendre fin juin en Arabie saoudite afin de rencontrer le prince héritier Mohammed ben Salman, a rapporté la presse américaine jeudi, un revirement majeur pour le président qui avait pourtant promis de traiter le royaume en « paria ».

Les spéculations sur un tel déplacement en juin allaient bon train, mais selon le New York Times, il est désormais acté: le président des Etats-Unis « a décidé d’aller à Ryad ce mois-ci pour rebâtir les relations avec le royaume pétrolier au moment où il cherche à faire baisser les prix de l’essence dans son pays et à isoler la Russie sur la scène internationale ».

Sur place, « il rencontrera le prince héritier Mohammed ben Salmane » surnommé « MBS »- chose que Biden s’était jusqu’à présent refusé – ainsi que d’autres dirigeants de pays arabes dont l’Egypte, la Jordanie, l’Irak et les Emirats arabes unis, a ajouté le quotidien.

Il a précisé que les détails logistiques et le calendrier devaient encore être confirmés, mais que la visite viendrait s’ajouter à un voyage déjà prévu fin juin en Israël, en Allemagne pour le sommet du G7 et en Espagne pour celui de l’Otan.

Le Washington Post a aussi fait état du déplacement en citant des responsables anonymes, soulignant que le « tête-à-tête » avec le puissant prince interviendrait après plusieurs missions « discrètes » dans le riche pays du Golfe de son conseiller pour le Moyen-Orient, Brett McGurk, et de son émissaire pour les affaires énergétiques, Amos Hochstein, qui plaident inlassablement pour une augmentation de la production de brut afin de faire baisser l’inflation.

« Le président est impatient d’avoir l’occasion de dialoguer avec des dirigeants du Moyen-Orient, mais je n’ai rien à annoncer aujourd’hui », s’est bornée à dire jeudi la porte-parole de la Maison Blanche, Karine Jean-Pierre.

Mais si Joe Biden « estime qu’il est dans l’intérêt des Etats-Unis d’échanger avec un dirigeant étranger et qu’un tel engagement peut apporter des résultats, alors il le fera », a déclaré à l’AFP un haut responsable de l’administration Biden sous couvert de l’anonymat, sans confirmer le déplacement.

« Recalibrage »

Avant son élection, Joe Biden avait jugé que l’Arabie saoudite devait être traitée comme un Etat « paria » en raison de l’assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi. Une fois au pouvoir, le démocrate a publié en février 2021 le rapport du renseignement américain accusant « MBS » d’avoir « validé » le meurtre.

Washington avait alors évoqué un « recalibrage » de la relation avec ce partenaire stratégique du Golfe, pour tourner la page de la grande proximité de la présidence de Donald Trump sans aller jusqu’à la rupture. L’entourage de Joe Biden expliquait que le président ne parlerait qu’au roi Salmane et non pas au prince, dirigeant de facto du pays et interlocuteur privilégié de son prédécesseur républicain.

Les Etats-Unis ont aussi affiché leur intention de remettre les droits humains au coeur de leur dialogue avec les dirigeants saoudiens, et multiplié les efforts pour mettre fin à la guerre au Yémen, où Ryad soutient militairement le gouvernement face aux rebelles Houthis.

La décision du déplacement en Arabie saoudite, si elle est confirmée, intervient d’ailleurs au moment où la communauté internationale a arraché le renouvellement de deux mois d’une fragile trêve au Yémen. Joe Biden a salué jeudi le « leadership courageux » des dirigeants saoudiens à cet égard.

Le secrétaire d’État américain Antony Blinken et le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faisal Bin Farhan Al Saud, arrivent pour parler aux journalistes au département d’État à Washington, DC, le jeudi 14 octobre 2021. (Crédit : Jonathan Ernst/Pool via AP)

Elle intervient aussi alors que l’Opep, cartel des pays exportateurs de pétrole mené par Ryad, a décidé jeudi de doper sa production après des mois d’attentisme malgré l’envolée des prix, répondant ainsi aux appels des Occidentaux.

« Sanglante poignée de main »

Jeudi, le responsable américain sous couvert d’anonymat a minimisé l’enjeu des droits humains, affirmant que l’administration Biden s’inquiète de la question en Arabie « comme avec de nombreux pays avec qui nous partageons des intérêts ».

« Il y a aussi des priorités stratégiques auxquelles il est important de répondre, et nos contacts et notre travail diplomatique se sont récemment intensifiés », a-t-il ajouté.

Mais le face-à-face avec « MBS » risque de faire grincer des dents au Congrès américain, jusque dans les rangs démocrates du président où la personnalité sulfureuse du prince héritier est très critiquée.

Le vice-président américain Joe Biden, à droite, présente ses condoléances au roi Salmane Ben Abdel Aziz à l’occasion du décès de son frère, le prince héritier saoudien Sultan ben Abdul-Aziz Al Saoud, au palais Prince Sultan à Riyad, en Arabie Saoudite, le 27 octobre 2011. (Crédit: AP Photo/Hassan Ammar, File)

Des opposants au régime saoudien ont aussi émis des critiques: « MBS a du sang sur les mains. Si Biden lui accorde la rencontre dont il a désespérément besoin, cette sanglante poignée de main enverra un message clair aux tyrans du monde entier: vous pouvez compter sur l’Amérique pour toujours trahir ses valeurs », a fustigé Abdullah Alaoudh, le fils du théologien réformateur emprisonné Salman al-Odah.

Lors d’une rare interview avec un média étranger publiée en mars par la revue The Atlantic, Mohammed ben Salmane avait laissé entendre qu’une dégradation des relations avec l’Arabie risquait de nuire à Joe Biden. « C’est à lui de penser aux intérêts de l’Amérique », avait-il dit.

Prié de dire si le président américain de 79 ans avait mal cerné sa personnalité, le jeune dirigeant saoudien avait lâché: « Cela m’est tout simplement égal ».

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