Le président Sud Africain lie les attaques de Paris au conflit israélo-palestinien
Le terrorisme, où qu’il ait lieu, souligne l’impératif pour une paix au Moyen-Orient, a déclaré Jacob Zuma aux Juifs locaux ; l’ambassadeur d’Israël qualifie sa remarque "d’injuste" et d’une mauvaise compréhension de l’islamisme radical
Raphael Ahren est le correspondant diplomatique du Times of Israël
Le président d’Afrique du Sud, Jacob Zuma, a tiré un lien direct dimanche entre les attaques du 13 novembre de Paris et le conflit israélo-palestinien, affirmant que le terrorisme, où qu’il ait lieu, peut être relié au Moyen-Orient et à l’absence de paix.
« Les attaques organisées à Paris ont apporté une attention particulière sur le problème du terrorisme mondial. Notre continent a été durement frappé par des attaques continues au Nigéria, des attaques sporadiques au Kenya, et cette semaine des attaques au Mali et au Cameroun », a déclaré Zuma aux dirigeants juifs à Johannesburg.
« Toutes ces attaques, où qu’elles aient lieu, mettent en lumière le processus du paix au Moyen Orient, a-t-il déclaré. Il est difficile d’imaginer la paix dans le monde sans obtenir la paix au Moyen-Orient. L’Afrique du Sud continue de contribuer aux tentatives pour obtenir la paix au Moyen-Orient, tout particulièrement avec la question du conflit israélo-palestinien ».
L’ambassadeur d’Israël en Afrique du Sud, Arthur Lenk, a déclaré avoir apprécié la participation de Zuma à la conférence mais critiquait le lien effectué entre le terrorisme global et le conflit au Moyen-Orient.
« Le lien effectué par le président Zuma entre les récentes attaques terroristes en Europe et en Afrique et le conflit au Moyen Orient était à la fois injuste pour la mémoire des victimes de ces attaques et soulignait une mauvaise compréhension des menaces réelles de l’extrémisme aujourd’hui, a déclaré Lenk, qui a assisté au discours, au Times of Israel dimanche soir.
La semaine dernière, Israël a réagi avec virulence lorsque que le ministère des Affaires étrangères de Suède a invoqué la frustration palestinienne tout en discutant du massacre de Paris, revendiqué par le groupe terroriste l’Etat islamique, où 129 personnes ont été tuées.
S’exprimant à la Conférence Nationale Biennale du Conseil des Responsables Juifs d’Afrique du Sud, Zuma a déclaré que son pays a de nombreuses leçons à offrir aux parties impliquées dans le conflit israélo-palestinien.
« Nous avons pu mettre le passé de haine et de colère derrière nous et travailler ensemble pour constuire une nouvelle société. Nous avons une responsabilité d’assurer aux nations qui passent par un conflit que la paix est possible et atteignable », a-t-il déclaré.
Prétoria considère que la clé à la paix au Moyen-Orient est un État palestinien basé sur les frontières de 1967 avec Jérusalem Est comme capitale, « co-existant en paix avec l’Etat d’Israël », a déclaré Zuma.
Le soutien déterminé du gouvernement actuel pour la cause palestinienne « est en aucune manière contre l’existence de l’Etat d’Israël ou la sécurité de la nation israélienne, a ajouté Zuma. Au contraire, nous croyons que la création de l’Etat de Palestine posera une base solide pour une paix durable au Moyen-Orient ».
Les relations entre Jérusalem et Pretoria sont depuis lontemps tendues à cause de critiques dures de l’Afrique du sud les politiques israéliennes et de son soutien pour les Palestiniens. Le mois dernier, le Congrès Africain National (ANC), le parti au pouvoir du pays, a accueilli le dirigeant du bureau politique du Hamas, Khaled MEshaal. Zuma, le président de l’ANC, a rencontré Meshaal et les deux hommes ont échangé des cadeaux.
Le ministère des Affaires étrangères à Jérusalem a exprimé son « choc et son indignation » de l’accueil chalereux réservé au chef terroriste en Afrique du Sud et a convoqué l’assistant de l’ambassadeur du pays en Israël pour un avertissement.
Des diplomates sud africains ont ensuite expliqué que le lien entre l’ANC et le Hamas devrait être vu dans le contexte de « relations de parti à parti » sans confondre avec la politique officielle du gouvernement.
Dans des remarques non incluses dans le transcript officiel de son discours, Zuma a reconnu dimanche, « La venue du Hamas en Afrique du Sud a entraîné certaines préoccupations parmi la communauté juive. La manière dont le Hamas a été reçu a préoccupé la communauté juive. Nous sommes conscients de cela, et c’est noté. Nous sommes aussi conscients du fait que nous n’avons pas communiqué avec la communauté juive auparavant. Mais nous croyons que l’Afrique du Sud à un rôle à jouer et nous sommes dans le processus de créer une interaction plus forte des deux côtés. J’espère que nous travaillerons ensemble, comme nous l’avons fait avant, avec la communauté juive ».
Zuma a également utilisé son discours dimanche soir, auquel participaient les plus importants dirigeants de la communauté juive tout comme le Président du Congrès Juif Mondial Ronald Lauder, pour rendre hommage à la contribution des Juifs sud africains au combat contre le régime de l’apartheid.
« Alors que nous marquons le 21e anniversaire de la liberté et de la démocratie, nous rappelons également le rôle héroïque que nos compatriotes juifs ont joué lors des jours sombres de la lutte et ils continuent à jouer un rôle jusqu’à aujourd’hui, a déclaré Zuma. Ils ont agi en Sud Africains fiers et patriotes qui voulaient voir un terme au racisme et à l’opression raciale dans leur pays ».
Après avoir cité plusieurs Sud Africains juifs qui ont joué des rôles importants dans l’opposition au régime apartheid raciste, Zuma a conclu que la communauté juive du pays a une « place fière dans l’histoire de la lutte sud africaine pour la libération ».
Lenk, l’ambassadeur israélien à Prétoria, a déclaré qu’il était « positif et important » pour Zuma de participer à un événement si central pour la communauté juive locale. « Son message sur les rôles importants des Juifs dans l’histoire de la lutte sud-africaine était remarquable et offre un message d’ouverture important ».