Un juge du tribunal de Jérusalem a statué dimanche que le psychiatre soupçonné d’avoir modifié son avis juridique et jugé que Malka Leifer était inapte à une extradition en Australie sous la pression du vice-ministre de la Santé Yaakov Litzman ne sera pas chargé de la sélection d’un panel clé devant décider du sort de la pédophile en série présumée.
Le psychiatre du tribunal de Jérusalem, Jacob Charnes, devait choisir trois psychiatres chargés de déterminer si Maka Leifer simule un trouble mental pour échapper à l’extradition en Australie, où elle est recherchée pour 74 faits de pédophilie.
Jacob Charnes a changé d’avis trois fois sur le cas de la directrice d’école, dont le dernier en date concernait la nécessité de constituer un nouveau panel psychiatrique pour réévaluer l’état mental de cette dernière.
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La juge Chana Lomp avait fini par accepter sa recommandation lors d’une audience le mois dernier et décider que le Dr Charnes déterminerait la composition du comité médical.
Malka Leifer, au centre, est amenée dans la salle du tribunal de Jérusalem, le 27 février 2018 (Crédit : AP Photo/Mahmoud Illean, File)
Les divers revirements de Jacob Charnes en ont déconcertés plus d’un. On avait appris en avril que la police avait commencé à enquêter pour déterminer s’il avait fait l’objet de pression de la part de Litzman, le vice-ministre de la Santé, pour qu’il change son évaluation médicale et juge Leifer inapte à l’extradition.
En juillet, la police a recommandé d’inculper Litzman pour fraude et abus de confiance. Charnes a été entendu dans cette affaire, mais les autorités n’ont pas recommandé qu’il soit également inculpé.
Dans la mesure où le vice-ministre n’a pas encore été inculpé, les développements concernant Charnes et Litzman sont irrecevables dans le procès Leifer.
A droite : Le vice-ministre de la Santé Yaakov Litzman pendant une conférence de presse après avoir rencontré le président Reuven Rivlin à la résidence du président de Jérusalem, le 15 avril 2019 (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90); A gauche : Photo de Malka Leifer prise par un détective privé alors qu’elle parlait au téléphone, assise sur un banc à Bnei Brak, le 14 décembre 2017. (Capture d’écran/YouTube)
Or, étant impliqué dans l’affaire de corruption, Jacob Charnes a notifié à la cour son intention de renoncer à la sélection du panel psychiatrique.
Mais lors de l’audience de dimanche concernant la composition de ce panel, la juge Chana Lomp a accepté la demande de l’État d’interdire l’intervention du Dr Charnes dans l’affaire Leifer. C’est le psychiatre nommé à la cour de Tel Aviv Uzi Shai qui sera chargé de la constitution du comité.
Il devra le faire d’ici le 23 octobre. Quant au panel, il aura jusqu’au 10 décembre pour faire part de sa recommandation.
C’est le directeur du département des affaires internationales au bureau du procureur de l’État, Yuval Kaplinsky, qui représentait l’État à l’audience.
C’est la première fois depuis des années que Yuval Kaplinsky apparaissait devant la cour dans cette affaire, qui enregistrait sa 60e audience dimanche.
Les sœurs australiennes Nicole Meyer, (à gauche), et Dassi Erlich (à droite) participent à une manifestation le 13 mars 2019 devant le tribunal de Jérusalem lors de l’audience d’extradition de Malka Leifer, une ancienne directrice d’école de filles recherchée pour abus sexuels en Australie.
(Yonatan Sindel/Flash90)
Shana Aaronson responsable de l’organisation Jewish Community Watch, également concernée par l’affaire, a déclaré au média australien Plus61J que la présence de Kaplinsky était la preuve que « l’affaire faisait l’objet d’une plus grande priorité, d’une plus grande pression publique ».
Kaplinksy a indiqué au juge que l’affaire d’extradition, entamée en 2014, avait duré trop longtemps et devait prendre fin. Il a expliqué que si Israël souhaite que d’autres pays lui remettent des prisonniers recherchés, il devait en faire autant dans cette affaire. La défense, à plus d’une occasion, a remercié Kaplinsky lors de l’audience et déclaré que les considérations diplomatiques n’étaient pas pertinentes dans cette affaire et ne devaient influer sur aucune décision.
Aaronson a loué la décision de Lomp de faire remplacer Charnes par le psychiatre du tribunal de Tel Aviv, qu’elle a qualifiée « [d’]étape dans la bonne direction vers la justice, la clarté et l’éthique dans cette affaire »
La semaine dernière, le même tribunal avait ordonné la libération et l’assignation à résidence de Leifer en attendant la décision du panel psychiatrique dans les prochains jours. L’État avait fait appel auprès de la Cour suprême, laquelle a statué le maintien en détention de la prévenue.
En cas de libération, la citoyenne israélienne qui avait trouvé refuge dans l’implantation d’Emmanuel en Cisjordanie sera autorisée à séjourner chez sa sœur à Bnei Brak.
La directrice Malka Leifer (g) avec des élèves de l’école ultra-orthodoxe Adass Israel, dont Nicole Meyer (centre), à Melbourne, en 2003. (Autorisation)
La décision initiale du juge Ram Vinograd de libérer Leifer avait suscité un tollé auprès de la classe politique australienne, l’ambassadeur australien en Israël, plusieurs membres du Parlement et le procureur général australien condamnant la décision et réclamant l’extradition immédiate de la directrice d’école.
L’ambassadeur d’Israël en Australie s’est montré, autant qu’un diplomate puisse le faire, très critique envers la décision d’un tribunal de son propre pays. » « Si les tribunaux israéliens sont indépendants, il existe beaucoup de personnes en Israël, y compris le ministère public, qui trouvent incompréhensibles les récentes décisions juridiques concernant Malka Leifer et travaillent d’arrache-pied pour les annuler », a tweeté Mark Sofer.
Leifer a été recrutée depuis Israël pour travailler à l’école de filles ultra-orthodoxes Adass Israel à Melbourne en 2000. Quand des allégations d’abus sexuel contre elle ont fait surface huit ans plus tard, des membres du conseil scolaire ont acheté à la mère de huit enfants un billet d’avion pour Israël, lui permettant d’éviter d’être inculpée.
Après que les autorités de Melbourne ont porté plainte contre elle, l’Australie a officiellement déposé une demande d’extradition en 2012. Deux ans plus tard, Leifer avait été arrêtée en Israël, mais assignée à résidence peu de temps après.
Les juges l’ont jugée mentalement inapte à une comparution et finalement levé toutes les restrictions à son encontre, concluant qu’elle était trop malade pour même quitter son lit.
Elle a été arrêtée de nouveau en février 2018 à la suite d’une opération d’infiltration policière qui a jeté le doute sur ses affirmations concernant son état mental, et elle se trouve depuis en détention. L’opération a été lancée après que l’organisation Jewish Community Watch a engagé des enquêteurs privés, lesquels avaient placé des caméras cachées à Emmanuel, une implantation Haredi du nord de la Cisjordanie où Leifer habitait, qui montrait la présumée délinquante sexuelle se promenant dans la ville, sans aucune difficulté apparente.
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