Israël en guerre - Jour 375

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Inside Story

Le Qatar, s’estimant maltraité par Israël, n’est pas enclin à aider à la reconstruction à Gaza

Certains, à Jérusalem, cherchent à éloigner Doha ; mais l'avertissement lancé par son Premier ministre pourrait indiquer qu'un nouveau pays, parmi d'autres, ne s'intéresse pas à l'idée de reconstruire la bande - laissant Israël seul pour faire le job

Jacob Magid

Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.

Des enfants palestiniens assis sur une colline à côté de tentes abritant des personnes déplacées, à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 30 mars 2024. (Crédit : Mohammed Abed/AFP)
Des enfants palestiniens assis sur une colline à côté de tentes abritant des personnes déplacées, à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 30 mars 2024. (Crédit : Mohammed Abed/AFP)

Le Premier ministre qatari Mohammed bin Abdulrahman al-Thani a indiqué à David Barnea, le dirigeant du Mossad, que Doha ne souhaitait pas répondre positivement à la demande soumise par Israël – qui souhaite une implication du Qatar dans la reconstruction de Gaza – au vu du traitement qui a été réservé par l’État juif à l’émirat depuis le début de la guerre, ont indiqué deux sources proches du dossier au Times of Israel.

Tandis que certains, au sein de l’establishment de la sécurité, ont exprimé le désir de prendre leurs distances face au Qatar à la fin de la guerre contre le Hamas, la déclaration faite par al-Thani exclut encore un pays de la liste des nations potentiellement désireuses d’aider à reconstruire la bande de Gaza au lendemain du conflit actuel – ce qui laisserait Jérusalem sans partenaire dans cette initiative.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu et d’autres hauts-responsables israéliens avaient mentionné la possibilité d’impliquer les pays arabes dans la redynamisation de la sécurité, des affaires civiles et de l’économie au sein de la bande quand les armes auront été déposées. Mais al-Thani a indiqué à Barnea, au mois de décembre, que le Qatar ne participerait à la reconstruction de Gaza, après la guerre, que si elle devait entrer dans le cadre d’une initiative plus large en vue de la mise en place d’une solution à deux États, selon deux officiels qui se sont exprimés sous couvert d’anonymat.

Ce positionnement est similaire à celui qui a été revendiqué par l’Arabie saoudite, par les Émirats arabes unis, par l’Égypte et par la Jordanie, qui ont déclaré qu’ils ne souhaitaient pas être encore appelés à financer la reconstruction de la bande et qui ont insisté sur le fait que la priorité devait être de créer un horizon politique permettant de mettre un terme définitif au conflit.

Al-Thani a confié à Barnea que l’émirat voulait aussi que le comportement adopté par l’État juif à l’égard du Qatar change de manière significative. Il a souligné à cette occasion plusieurs exemples où, selon Doha, des infrastructures qui avaient été financées par l’émirat ont été prises pour cible par l’armée israélienne – à tort.

Ce qui avait compris un hôpital où les militaires avaient affirmé avoir découvert un tunnel souterrain, et une école située dans le sud de la bande.

Le directeur du Mossad David Barnea, s’exprimant lors du sommet mondial de l’Institut international de lutte contre le terrorisme (ICT), à Herzliya, le 10 septembre 2023. (Crédit : Gil Cohen-Magen/AFP). A droite, le Premier ministre qatari Sheikh Mohammed bin Abdulrahman Al-Thani pendant une conférence de presse conjointe avec le secrétaire d’État américain Antony Blinken à Doha, le 7 janvier 2024. (Crédit : Gil Cohen-Magen, Karim Jaafar/AFP/collage)

Dans les deux cas, al-Thani a noté que l’armée avait fait part de ses regrets et qu’elle avait promis de faire des excuses publiques – ce qu’elle n’a finalement jamais fait. Tsahal n’a pas répondu à notre demande de commentaire sur le sujet.

Al-Thani a aussi évoqué son inquiétude auprès de Barnea suite à des affirmations faites à plusieurs occasions par Netanyahu, ces derniers mois – le chef de gouvernement estimant que le Qatar n’avait pas exercé suffisamment de pressions sur le Hamas dans le cadre des négociations portant sur la libération des otages. Un manque d’engagement présumé que Doha nie avec vigueur.

Le ministre qatari a tenu ces propos pendant un sommet des ministres des Affaires étrangères arabes qui était organisé au mois de décembre à Washington et une fois encore pendant une récente visite effectuée au sein de l’émirat par une délégation de députés Démocrates, selon un diplomate arabe de premier plan et selon un député américain qui étaient présents lors de ces rencontres respectives.

Un porte-parole du Bureau du Premier ministre Benjamin Netanyahu, qui supervise le Mossad, n’a pas donné suite à notre demande de réaction.

Israël entretient depuis longtemps une relation complexe avec le Qatar, qui avait été l’un des premiers pays arabes à tisser des liens commerciaux avec Jérusalem, en 1966. Des liens qui avaient été rompus plus de deux décennies plus tard dans le cadre de la guerre qui avait eu lieu à Gaza en 2009.

Dans les années qui avaient suivi, Israël avait toutefois exhorté l’émirat à donner des centaines de millions de dollars pour financer des projets humanitaires au sein de l’enclave côtière et pour payer les salaires des fonctionnaires de la bande.

Israël avait cherché cette aide qatarie, exprimant son appréciation pour ces dons, dans les années et dans les mois qui avaient mené au massacre commis par le Hamas dans le sud d’Israël, le 7 octobre 2023, ont révélé des documents qui ont été publiés le mois dernier par le Times of Israel.

Les critiques ont averti que les fonds qataris avaient aidé à renforcer le Hamas au détriment de l’Autorité palestinienne, plus modérée, et qu’ils avaient permis à Doha de s’ancrer dans l’enclave en encourageant un groupe islamiste qui s’oppose aux alliés arabes d’Israël.

Des enfants palestiniens assis sur une colline à côté de tentes abritant des personnes déplacées, à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 30 mars 2024. (Crédit : Mohammed Abed/AFP)

L’influence exercée par le Qatar sur le Hamas – qui a ouvert un bureau à Doha, sur la demande des États-Unis – a fait de ce pays du Golfe un médiateur privilégié entre le groupe terroriste et Israël.

Pendant le premier mois de la guerre, le président du Conseil de sécurité nationale, Tzachi Hanegbi, avait ouvertement salué les efforts livrés par l’émirat. Mais alors que les pourparlers portant sur la remise en liberté des 130 otages qui se trouvent encore dans les geôles du Hamas après la trêve qui avait été négociée par le Qatar et qui avait permis à plus de 109 captifs d’être relâchés, au mois de novembre, sont dans l’impasse, les hauts-responsables israéliens ont été déçus.

Nir Barkat, le ministre de l’Économie, a déclaré que le Qatar était « un ennemi » qui « finance le terrorisme dans le monde entier » lors d’un entretien accordé à MSNBC, jeudi.

Répondant au ministre du Likud qui a cherché, depuis le début de la guerre, à critiquer Netanyahu en se plaçant à la droite de sa droite, le ministre des Affaires étrangères qatari Majed al-Ansari a qualifié Barkat « d’autre politicien en Israël en quête de gros titre qui utilise le ‘Qatar-bashing‘ dans le but de renforcer son propre avenir politique ».

« Plutôt que de s’inquiéter de la nécessité de soutenir les initiatives prises en vue de conclure un accord, le ministre Barkat estime qu’il est préférable, pour lui, de consacrer son temps à attaquer les intermédiaires qui travaillent, vingt-quatre heures sur vingt-quatre et sept jours sur sept, à trouver un accord qui permettra aux otages de recouvrer la liberté et qui mettra un terme au bain de sang », a-t-il ajouté.

« Propager des mensonges et des accusations sans fondement sur le pays qui a aidé à obtenir la libération de 109 otages, qui travaille sans relâche de manière à ouvrir la voie à la remise en liberté des autres otages encore à Gaza est une nouvelle démonstration, encore une autre, d’imprudence politique et d’égoïsme », a-t-il déploré.

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