Le russo-israélien Karatsev bat le champion du monde de tennis Djokovic
Karatsev, qui joue pour la Russie mais a grandi dans l'État juif, a éliminé le numéro 1 mondial en demi-finale de l'Open de Serbie

Le russo-israélien Aslan Karatsev a battu samedi le numéro un mondial Novak Djokovic en demi-finale de l’Open de Serbie à Belgrade.
Karatsev (classé 28e) a sauvé 23 des 28 balles de break pour se qualifier pour sa deuxième finale de l’année en s’imposant 7-5, 4-6, 6-4, prenant ainsi une certaine revanche sur sa défaite contre Djokovic dans le dernier carré de l’Open d’Australie en février.
Karatsev est passé de la 114e place mondiale à l’intérieur du top 50 après son improbable parcours en tant que qualifié à l’Open d’Australie ; Djokovic a remporté le tournoi pour une neuvième fois, un record.
« Il faut se donner à 200 % pour battre ce type, c’est comme jouer contre un mur », a déclaré Karatsev.
« C’est assurément [la plus grande victoire de ma carrière]. C’est le numéro 1 mondial », a-t-il ajouté.

« Je suis très content, j’ai tout mis sur le terrain. Le match a été long. Je suis vraiment content de ma performance aujourd’hui. »
Djokovic, champion 2009 et 2011 de l’épreuve qui se joue dans une salle qui porte son nom, a perdu son avantage 3-0 dans le premier set en perdant son service à trois reprises.
Le Serbe a ensuite été mené 4-2 dans le deuxième set, mais il a fait appel à sa capacité de récupération bien connue pour remporter quatre jeux consécutifs et envoyer le match dans un set décisif.
Karatsev, champion de Dubaï, a repoussé huit balles de break dans le troisième set avant de gagner le jeu de service de Djokovic pour mener 4-3 et laisser la tête de série sur le carreau.
Djokovic a sauvé une balle de match à 5-3 pour forcer Karatsev à servir. La troisième tête de série a sauvé deux autres balles de break pour remporter une victoire historique après trois heures et 25 minutes.
Karatsev, qui est la troisième tête de série du tournoi, affrontera la deuxième tête de série Matteo Berrettini, le numéro 10 mondial, en finale dimanche après la victoire de l’Italien sur le numéro 126 mondial du Japon, Taro Daniel.

Après le match, Djokovic a reconnu qu’il devait travailler sur son jeu avant l’Open de France du mois prochain.
Djokovic a salué la « bravoure » de Karatsev et son « excellent jeu dans les moments importants » mais a révélé qu’il avait eu des « vertiges » dans le troisième set.
Âgé de 27 ans, Karatsev est devenu le premier homme à atteindre les demi-finales lors de ses débuts en Grand Chelem dans la catégorie Open, à l’Open d’Australie en février. Il a ensuite remporté son premier titre sur le circuit ATP en battant Lloyd Harris en finale à Dubaï.
Karatsev joue pour la Russie mais a grandi et s’est entraîné en Israël et parle couramment l’hébreu. Il a quitté Israël dans sa jeunesse et, au cours des derniers mois, les dirigeants de l’Association israélienne de tennis ont regretté de ne pas avoir su identifier et développer son talent.
Interviewé à l’Open d’Australie, Karatsev a été interrogé sur son parcours, notamment sur ses racines juives et ses années en Israël.
« Votre famille est juive russe ? » lui a-t-on demandé. « Oui », a-t-il répondu, « mon grand-père du côté de ma mère, oui. »
Karatsev est né à Vladikavkaz, en Russie, mais « j’ai déménagé en Israël quand j’avais trois ans avec ma famille et j’ai commencé à pratiquer là-bas, à Tel Aviv-Jaffa », a-t-il déclaré. « J’ai grandi là-bas, j’y ai pratiqué jusqu’à 12 ans, puis je suis retourné en Russie avec mon père. Je vivais alors à Rostov… J’y ai pratiqué jusqu’à 18 ans, puis j’ai commencé à jouer à Moscou. »

Il s’est ensuite rendu à Halle, en Allemagne, puis à Barcelone, et s’entraîne depuis trois ans avec l’entraîneur Yahor Yatsyk à Minsk, en Biélorussie, a-t-il déclaré.
En tant que jeune joueur enthousiaste en Israël, il a rencontré et joué contre Amir Weintraub, qui allait devenir l’un des meilleurs joueurs de tennis professionnels israéliens (avec un classement mondial maximal de 161), selon le site sportif en hébreu One.
Bien qu’il ait fait preuve d’un potentiel évident, des difficultés financières ont empêché Karatsev d’exploiter son talent naturel, indique le site, et il a fini par retourner en Russie avec son père. Sa mère et sa sœur sont restées en Israël.