Le Shin Bet demande de réévaluer son programme de suivi des téléphones portables
Des milliers d'Israéliens sont entrés en quarantaine ces derniers jours alors que le service de sécurité intérieure relance son initiative de suivi des contacts pour le coronavirus
Le chef du service de sécurité intérieure israélien devait rencontrer de hauts fonctionnaires mercredi pour examiner l’efficacité de son programme controversé de suivi des téléphones portables, qui a envoyé 30 000 Israéliens en quarantaine obligatoire ces derniers jours.
La réunion, qui a été convoquée par le chef du Shin Bet, Nadav Argaman, fait suite à de nombreuses plaintes selon lesquelles le programme de suivi des contacts, qui permet à l’agence de sécurité du Shin Bet d’accéder aux téléphones des porteurs de coronavirus confirmés, est très imprécis.
Des centaines d’Israéliens se sont plaints d’avoir été avertis qu’ils devaient entrer en isolement, alors qu’ils ne se trouvaient pas à proximité des lieux cités dans l’alerte du Shin Bet.
Les appels au ministère de la Santé depuis que le programme a été rétabli par un vote de la Knesset la semaine dernière sont régulièrement restés sans réponse : les fonctionnaires affirment que le service de traitement des appels est débordé. Le ministère semble confirmer avoir du mal à gérer les nombreuses plaintes, affirmant dans une déclaration avoir reçu des milliers d’appels sur sa ligne d’assistance du coronavirus (*5400) depuis que les SMS d’ordre d’isolement ont commencé à être envoyés.
Le ministère a depuis promis d’instaurer une procédure d’appel plus fiable.
Selon le site d’information Ynet, un certain nombre d’Israéliens placés en quarantaine à tort dans le cadre du programme du Shin Bet se préparent à déposer plainte contre le gouvernement.
Argaman aurait exprimé son opposition au renouvellement du programme, suspendu en avril après une décision de la Knesset à la suite d’un arrêt de la Cour suprême selon lequel une violation aussi massive des droits à la vie privée des Israéliens devait être ancrée dans une législation officielle.
Le programme a finalement repris le 1er juillet, au lendemain du début de la deuxième vague de la pandémie de coronavirus.
Le chef du Shin Bet a déclaré au cabinet le mois dernier que les technologies employées par l’agence étaient destinées aux opérations antiterroristes et non à la traque massive de citoyens israéliens.
Selon Haaretz, Argaman a déjà approuvé l’utilisation d’applications comme HaMagen du ministère de la Santé, qui fonctionne en suivant ses utilisateurs via le GPS intégré de leur téléphone, et en corrélant leur historique de localisation (qui est stocké localement sur le téléphone plutôt que partagé avec le gouvernement, afin d’atténuer les problèmes de confidentialité) avec les données épidémiologiques des cas connus de COVID-19.
Le ministre de l’Energie, Yuval Steinitz, a déclaré dimanche qu’il poussait le gouvernement à développer une application de suivi civil pour remplacer la surveillance du Shin Bet. Les Israéliens devront télécharger l’application sur leur téléphone pour avoir accès aux espaces publics, a-t-il dit.
Cependant, des applications comme HaMagen ont connu leurs propres problèmes concernant leur précision, ses responsables ayant déclaré au Times of Israël fin avril qu’elle nécessitait des améliorations significatives.