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Le vétéran de Tsahal qui s’était immolé l’an dernier voulait montrer sa souffrance

Dans un reportage inédit, la Douzième chaîne a suivi Itzik Saidyan durant 8 mois et ravive l’attention sur l'accompagnement des soldats blessés

Itzik Saidyan, ancien combattant de Tsahal qui s’est immolé en signe de protestation contre le traitement par l’armée de son stress post-traumatique, lors d’une interview avec la Douzième chaine. (Crédit : Douzième chaine)
Itzik Saidyan, ancien combattant de Tsahal qui s’est immolé en signe de protestation contre le traitement par l’armée de son stress post-traumatique, lors d’une interview avec la Douzième chaine. (Crédit : Douzième chaine)

Le vétéran de Tsahal qui s’était immolé devant un bureau du ministère de la Défense chargé des soldats blessés, l’an dernier, explique l’avoir fait pour montrer « à quel point [il a] souffert » dans un documentaire inédit, premier grand reportage consacré à Itzik Saidyan depuis son geste désespéré qui a ramené l’attention sur le traitement des soldats blessés.

Le documentaire de la Douzième chaîne, diffusé lundi, suit Saidyan pendant huit mois, entre hospitalisation et rééducation.

Au fil de plusieurs interviews, Saidyan se confie sur son service militaire, le traumatisme subi lors de l’opération Bordure protectrice, à Gaza en 2014, et sa décision de mettre fin à ses jours.

En signe de protestation contre ce qu’il considère comme de la négligence de la part des autorités, Saidyan s’est immolé par le feu en avril 2021, devant les bureaux du Département de rééducation des soldats handicapés de Petah Tikva, après des années passées à se battre pour soigner le stress post-traumatique causé, selon lui, par son service militaire.

Saidyan explique avoir choisi le département de rééducation, qu’il considérait comme la source d’une grande partie de ses souffrances.

« Je voulais qu’ils voient et comprennent à quel point j’avais souffert à cause d’eux, que je préférais mourir plutôt que de continuer à vivre après ce que j’avais vécu avec eux », explique-t-il. Les flammes ont failli le tuer et il a passé des mois en soins intensifs.

Itzik Saidyan, vétéran handicapé de l’armée israélienne. (Crédit : Facebook)

Saidyan décrit de quelle manière il s’est posté devant une caméra de sécurité « pour qu’ils me voient bien » avant de s’immoler par le feu.

Il se souvient de tout, dit-il, y compris le sentiment d’échec lorsque les membres du bureau sont intervenus pour étouffer les flammes.

« Je me suis dit que tout ce que j’avais fait l’avait été en pure perte parce que j’étais toujours en vie », confie-t-il à propos de son sauvetage.

D’autres personnes souffrant de stress post-traumatique ont témoigné que le geste désespéré de Saidyan avait changé leur vie.

« On ne se connaît pas, mais depuis que ta vie a changé, la mienne aussi. Tu m’as sauvé la vie, et celle de beaucoup, beaucoup d’autres. Tu ne mesures pas le bien que tu as fait », confie à Saidyan, alors hospitalisé, Hanania Amos, soldat lui aussi atteint de stress post-traumatique.

Saidyan servait dans la brigade d’infanterie Golani lors de l’opération Bordure protectrice de 2014. Il a participé aux combats à Shejaiya, un quartier de la ville de Gaza qui a connu des affrontements parmi les plus féroces du conflit.

Après son service, Saidyan a souffert de stress post-traumatique et a été reconnu soldat handicapé, mais a eu du mal à obtenir de l’aide de la part du département de rééducation du ministère de la Défense.

Le ministère de la Défense lui a reconnu un handicap de 25 %, en raison de son trouble, alors qu’il avait demandé un taux de 50 %. Le ministère a refusé, affirmant qu’une partie de son état était due à un traumatisme d’enfance, et non à son service.

Saidyan a passé cinq mois dans le coma après s’être immolé et a subi plus de 30 interventions chirurgicales. Il a passé un an dans l’unité des grands brûlés de l’hôpital Sheba, près de Tel Aviv, avant d’être transféré dans l’unité de rééducation où il a continué à bénéficier de soins intensifs.

« Comment ai-je pu m’infliger une chose pareille? Que s’est-il passé pour que j’en arrive là? » questionne Saidyan dans le documentaire. « Qui va m’accepter comme ça, maintenant ? »

Itzik Saidyan, ancien combattant de Tsahal, s’est immolé par le feu devant un bureau du ministère de la Défense, le 12 avril 2021 (Crédit : Capture d’écran Douzième chaîne)

Le documentaire revient également sur la vie du natif de Beer Sheva, depuis sa petite enfance. Saidyan fait partie d’une fratrie de quatre frères et sœurs dont le père est parti quand il était enfant et est décédé une semaine avant sa bar mitzvah.

Lycéen, Saidyan a quitté la maison pour aller vivre avec sa sœur à Jérusalem et a effectué son service comme soldat isolé, dans la mesure où il n’était pas en contact avec sa famille.

La question de la prise en charge des anciens combattants blessés par le ministère de la Défense a fait l’objet d’un examen minutieux dans les semaines qui ont suivi le geste de Saidyan.

Les vétérans et leurs défenseurs dénoncent depuis longtemps à la fois le manque de soins proposés par le ministère à ses anciens combattants et les lourdeurs bureautiques, la complexité des procédures qui rend souvent indispensable le soutien d’avocats coûteux pour s’y retrouver.

Depuis le geste de Saidyan et le tollé qui a suivi, le ministère de la Défense s’est engagé à mettre en œuvre des réformes envisagées de longue date, mais qu’il n’avait jusqu’alors pas eu la volonté politique de mener.

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