L’Egypte à l’AP : nous allons œuvrer à l’ONU contre les implantations
Dans sa première visite en Cisjordanie, le ministre des Affaires étrangères du Caire dit que l'Initiative de paix arabe ne doit pas être changée
Dov Lieber est le correspondant aux Affaires arabes du Times of Israël

Le ministre égyptien des Affaires étrangères Sameh Choukri a dit mercredi soir aux Palestiniens dans une intervention télévisée que son pays s’opposait à toute modification à l’Initiative de paix arabe et utiliserait son pouvoir au sein du Conseil de sécurité de l’ONU pour obliger Israël à arrêter la construction d’implantations.
Il y a quelques semaines, le Premier ministre Benjamin Netanyahu avait déclaré qu’Israël serait intéressé par un projet modifié de l’initiative, laquelle est une proposition de 2002 qui verrait tous les Etats arabes et musulmans établir des relations diplomatiques normales avec Israël après une conclusion réussie du processus de paix avec les Palestiniens.
Netanyahu a rejeté les clauses de l’initiative saoudienne rédigée qui exigent un retrait total d’Israël de tous les territoires conquis durant la Guerre des Six Jours en 1967 et celles qui établissent les termes d’une résolution de la question des réfugiés palestiniens en échange des liens normalisés avec le monde arabe.
Choukri, lors de sa première visite dans les Territoires palestiniens, a déclaré que l’Egypte n’accepterait pas de modifications au plan.
« L’initiative arabe est stable et soutenue par la communauté internationale par le biais de plusieurs organismes à l’Organisation des Nations Unies et d’autres cadres internationaux et est rappelée régulièrement dans les documents et les événements liés au processus de paix », a-t-il dit.

Choukri a aussi souligné que l’initiative a été réaffirmée à plusieurs reprises par la Ligue arabe.
Il a expliqué le soutien de l’initiative par le fait qu’elle traitait de tous les éléments nécessaires à une solution au conflit qui « est conforme à la vision et à la pensée internationales ».
En ce qui concerne les plans pour mettre fin aux implantations israéliennes par le biais de l’ONU, Choukri a déclaré que l’Egypte, « en tant que membre actuel du Conseil de sécurité des Nations unies, est constamment en contact avec l’Autorité palestinienne sur ce que seraient le bon moment et le cadre approprié pour agir au Conseil de sécurité » afin de contraindre Israël à cesser la construction d’implantations.
« Les idées sont actuellement mises au point », a-t-il dit.
Le ministre égyptien des Affaires étrangères s’était rendu à Ramallah pour rencontrer le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas et lui remettre un message du président égyptien Abdel Fattah al-Sissi.

Le message, selon Wafa, l’agence de presse officielle de l’AP, indiquait qu’al-Sissi envoyait un « plein soutien au président et au peuple palestiniens, et que l’Egypte se tiendra aux côtés de ses frères, le peuple palestinien, afin de parvenir à la réalisation de leurs droits légitimes et de créer un Etat avec Jérusalem-Est comme capitale ».
Choukri a souligné que tous les Égyptiens sympathisaient « avec leurs frères palestiniens … et ressentaient que leur destin est uni ».
Il a également réitéré le soutien de l’Egypte à l’initiative de paix française – une nouvelle approche régionale pour un plan de paix – et a déclaré que son pays aidait actuellement la France à préparer une conférence spéciale sur la question palestinienne.
Non content de compter sur l’initiative française, Choukri a affirmé que son pays est en consultation constante avec les États-Unis et qu’il était en pourparlers avec le secrétaire d’État John Kerry pour rechercher d’autres moyens de faire avancer le processus de paix.
L’Egypte snobe le Hamas avec une proposition d’union
Dans ce qui pourrait être considéré comme un coup porté à l’autorité du Hamas dans la bande de Gaza, Choukri a déclaré qu’un gouvernement d’union nationale doit être formé afin de lever le blocus sur l’enclave et de commencer à la reconstruire. Le gouvernement national, a ajouté le ministre égyptien, serait une « autorité légitime » pour fournir des services aux citoyens tant à Gaza qu’en Cisjordanie.
Choukri a souligné que le gouvernement d’union serait pris plus au sérieux dans des négociations par la communauté internationale ainsi que par Israël.
Israël affirme souvent qu’il ne peut pas faire la paix avec les Palestiniens tant que Gaza et la Cisjordanie sont séparés politiquement. Cependant, Jérusalem s’oppose également à la réconciliation entre le Hamas, considéré comme une organisation terroriste, et le Fatah qui est internationalement soutenu.