L’Egypte confirme qu’Israël aide à combattre les djihadistes du Sinaï
Le président égyptien a déclaré que la coopération avec Israël est plus étroite que jamais lors d'une interview à CBS. Le Caire a demandé par la suite de ne pas la diffuser
Le président égyptien a confirmé qu’Israël aide l’armée égyptienne à combattre les djihadistes dans la péninsule agitée du Sinaï.
Abdel Fattah al-Sissi a déclaré à CBS News que la coopération entre Le Caire et Jérusalem était plus étroite que jamais, dans des commentaires publiés jeudi soir.
« C’est exact… Nous avons un large éventail de coopération avec les Israéliens », a-t-il déclaré à la presse américaine lorsqu’on lui a demandé si la coordination militaire entre les pays était plus étroite qu’elle ne l’avait jamais été.
Ces commentaires ont été recueillis lors d’une interview pour l’émission « 60 Minutes » de la chaîne, qui doit être diffusée dimanche soir. Selon CBS, Sissi a demandé que l’interview ne soit pas diffusée, apparemment pour des questions sur les violations des droits de l’homme et la mort de manifestants, mais la chaîne a insisté pour qu’elle soit diffusée malgré tout.
En février, le New York Times a rapporté qu’Israël menait clandestinement, avec la bénédiction de Sissi, une campagne aérienne contre les cibles de l’État islamique dans le Sinaï. Les avions israéliens seraient souvent non balisés et emprunteraient parfois des itinéraires détournés pour tenter de dissimuler l’origine des frappes.
Israël et l’Égypte n’ont jamais confirmé l’existence de la campagne.
« Seule l’armée égyptienne est autorisée à mener des opérations militaires dans des zones spécifiques du nord du Sinaï, en coopération avec la police civile, et elle le fait », a déclaré le porte-parole militaire égyptien Tamer al-Rifa au journal russe Sputnik peu après l’article du New York Times.
Depuis que l’armée a renversé le président islamiste égyptien Mohamed Morsi en 2013, des centaines de policiers et de soldats ont été tués dans des attaques dans le Sinaï par des djihadistes et d’autres groupes extrémistes, dont Ansar Beit al-Maqdess, affilié à l’État islamique.
Sissi a ordonné une série d’opérations dévastatrices destinées à rétablir le calme dans le nord du Sinaï, en menant de vastes campagnes de bombardements qui ont fait des centaines de morts, ainsi qu’en rasant des maisons pour créer une zone tampon avec la bande de Gaza.
Les djihadistes affirment être régulièrement pris pour cible par des avions israéliens.
Selon des rapports étrangers, Israël a mené des frappes de drones dans la péninsule sur des cibles de l’État islamique. La coopération aurait également pris la forme d’un important échange en matière de renseignement.
Plus officiellement, depuis 2013, Israël a également autorisé la présence de forces égyptiennes supplémentaires dans la péninsule, au-delà du niveau autorisé par l’accord de paix de 1979 entre les deux pays. Des armes lourdes, comme des chars, de l’artillerie et des hélicoptères d’attaque, ont été introduites dans le Sinaï pour combattre les islamistes, signe que Jérusalem ne s’inquiète pas du fait que les gros canons égyptiens pourraient se retourner contre elle.
Les liens entre l’Égypte et Israël, autrefois ennemis jurés, se sont réchauffés au cours des dernières années. Depuis 2017, Sissi s’est entretenue ouvertement à deux reprises avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, signe d’une amélioration des relations entre les pays, même si la normalisation avec Israël reste taboue chez de nombreux Egyptiens.
On pense que des discussions entre Netanyahu et Sissi ont lieu à propos de Gaza, qui jouxte la péninsule du Sinaï. L’Égypte a joué un rôle clef dans les tentatives visant à favoriser le calme le long de la frontière de Gaza entre Israël et l’organisation terroriste du Hamas.