L’enquête sur la mort de la sergente Noa Lazar pointe « de graves défaillances »
Le chef d'État-major Aviv Kohavi a déploré le manque de professionnalisme des forces présentes au checkpoint de Jérusalem lors de l'attaque qui avait entraîné la mort de la soldate
Emanuel Fabian est le correspondant militaire du Times of Israël.

Un rapport accablant, publié lundi par l’armée et la police, a souligné une série de défaillances et de manquements qui ont entraîné la mort d’une soldate à un checkpoint de Jérusalem-Est lors d’une attaque à l’arme à feu, le mois dernier. Suite à ces investigations, les militaires ne seront plus déployés à ce poste de contrôle et plusieurs agents de police devraient être renvoyés. D’autres écoperont d’un blâme.
Le 8 octobre, Udai Tamimi, un Palestinien, était sorti d’une voiture qui traversait le checkpoint, situé à proximité du camp de réfugiés de Shuafat, avant de se diriger lentement vers un groupe de soldats et de gardes qui se tenaient à proximité et qui discutaient alors qu’ils se préparaient à un changement d’équipe. Tamimi avait sorti une arme et il avait ouvert le feu à sept reprises sur le groupe, tuant la sergente Noa Lazar, 18 ans, et blessant grièvement un garde civil, David Morel, 30 ans. Tamimi était parvenu à prendre la fuite à pied. Les forces stationnées étaient apparemment restées dans l’ignorance de son approche jusqu’à l’attentat.
L’enquête lancée par l’armée et la police a relevé de nombreuses défaillances dans les opérations des soldats et des policiers au checkpoint – et tout particulièrement dans leur absence de riposte à l’attentat.
Selon le rapport qui a été établi, l’autorisation donnée aux piétons de se déplacer à leur guise dans le checkpoint – ce qui est habituel – a été « une grave erreur » qui aura permis à Tamimi de quitter sa voiture et d’ouvrir le feu sans éveiller les soupçons.
« Les agents de la police des frontières qui étaient stationnés au poste de contrôle n’ont pas riposté comme ils auraient dû le faire », a noté l’enquête. Trois officiers de carrière qui se trouvaient sur les lieux seront renvoyés pour leur incapacité à faire face à l’attaque conformément aux procédures mises en place.
Un autre sera suspendu de son poste pendant un an et deux officiers – un commandant de compagnie et un commandant de bataillon – écoperont d’un blâme officiel.

Le chef d’État-major Aviv Kohavi a qualifié les manquements de « graves », disant que la sergente Lazar avait été tuée et que l’attaquant n’avait ni été « neutralisé », ni arrêté, en raison « du manque de professionnalisme » des forces présentes qui n’ont pas « cherché à se mobiliser » face au terroriste.
Kohavi a précisé que l’unité de Lazar – le bataillon Erez de la police militaire – n’interviendrait plus au checkpoint dans les 30 jours à venir. Elle sera remplacée par des agents de la police des frontières et par des gardes civils.
Le commandant de la police des frontières, Amir Cohen, a lui aussi recommandé le transfert total du contrôle du checkpoint au ministère de la Défense – comme c’est le cas pour un grand nombre de postes de contrôle situés en Cisjordanie et en Israël.
Kohavi a approuvé l’augmentation du nombre de nouvelles recrues allouées à la police des frontières dans le cadre du service militaire, de manière à ce que cette dernière puisse avoir suffisamment de personnels pour mener ses opérations au poste de contrôle de façon appropriée. De son côté, la police transfèrera certains de ses agents de la division de Cisjordanie en les confiant à la division de Jérusalem, ce qui permettra d’avoir un nombre suffisant d’agents au checkpoint.
De plus, Kohavi a demandé aux responsables de nommer un officier en charge de la logistique dont la mission sera d’améliorer la défense des checkpoints qui seront encore placés sous la garde des soldats.
La famille de Lazar a été informée des derniers éléments de l’enquête, a précisé Tsahal.

La semaine dernière, l’armée israélienne a indiqué qu’elle allait démolir l’habitation de Tamimi qui se trouve dans le camp de réfugiés de Shuafat. Tamimi avait été tué alors qu’il tentait de commettre une autre attaque à un poste de contrôle situé à l’entrée de l’implantation de Maale Adumim, en Cisjordanie, le 19 octobre.
Trois hommes originaires de Jérusalem-Est ont été mis en examen pour avoir fourni à Tamimi son arme et pour l’avoir accompagné en voiture sur le lieu de l’attaque.
L’état de santé du garde grièvement, David Morel, s’est amélioré et il est entré dans un centre de rééducation, la semaine dernière.
L’attaque de Tamimi et la chasse à l’homme qui avait suivi avaient contribué à une recrudescence des tensions en Cisjordanie, avec une présence massive de policiers autour de camp de Shuafat – ce qui avait entraîné plusieurs jours d’émeutes à Jérusalem-Est.
Des affrontements qui surviennent dans un contexte d’offensive antiterroriste israélienne dans le nord de la Cisjordanie tout particulièrement, suite à une série d’attentats qui ont causé la mort de 26 Israéliens au sein de l’État juif et en Cisjordanie.
Plus de 2 000 arrestations ont été effectuées lors de raids quasi quotidiens et plus de 130 morts ont été rapportes parmi les Palestiniens, essentiellement lors d’attaques ou d’affrontements avec les forces de sécurité.