L’équipe féminine israélienne de netball défie les paniers écossais
Sans dribbles mais énormément de travail d'équipe, ce sport - qui ressemble au basket - est arrivé en Israël par des immigrantes qui y jouaient à l'étranger. Et maintenant, les jeunes israéliennes s'y mettent
Luke Tress est le vidéojournaliste et spécialiste des technologies du Times of Israël
Les filles courent lestement sur le terrain, se passant rapidement la balle alors qu’elles avancent vers le panier de l’équipe rivale. Portant des maillots bleu vif, elle transmettent enfin le ballon à la joueuse désignée pour marquer les buts. Cette dernière envoie le ballon à travers le panier placé à l’extrémité du terrain.
Cette rencontre était la dernière disputée par l’équipe israélienne de netball avant les championnats Open européens qui ont été organisés la semaine passée en Ecosse.
Les joueuses cherchent à promouvoir le sport féminin dans le pays mais doivent faire face à un manque de sensibilisation, une culture sportive médiocre chez les femmes israéliennes et l’absence de financements gouvernementaux.
Le netball, une discipline similaire au basket, a été taillée sur mesure pour les femmes. Les joueuses ne dribblent pas et elles doivent passer le ballon ou tirer dedans dans les trois secondes qui suivent sa réception. Ce sport se joue sur un terrain, avec sept joueuses dans chaque équipe, mais le panier n’a pas de panneau arrière. Chaque joueuse a un rôle spécifique à tenir dans l’équipe et ne peut se déplacer que dans des zones désignées du terrain.
La séparation des rôles favorise un travail d’équipe de proximité, explique Nomi Komar, l’une des membres de la formation. Toutes les femmes, quels que soient leurs physiques ou leurs talents, ont leur place dans ce sport : les jeunes – plus rapides – et les plus âgées qui seront avantagées au niveau de l’expérience et de leur connaissance du jeu.
« C’est un peu différent du basket en cela que chacune a son propre rôle et qu’on construit donc une équipe. Une seule personne ne peut pas tout faire. Si vous observez le terrain, chacune a une zone particulière où elle peut aller, ce qui entraîne beaucoup de coopération », commente Komar.
Le netball se présente dorénavant comme une alternative au basket mieux adaptée aux femmes. Ce sport est devenu le plus populaire au sein des nations du Commonwealth, en particulier en Australie, au Royaume-Uni et en Nouvelle-Zélande, où il fait souvent partie du programme d’éducation physique des filles. Les cinq premières équipes figurant au classement de la fédération internationale de netball sont toutes membres du Commonwealth.
Cette discipline s’est enracinée en Israël il y a environ 20 ans à Raanana, explique l’assistante de l’entraîneuse de l’équipe, Shan Berman. Des immigrantes qui avaient grandi en s’adonnant à ce sport et qui voulaient continuer à jouer ont formé les premières équipes. Il y a maintenant des formations qui jouent dans six villes, dont Jérusalem, Tel Aviv et Raanana. Les joueuses de l’équipe nationale participent toutes à une ligue locale, et jouent ensemble une fois par semaine dans la ville de Modiin, située dans le centre d’Israël.
Ce sont des immigrantes qui jouent majoritairement au netball en Israël – Berman est originaire de New York, et l’entraîneuse Alexi Schapiro vient d’Australie – mais la discipline est lentement adoptée par les Israéliennes. L’équipe communique durant les matchs en anglais et en hébreu.
Le netball comble souvent un vide dans le désir d’assimilation des immigrantes, établit Shapiro.
« Il y avait cette envie de faire partie d’une équipe et d’un groupe dans un sport que j’adore », commente Shapiro, qui a joué à Sydney avant d’immigrer il y a 12 ans.
La mère de Komar, originaire du Royaume-Uni, lui a fait découvrir ce sport. Cette étudiante en éducation physique âgée de 22 ans a grandi à Jérusalem et vit dorénavant au Gush Etzion. Le travail d’équipe essentiel dans cette discipline peut également aider différents secteurs de la société israélienne à se lier entre eux, a-t-elle estimé.
« Nous sommes un pays tellement diversifié, il y a tant de couleurs de cultures différentes, et tout cela peut très bien se mélanger – et c’est ce qu’il se passe. Vous pouvez voir ici des laïques, des religieuses, venant d’implantations, du milieu urbain, vous pouvez tout voir », affirme Komar.
Komar, désignée meilleure joueuse du tournoi lors des Championnats open organisés l’année dernière au Royaume-Uni, espère utiliser son diplôme d’éducation physique pour faire connaître le sport au sein des écoles israéliennes. Elles et d’autres membres de la formation sont impliqués dans des programmes en direction des jeunes et la communauté aimerait voir cette discipline s’implanter dans les écoles religieuses pour filles, dit Berman.
La Ligue se bat pour attirer et retenir les joueuses – qui arrêtent habituellement de jouer durant leur service militaire et après la naissance de leurs enfants. Les formations ne sont pas autorisées à jouer pendant le Shabbat ce qui rend l’organisation difficile, ajoute Berman.
Au niveau culturel, il n’y a pas suffisamment d’investissement dans le sport féminin, déplore Shapiro. Cette discipline aurait besoin d’un financement gouvernemental et l’équipe doit payer les frais entraînés par les déplacements et le temps passé sur le terrain.
« Cela existe dans la culture australienne. Ce n’est pas dans la culture israélienne et c’est quelque chose qu’on aimerait changer », explique Schapiro.
De manière toutefois encourageante, la majorité des membres de la formation junior sont dorénavant nées en Israël. Les joueuses espèrent que cela les aidera à être reconnues, et financées par le ministère de la Culture et des Sports.
L’équipe nationale affronte habituellement lors des matchs d’autres nations en développement, parmi lesquels Malte, Gibraltar, Grenade et les Bermudes, et a son attention rivée sur les Maccabiades israéliennes, qui auront lieu au mois de juillet. La semaine dernière, elle a concouru en division open lors des championnats européens open en Ecosse, qui ont commencé vendredi 12 et se sont achevés le dimanche 14 mai.