Les adversaires à l’accord iranien ne baissent pas la garde
L'AIPAC exhorte ses militants à poursuivre la pression sur le Congrès alors que des élus étudient d'autres moyens de sanctionner Téhéran

WASHINGTON – Bien que l’annonce de la sénatrice Barbara Mikulski de son intention d’apporter son soutien à l’accord sur le nucléaire iranien garantisse une victoire au président américain Barack Obama sur la colline du Capitole, les groupes s’y opposant ont redoublé mercredi soir leurs efforts, appelant leurs partisans à poursuivre leur plaidoyer contre l’accord.
Le porte-parole de l’AIPAC Marshall Wittmann a souligné que, même si Obama pourra opposer son veto lorsque le Congrès approuvera une résolution de désapprobation dans les jours qui viennent, et qu’il aura les voix nécessaires pour le soutenir, son organisation va « continuer [son] travail pour atteindre la plus grande majorité bipartisane possible pour rejeter ce pacte imparfait ».
« Nous devons nous opposer à cet accord parce qu’il ne bloquera pas la voie de l’Iran vers la bombe et qu’il permettra d’enrichir et de consolider le principal commanditaire du terrorisme au monde, » a-t-il ajouté.
Le président de l’AIPAC Robert A. Cohen a écrit une lettre à ses partisans quelques heures après l’annonce de Mikulski, remerciant la base de l’organisation pour « s’être tenue sur les lignes de front. »
« Faisant face à l’un des défis les plus importants dans l’histoire de notre mouvement, votre activisme permanent grâce a des rencontres personnelles, de fréquents appels téléphoniques, et des mails réguliers aux membres du Congrès – a contribué à façonner le discours national et à mettre l’accent sur les dangers de cet accord », leur a-t-il dit.
L’AIPAC a été l’organisation la plus étroitement associée à l’opposition à l’accord, et a investi un capital politique et financier, ainsi qu’une mobilisation massive sur le terrain, en essayant d’obtenir une majorité en faveur d’une résolution de désapprobation qui puisse eviter le veto présidentiel – un effort qui a subi un échec avec l’annonce jeudi de Mikulski.
Mais loin d’adopter un discours de défaite, Cohen a appelé les membres de l’AIPAC à poursuivre leurs efforts pour faire pression sur les membres du Congrès qui n’ont pas encore pris position.
« Maintenant, quelques jours avant le vote du Congrès, je vous écris pour vous demander de continuer à vous battre pour un meilleur accord », écrit-il.
« Beaucoup des membres du Congrès sont encore indécis. Nous devons continuer à les contacter et à exposer nos arguments. Nous devons faire pression sur nos élus pour atteindre un meilleur accord jusqu’à ce que chaque vote soit enregistré ».
L’objectif à court terme, pour les adversaires de l’accord, est de renforcer la perception que le veto présidentiel va à l’encontre de l’opinion publique.
« La bataille pour empêcher un Iran avec une capacité nucléaire est loin d’être terminée, » a dit Cohen à ses partisans. « Garantir le plus grand rejet bipartisan possible de cet accord établira les fondements d’un possible débat encore à venir sur la politique iranienne, et garantira un rôle solide du Congrès dans ce processus. »
Wittmann a également souligné que « la majorité bipartisane du peuple américain se joint à la majorité bipartite du Congrès qui va bientôt voter pour rejeter cet accord – au moment où beaucoup des partisans de l’accord ont exprimé de graves préoccupations ».
« Nous croyons que cette forte opposition envoie un message important au monde – en particulier aux banques étrangères, aux entreprises et aux gouvernements – sur les sérieux doutes en Amérique concernant la volonté de l’Iran de respecter ses engagements et sur la viabilité à long terme de cet accord, » a-t-il ajouté.
Ces « sérieux doutes » continueront probablement à persister dans les semaines et mois à venir après le vote du Congrès – et vont se manifester à la fois par des initiatives du Congrès et par la rhétorique de campagne en prévision des élections présidentielles de 2016.
Certains des opposants à l’accord s’attendent à un combat continu jusqu’aux élections de 2016, quand un nouveau président – démocrate ou républicain – pourra manquer de volonté politique ou de désir à continuer à affronter le Congrès sur l’accord. Dans ce cas, le maintien de la pression sur les élus pour maintenir sur le feu le débat sur l’Iran ferait en sorte que même un nouvel élu démocrate devrait choisir entre s’opposer de front au Congrès sur l’accord, ou laisser le Congrès prendre des mesures contre l’accord.
Mais les adversaires de l’accord pourraient même ne pas avoir à attendre jusqu’à ce qu’un nouveau président prête serment en janvier 2017 pour voir de l’action sur la colline du Capitole.
Mark Dubowitz, le directeur exécutif de la Foundation for the Defense of Democracies et qui participe fréquemment aux audiences du Congrès concernant l’accord iranien estime que pour les adversaires de l’accord, « les prochaines étapes sont la transformation des 60 % de rejet bipartisan de cet accord par le Congrès et de la profonde angoisse dont de nombreux partisans à l’accord au Congrès font l’éxperience, en une législation bipartisane ciblant les Gardiens de la Révolution pour son soutien au terrorisme et à la violence régionale ».
A la Chambre et au Sénat, les opposants à l’accord ont déjà commencé à envisager un texte de loi pour renforcer les sanctions encore existantes contre l’Iran pour ses violations des droits de l’Homme.
Ed Royce, le président de la commission des Affaires étrangères de la Chambre a une telle proposition de loi en attente, et un certain nombre de sénateurs – dont le sénateur démocrate anti-accord Robert Menendez – sont en train de travailler sur une législation similaire.
Menendez a également fait équipe avec le sénateur Mark Kirk pour rédiger une proposition de loi visant à autoriser à nouveau la Loi sur les sanctions contre l’Iran, qui risque d’arriver à expiration fin 2016. Menendez a fait valoir que, sans une prolongation de la loi, le concept de « rétablissement des sanctions » en cas de violations iraniennes ne pourra pas s’appliquer.
Tant l’administration – que les Iraniens eux-mêmes – ont indiqué que toute nouvelle législation sur les sanctions risque de mettre en danger la viabilité de l’accord sur le nucléaire.
Un diplomate iranien de premier plan, l’ambassadeur auprès des Nations unies Gholamali Khoshroo, a mis en garde au début de l’été le Conseil de sécurité de l’ONU que l’Iran « pourrait reconsidérer ses engagements » si le Congrès américain imposait de « nouvelles sanctions de nature et de portée identiques ou similaires à celles qui étaient en place avant la date de mise en œuvre, indépendamment du fait si ces nouvelles sanctions sont introduites pour des raisons liées au nucléaire ou non ».
Si on considère la lettre de Koshroo au président du Conseil de sécurité comme une indication, les opposants à l’accord au Congrès pourraient essayer de contrecarrer l’accord en adoptant une loi qui inciterait l’Iran à se retirer de l’accord.