Les antibiotiques retarderaient croissance et prise de poids des bébés mâles
Les médicaments transforment les bactéries intestinales, ce qui affecterait le développement, selon une équipe de Bar-Ilan; les probiotiques pourraient résoudre le problème

Selon des chercheurs israéliens, les jeunes garçons souffrent d’un retard de croissance et d’une perte de poids en raison de l’administration d’antibiotiques aux nouveaux-nés.
Une équipe de l’université Bar-Ilan a publié mardi une étude évaluée par des pairs, selon laquelle les garçons ayant reçu des antibiotiques à la naissance pesaient en moyenne moins que les autres enfants pendant leurs six premières années.
Entre 2 et 6 ans, les garçons ont une taille et un IMC inférieurs, ont-ils déclaré dans le document, publié dans la revue Nature Communications.
Les chercheurs affirment que l’inquiétude n’est pas que les nouveaux-nés deviennent plus petits ou plus légers, mais que les effets secondaires qu’ils ont détectés indiquent un « effet à long-terme » plus profond sur la santé générale.
La baisse de la taille et du poids pendant la petite enfance, même de faible ampleur comme celle observée dans l’étude, peut être un indicateur de futurs problèmes de santé, tels que des maladies cardiovasculaires et neurologiques, affirment les scientifiques.

« Les antibiotiques sont d’une importance vitale et peuvent sauver la vie des nouveaux-nés », a déclaré le professeur Omry Koren, de la faculté de médecine Azrieli de l’université Bar-Ilan, au Times of Israël.
Parallèlement, nous observons que lorsque les antibiotiques sont administrés à un moment critique des premières semaines de vie, il peut y avoir des effets secondaires qui se manifestent pendant des années.
« Nous devons être conscients de ces effets secondaires et nous devons être prêts à faire face au phénomène que nous observons ».
Il a déclaré que les effets semblent être causés par des modifications de la flore intestinale, et il espère que l’administration de probiotiques pourra contrecarrer les effets secondaires.
L’étude s’inscrit dans un ensemble de recherches suggérant que l’administration d’antibiotiques aux bébés peut avoir un impact négatif sur leur santé future, notamment un article américain publié en février qui suggérait que cela pouvait entraîner des allergies.

Udi Qumron, un professeur de microbiologie de l’université de Tel-Aviv qui n’est pas impliqué dans l’étude Bar-Ilan, a déclaré au Times of Israël que cette recherche est « une grande étude qui démontre l’effet de la perturbation des bactéries intestinales sur le développement prénatal et post-néonatal ».
« Cette étude et d’autres impliquent que la restauration du microbiome intestinal après un traitement antibiotique peut être une étape bénéfique pour réparer les effets secondaires des antibiotiques ».
Koren a mené cette étude avec le professeur Samuli Rautava, de l’université de Turku et de l’hôpital universitaire de Turku en Finlande. Leur recherche est basée sur un groupe de 12 422 enfants nés entre 2008 et 2010 à l’hôpital de Turku, dont environ 10 % ont reçu des antibiotiques. Aucun des enfants ne souffrait de troubles chroniques importants affectant la croissance, ni n’avait besoin d’antibiotiques à long terme.
Les chercheurs ont observé des perturbations dans le microbiome intestinal des enfants jusqu’à l’âge de deux ans, et pensent que cela pourrait avoir un impact sur la taille et le poids. Pour sonder cette théorie, ils ont transposé une partie du microbiome des nourrissons sur des souris mâles – qui ont également présenté un retard de croissance.
L’équipe de Koren n’a pas de réponses claires sur les raisons pour lesquelles seuls les nouveaux-nés de sexe masculin connaissent un retard de croissance et de gain de poids après avoir reçu des antibiotiques, mais ils pensent que cela pourrait être lié à la présence d’hormones différentes chez les garçons et les filles. « Le système hormonal masculin provoque l’épanouissement de bactéries différentes que le système hormonal féminin », a expliqué Koren.
Il a déclaré que l’étude représentait une base pour des recherches supplémentaires, notamment des études détaillées sur le potentiel des probiotiques à remédier aux effets secondaires, et n’a fait aucune recommandation clinique.
Koren a souligné : « Nous ne disons en aucun cas que les médecins doivent cesser de prescrire des antibiotiques. Nous examinons plutôt ce qui peut être fait pour restaurer le déséquilibre créé dans le microbiome intestinal, éventuellement en administrant des probiotiques, qui pourraient restaurer les bactéries bénéfiques qui peuvent être endommagées par les antibiotiques. Nous cherchons plutôt à savoir ce que nous pouvons faire pour venir à bout du déséquilibre créé dans le microbiome intestinal, peut-être en administrant des probiotiques qui peuvent faire réapparaître les bactéries bénéfiques qui sont susceptibles d’être touchées par les antibiotiques ».