Les Arabes israéliens confrontés au racisme dans leur recherche d’emploi
Une enseignante arabe reçoit plus d'offres d'emploi quand elle prend un nom à consonance juive que son vrai nom
Lundi, un reportage de la Treizième chaîne a exposé le racisme auquel sont exposées certaines femmes arabes qui essaient d’obtenir un emploi comme enseignante ou employés de crèche.
Ranin Lala, âgée de 29 ans et originaire de Jaffa, a déposé de nombreuses candidatures dans des crèches du centre du pays. Ses candidatures ont été rejetées ou on lui a demandé d’envoyer un CV avec une photo.
« Ils veulent toujours une photo quand ils entendent que j’ai un nom arabe », a déclaré Lala.
La situation en est arrivée au point où sa mère lui a suggéré qu’elle change officiellement de nom pour pouvoir trouver du travail, a-t-elle dit.
Lala a étudié pendant trois ans à l’Université Levinsky à Tel Aviv, l’une des meilleures institutions du pays pour les futurs éducateurs. Pourtant, elle s’est rendu compte que son CV ne lui permettait pas de trouver un travail à cause de ce qui semble être un racisme systémique.
Selon elle, dès qu’elle a commencé à passer des appels téléphoniques ou à faire des entretiens, elle a compris que quelque chose allait de travers. On lui disait qu’il n’y avait pas d’emploi disponible alors que l’inverse était vrai.
Mais une fois qu’elle a commencé à déposer des candidatures sous le nom de « Rona Tal », un nom juif israélien, elle a déclaré avoir été traitée très différemment. Au lieu d’entendre des potentiels employeurs lui dire qu’il n’y avait pas d’emplois, on lui a dit, à plusieurs occasions, qu’il y avait une possibilité de travail pour elle.
Une journaliste de la chaîne avec un nom juif a déposé une candidature pour les mêmes emplois, avec un CV sans expérience ni formation. Sa candidature n’a pas été immédiatement rejetée. Au contraire, on lui a offert un emploi comme responsable de crèche dans un groupe de crèches à Tel Aviv, malgré son absence de diplômes.
Les Arabes israéliens, qui représentent environ 20 % de la population du pays, se plaignent depuis longtemps du racisme enraciné dans la société israélienne. Ils ont ainsi plus de mal à s’intégrer dans la société israélienne ou à trouver des emplois.
Une étude de 2017 menée par le professeur Sammy Smooha de l’université de Haïfa a trouvé que 48 % des Israéliens juifs ne souhaitent pas avoir un voisin arabe, 39,8 % des Israéliens juifs ne souhaitent pas avoir de patron arabe, et seulement 51,6 % des Israéliens juifs souhaitent avoir des élèves arabes qui étudient dans les mêmes écoles que leurs enfants.
Lundi, un sondage de la Treizième chaîne a trouvé des attitudes similaires, avec
38 % des personnes interrogées qui s’opposaient à l’embauche d’un employé arabe dans une crèche et qui empêcheraient une telle décision. 16 % des sondés ont déclaré que cela les mettrait mal à l’aise mais qu’ils enverraient quand même leur enfant à la crèche.
Le sondage, mené par l’Institut Rushinek, a trouvé que 37 % des personnes interrogées ont déclaré que cela ne les dérangerait pas et 9 % ont dit qu’ils ne savaient pas. La chaîne n’a pas donné de précision sur l’ampleur de l’échantillon ni d’informations sur la méthodologie.
Une femme appelé « Yasmine », de la ville à majorité arabe de Tayibe, a déclaré à la chaîne que quand elle a déposé une candidature comme enseignante de science, elle a reçu un message du principal disant : « Merci, mais nous ne voulons pas d’enseignants arabes dans notre école. Bonne chance ».
« En Israël en 2020, il est acceptable [de discriminer de cette manière], a déclaré la professeur Irit Keynan, doyenne de l’Ecole d’Education à l’Université des gestion, soulignant que l’idée était encore présente dans la société juive israélienne.
Elle suppose que de nombreux responsables de crèches ou d’établissements scolaires ont peur de la réaction des parents et sont donc réticents à embaucher du personnel arabe.
En Israël, il est illégal de discriminer sur la base de la religion.