Les candidats pro-israéliens à la succession de la Première ministre britannique
Une douzaine de députés conservateurs - Johnson en tête - sont en lice pour remplacer Theresa May et plusieurs sont des soutiens d'Israël. Lequel pourra battre Corbyn ?

LONDRES – Theresa May était sur le fil du rasoir depuis deux ans. A ce moment-là, elle avait gâché de manière spectaculaire une élection générale qui, en début de campagne, semblait pourtant promettre une éclatante victoire de son parti conservateur.
En quelques courtes semaines, la Première ministre britannique avait fait exploser une avance de 20 points dans les enquêtes d’opinion, gaspillé la majorité parlementaire laissée par son prédécesseur David Cameron et presque permis au leader de l’opposition d’extrême-gauche, Jeremy Corbyn, de pousser la porte du 10 Downing Street.
Le destin de May a finalement été scellé, après qu’elle a échoué à convaincre le Parlement d’adopter son accord impopulaire de Brexit avec l’Union européenne. Elle démissionnera officiellement en tant que chef des conservateurs le 7 juin, a-t-elle annoncé vendredi, en larmes, aux abords de Downing Street, même si elle devrait rester encore Première ministre – de façade du moins – pendant deux mois, avant que son successeur ne soit choisi.
Le parti conservateur va dorénavant mettre en place le processus tortueux de sélection de son remplaçant. Il comprendra une série de votes au sein du parti parlementaire pour réduire le nombre de candidats – ils sont plus d’une douzaine de députés Tories à vouloir tenter leur chance – à seulement deux. Ces deux noms seront soumis aux 124 000 membres du parti conservateur dans le pays qui auront le dernier mot.
Le favori – pour le moment
Le candidat favori des membres du parti est, pour le moment, l’ancien ministre des Affaires étrangères Boris Johnson. Il est considéré par ses critiques comme la réponse britannique à Donald Trump. Force de la nature, Johnson combine une vie personnelle pleine de couleurs avec un franc-parler et un goût de la controverse qui sont rares au sommet de la hiérarchie politique dans le pays.
Il a menti tout au long de sa vie, il a menti dans la politique, c’est un bonimenteur avec un certain degré de charisme auquel je suis insensible
Ses ennemis accusent Johnson d’être incapable de dire la vérité. Un ancien ministre Tory du cabinet a ainsi déclaré franchement cette semaine : « Il a menti tout au long de sa vie, il a menti dans la politique, c’est un bonimenteur avec un certain degré de charisme auquel je suis insensible ».
Toutefois, si Johnson parvient à persuader les députés Tories qu’ils doivent le choisir – ce sont ceux qui le connaissent le mieux qui affichent le plus de résistance à son appel – Johnson devrait presque certainement devenir le prochain Premier ministre de la Grande-Bretagne.
Selon les derniers sondages, 39 % des Tories de la base veulent que Johnson devienne leur prochain leader – bien avant son adversaire le plus proche.
Un grand nombre de parlementaires conservateurs, pour leur part, affichent une antipathie profonde à son égard, le considérant comme trop manifestement ambitieux et au service de ses intérêts propres et jugeant son passage au Foreign office comme un désastre.

Mais même certains, parmi ceux qui ne vouent à Johnson qu’une piètre estime, peuvent être amenés à conclure qu’il représenterait la meilleure chance de réponse aux défis incarnés par le politicien d’extrême-droite Nigel Farage et par Jeremy Corbyn, à l’extrême-gauche.

Ce pari sur l’appel électoral de Johnson repose sur ses deux mandats en tant que maire de Londres. Le fait que Londres – bastion travailliste – ait envoyé à deux occasions Johnson à la mairie, estiment de nombreux conservateurs, montre qu’il est capable d’attirer des électeurs qui ne votent pas traditionnellement pour le parti.
Les huit années que Johnson a passées à diriger la capitale signifie qu’il est connu dans la communauté juive britannique (approximativement 60 % des membres de la communauté juive vivent dans le secteur du grand Londres). Son lien avec les Juifs s’était forgé à cette époque à travers leur animosité mutuelle à l’encontre de Ken Livingstone, le maire que Johnson avait sorti en 2008 et qu’il avait battu une nouvelle fois en 2012, lorsque les deux hommes avaient rejoué le match – avec des résultats très serrés.

Même avant de commencer à faire des déclarations bizarres sur l’affinité présumée de Hitler avec le sionisme, Livingstone avait déjà une réputation toxique chez un grand nombre de membres de la communauté juive.
Quand Johnson l’avait emporté en 2008, l’ancien adjoint au maire de Livingstone avait suggéré avec exactitude qu’une réaction violente des Juifs avait contribué significativement à sa défaite. Quatre années plus tard, les Juifs avaient encore une fois semblé tenir un rôle important dans la victoire de Johnson.
La campagne de Johnson avait reçu un soutien significatif de la part des donateurs juifs tandis qu’un certain nombre de membres de la communauté devaient obtenir des fonctions importantes à la mairie. Soufflant dans un shofar, faisant des apparitions régulières lors de collectes de fonds pour des organisations juives, le maire avait installé une relation nettement plus harmonieuse et moins hargneuse entre les Juifs et l’administration de la capitale que celle qui prévalait sous « Ken le rouge ».
De manière plus substantielle, Johnson avait inscrit Londres à l’initiative internationale des maires unis contre l’antisémitisme et affiché son intolérance pour le mouvement BDS en intervenant lors d’une querelle portant sur un accord de parrainage controversé entre les Transports de Londres et la compagnie aérienne Emirates Airline.

L’histoire juive de Johnson
L’aisance affichée par Johnson auprès de la communauté juive n’a rien de surprenant. Même s’il est lui-même anglican, son arrière-grand-père maternel était rabbin en Lituanie. Johnson est également lié à l’une des plus grandes familles juives d’Angleterre : La seconde épouse de son père, Jenny, est la belle-fille d’Edward Sieff, philanthrope et ancien président du géant du commerce Marks & Spencer. (Johnson a également des ancêtres musulmans : Son arrière-grand-père, Ali Kemal, avait été le dernier ministre de l’Intérieur de l’empire Ottoman après la Première guerre mondiale).
C’est malgré tout grâce aux liens entretenus par la famille de Sieff avec le kibboutz Kfar Hanassi que Johnson et sa soeur avaient été amenés à passer un été en Israël, alors que lui faisait ses études à l’université d’Oxford. Selon Rachel Johnson, cette expérience avait finalement peu correspondu au tempérament de son frère. « Les souvenirs de Boris ne sont pas aussi enthousiastes que les miens », avait-elle confié à un journal en 2013, notant que son travail dans les cuisines « vraiment très chaudes » du kibboutz avait été « brutal » pour lui.
Malgré l’aversion peut-être finalement peu anormale du politicien conservateur pour la vie collective, il semble toutefois être un partisan fervent de l’Etat juif. Au cours de ses derniers mois au poste de maire de Londres, Johnson s’était rendu à Jérusalem, à Tel Aviv et à Ramallah. Il avait paru bouleversé au cours de sa visite à Yad Vashem, la qualifiant ensuite « d’expérience incroyablement émouvante ».
Pendant une grande partie du voyage, Johnson avait adopté loyalement la ligne du gouvernement britannique de soutien à la solution à deux Etats – utilisant un discours en l’honneur de son héros, Winston Churchill, pour flatter Israël tout en montrant de l’empathie pour les Palestiniens. Il avait noté que l’Etat juif et Churchill partageaient certaines qualités – « l’audace, le courage, le goût de l’exploit et l’indomptabilité ».
Il avait rappelé en même temps que Churchill avait dit aux Juifs qu’ils avaient « la chance de créer une terre rengorgeant de lait et de miel » tout en avertissant que « chaque initiative que vous prendrez devra donc être prise au profit moral et matériel de tous les Palestiniens ».
« Je pense que nous devons admettre aujourd’hui que la situation présente n’est pas totalement en accord avec la vision churchillienne – pas encore », avait-il ajouté.
Toutefois, c’est une querelle portant sur le mouvement BDS qui devait ultérieurement faire les gros titres. Après avoir dit qu’il ne pouvait « rien trouver de plus absurde » que le BDS (notant qu’Israël était « la seule démocratie de la région – le seul endroit qui présente, de mon point de vue, une société pluraliste et ouverte »), il avait ensuite qualifié ses leaders, dans le style typique qui est le sien, « d’universitaires de gauche à chicots ridicules qui se promènent dans des vestes en velours côtelé ». En conséquence, la majorité des rencontres qui avaient été programmées à Ramallah avaient été annulées.

Lorsqu’il était retourné en Israël 18 mois plus tard en tant que secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères de Theresa May, ça avait été un Johnson plus diplomate – d’aucuns diront « maussade » – qui s’était présenté. Toutefois, sous sa houlette, la Grande-Bretagne avait commencé à prendre un positionnement plus robuste à l’encontre des critiques internationales d’Israël, le ministre déplorant la focalisation « absurde » et « ridicule » du conseil de Sécurité de l’ONU sur l’Etat juif et la jugeant « disproportionnée et nuisible à la cause de la paix ».
Mais de nombreux Juifs devaient nourrir une méfiance à l’égard de Johnson. En 2016, il avait joué avec l’idée d’une candidature à la tête des Tories suite au référendum du Brexit – puis il l’avait abandonnée. Les sondages, à ce moment-là, avaient révélé que seul un Juif sur cinq était prêt à se prononcer en faveur de l’ancien maire de Londres, soit la moitié du nombre ayant opté pour Theresa May, qui devait finalement l’emporter.
Ces résultats avaient reflété à la fois l’importance qu’avait Johnson dans la campagne en faveur du départ de l’Union européenne et le malaise des Juifs face au Brexit. Tandis que le pays avait voté pour le Brexit à 52 % contre 48 %, les Juifs, pour leur part, s’étaient prononcés pour le maintien dans l’UE à 59 % contre 31 %.
C’est le caractère imprévisible de Johnson plus que la probabilité qu’il fasse glisser le pays à l’extrême-droite qui risque d’inquiéter la majorité de la communauté juive
Le rôle tenu par Johnson à la barre de la campagne du camp du Brexit, qui s’était focalisée sur l’immigration et qui avait fait appel à des Britanniques plus âgés et plus conservateurs, démontre la raison pour laquelle l’ex-secrétaire aux Affaires étrangères avait gagné sa réputation de caméléon politique.
En quelques mois seulement, son image s’était transformée, passant de celle d’une personnalité cosmopolite et haute en couleurs prônant un agenda social-libéral lorsqu’il était à la mairie de Londres à l’incarnation du héros des partisans du Brexit issus de la ligne la plus dure. (Johnson maintient pour sa part que le Brexit est un projet libéral qui ouvrira la Grande-Bretagne au monde au-delà de l’Union européenne et il reste un fort soutien de l’immigration).
Il est vrai que les actions de Johnson qui ont suivi n’ont guère apaisé les Britanniques libéraux. L’année dernière, il a été âprement critiqué par les leaders de la communauté juive après avoir dit que les femmes musulmanes portant la burka étaient « absolument ridicules » et qu’elles ressemblaient à des « boîtes aux lettres » et à des « braqueurs de banque ». Le Jewish Leadership Council avait qualifié les propos de Johnson « d’outrageusement scandaleux » tandis qu’un éminent rabbin l’avait accusé de « racisme souriant ».
Le Jewish Chronicle, pour sa part, avait comparé le secrétaire aux Affaires étrangères à un « pilier de bar ».

La rencontre, l’été dernier, entre Johnson et Steve Bannon, l’ancien conseiller stratégique en chef de Donald Trump et éminent partisan du mouvement « alt-right », a été également fustigée.
Néanmoins, c’est le caractère imprévisible de Johnson plus que la probabilité qu’il fasse glisser le pays vers l’extrême-droite qui risque d’inquiéter la majorité de la communauté juive. Ce trait s’est illustré de manière évidente, par exemple, lorsque – en contraste frappant avec le Premier ministre de l’époque David Cameron – Johnson avait soudainement attaqué Israël, pendant la guerre de 2014 à Gaza – qui est également connue sous le nom de Bordure protectrice – affirmant que les actions de l’Etat juif étaient « disproportionnées et tragiques ».
De plus, la réputation de Johnson en tant que mise gagnante lors des scrutins électoraux n’a pas plus été testée depuis le rôle qu’il a tenu dans le référendum. Les sondages suggèrent actuellement que seulement 28 % des votants estiment qu’il serait un bon Premier ministre.

Comme la chroniqueuse du Times Rachel Sylvester l’a écrit cette semaine : « Il est encore considéré comme une mise électorale gagnante parce qu’il a été élu maire de Londres à deux reprises mais depuis le référendum sur le Brexit, il s’est transformé de politicien Heineken – susceptible d’atteindre des portions de la population que les autres ne parviennent pas à mobiliser – à un candidat Marmite qui répugne au moins autant qu’il est adoré ».
L’élection de Johnson l’impopulaire pourrait donc ouvrir la porte à Corbyn au poste de Premier ministre. Sinon, la perspective d’un choix entre Corbyn et Johnson lors d’élections générales pourrait bien redynamiser les efforts de formation d’une sorte de parti centriste qui pourrait bouleverser le paysage politique.
La relation entretenue entre un grand nombre d’autres candidats conservateurs potentiels et la communauté juive reste encore à écrire. Leurs points de vue sur Israël restent pour la plupart inconnus. Le successeur de Johnson au Foreign Office, Jeremy Hunt, cherche également à se présenter. Il a pris son poste l’été dernier, et il semble avoir adopté dans le passé une approche plus critique d’Israël que de nombreux autres hauts-responsables des Tories.

Il a néanmoins fait preuve d’une attitude bien plus chaleureuse au cours de l’année passée. Au mois de janvier, il a prononcé un discours devant le groupe conservateur des amis d’Israël au cours duquel il a évoqué son « admiration » pour l’Etat juif et déclaré que son droit à l’auto-défense était « absolument inconditionnel ».
Il a également qualifié la limitation de l’immigration juive en Palestine par la Grande-Bretagne de « moment noir » de l’histoire du pays.
Johnson pourrait se retrouver en concurrence pour le vote des candidats pro-Brexit avec Dominic Raab, un jeune politicien, déjà ancien ministre, dont le père juif était arrivé dans le pays depuis la Tchécoslovaquie en 1938. Raab a néanmoins été élevé en tant qu’anglican. Il connaît bien le Moyen-Orient, ayant travaillé pour le Foreign Office et ayant servi de conseiller sur la question du conflit israélo-palestinien. En 1998, il avait passé un certain temps à l’université Birzeit où il travaillait pour l’un des principaux négociateurs palestiniens dans le cadre des accords de paix d’Oslo.

Dans un discours puissant prononcé lors de la conférence du parti, à l’automne dernier, il avait invoqué son père juif pour attaquer Corbyn dans le scandale de l’antisémitisme au sein du Labour.
« Je le dis au Labour : Oui, vous seriez surpris du nombre de Britanniques qui prennent cette affaire personnellement », avait-il clamé. Il avait ensuite accusé la formation « d’intimidation, de fanatisme, de quête éternelle du bouc émissaire – particulièrement les Juifs ».
Et deux autres candidats probables – le secrétaire à l’Environnement Michael Gove et le secrétaire d’Etat à l’intérieur Sajid Javid – sont, de leur propre aveu, pro-israéliens.
Javid, premier musulman à la tête de l’un des plus grands ministères britanniques, est un allié de longue date de la communauté juive. Fils d’immigrants pakistanais, il est un millionnaire autodidacte qui s’est élevé rapidement dans les rangs des Tories depuis qu’il a été élu député en 2010.
Deux ans après sa première élection, Javid avait concentré tous les regards lors du déjeuner annuel du groupe conservateur des amis d’Israël en prononçant un hymne passionné à l’Etat juif.

« Je suis un musulman né en Grande-Bretagne, j’en suis fier, et j’adore mon pays plus que n’importe quel autre sur terre », avait-il dit en commençant avant de déclarer que s’il devait partir vivre au Moyen-Orient, il ne choisirait pas Dubaï « avec sa vie urbaine vibrante et ses vertigineux gratte-ciels », ni l’Arabie saoudite, « nation fabuleusement riche et berceau du saint prophète Mahomet ».
Israël est la seule nation au Moyen-Orient où ma famille pourrait ressentir la chaude étreinte de la liberté
« Il n’y a qu’un seul endroit où il me serait possible d’aller », avait-il continué. « En Israël. la seule nation au Moyen-Orient qui partage les mêmes valeurs démocratiques que la Grande-Bretagne. Et la seule nation du Moyen-Orient où ma famille pourrait ressentir la chaude étreinte de la liberté“, avait-il ajouté.
« Pour un musulman britannique, ça a été une intervention extraordinaire et courageuse dans le monde de la défense d’Israël », avait alors noté le chroniqueur politique du Jewish Chronicle.
Cette prise de parole favorable n’avait pas non plus été un cas isolé. Javid devait railler plus tard ceux qui avaient suggéré que des excuses soient présentées aux Palestiniens pour la déclaration Balfour, en disant : « Ici, nous ne nous contentons pas de marquer un centenaire. Nous le fêtons avec fierté ».
Javid avait également utilisé ses postes ministériels à la Culture et aux Communautés et au gouvernement local pour contrecarrer les efforts livrés par le mouvement BDS. Ce n’est pas une coïncidence si la bataille ayant abouti à l’interdiction, dans le pays, des branches armée et politique du Hezbollah (seule la première était interdite auparavant) a été menée sous son autorité.
Javid s’est également appuyé sur ses propres expériences du racisme pour attaquer le parti Travailliste sur la question de l’antisémitisme. Sa condamnation des « antisémites de salon » dans l’incapacité de « condamner le meurtre d’enfants juifs en France sans faire une critique sous forme d’avertissement au gouvernement israélien » et ses appels à lutter contre la haine anti-juive – « Nous devons en fin de compte être prêts à faire l’une des choses les plus anti-britanniques, nous devons être prêts à faire une scène » – lui ont valu les éloges des personnalités communautaires majeures dans le pays.
Un ami particulier
Dans son admiration pour Israël comme dans sa proximité avec la communauté juive, Javid n’est probablement surpassé que par Gove. Proche allié de Cameron dans le passé, le secrétaire d’Etat à l’Environnement a été – comme Johnson – une personnalité déterminante dans la campagne du Brexit. Toutefois, tandis qu’il a une réputation de dureté – son attaque contre son allié d’autrefois, Johnson, avait réduit les espoirs de leadership de ce dernier à néant en 2016 et elle avait été qualifiée « d’assassinat politique le plus spectaculaire en une génération » – il est difficile de le considérer comme opportuniste.
C’est certain : Son soutien à Israël et à la communauté juive a toujours été fort et avéré. Comme l’avait écrit Daniel Finkelstein, Tory juif et membre de la chambre des Lords en plus d’être commentateur politique, lorsque Gove avait été nommé au cabinet en 2010 : « Il est difficile de trouver dans la politique moderne un politicien aussi amical pour la communauté juive que l’est Michael Gove ».

Et Gove n’aura pas démérité sur cette question au cours des neuf dernières années. Ses mises en garde répétées contre les menaces d’antisémitisme – qu’il formulait déjà bien avant l’arrivée à la tête du parti Travailliste de Cobyn – soulignent qu’il ne considère pas le sujet comme une cause qui lui permettrait de marquer des points politiques.
En 2014, par exemple, il avait qualifié l’antisémitisme de « virus résurgent, mutant et létal » devant le Holocaust Education Trust (avec lequel, alors qu’il était secrétaire à l’Education, il avait développé une relation de proximité), reliant explicitement l’essor de la haine anti-juive au mouvement BDS.
L’année dernière, il a prononcé un discours enthousiaste devant la conférence des conservateurs dans lequel il a promis une « solidarité inébranlable » de son parti avec la communauté juive. Attaquant Corbyn, il a déclaré que « lorsque nos amis et nos voisins juifs vivent dans la peur de leur avenir, nous nous tenons à leurs côtés ».
Gove a également affirmé qu’il défendrait le droit à l’existence d’Israël « aussi longtemps que je respirerai »
Il est aussi, comme l’a dit le Jewish Chronicle à une occasion, « le sioniste le plus ardent au sein du gouvernement ». Le secrétaire d’Etat à l’Environnement a célébré le 70ème anniversaire de l’Etat juif, l’année dernière, en qualifiant Israël « d’inspiration ».
« Il démontre que l’esprit humain peut réaliser des choses sidérantes, en relevant des défis incroyables. Le peuple juif, après des millénaires de persécution, s’est construit un foyer alors qu’il est entouré d’ennemis, et il a fait de ce foyer un phare de liberté », a-t-il écrit.

Il a aussi dénoncé « l’énergie obscure et furieuse » de l’activisme anti-israélien et dit que les ennemis d’Israël ne voulaient pas « un Israël plus petit, mais plus d’Israël du tout ». Son attachement à l’Etat juif est tel qu’en 2012, il a déclaré lors d’un dîner du Board of Deputies qu’il avait commencé à apprendre l’hébreu.
Dans un discours remarquable prononcé en 2011, Gove a également affirmé qu’il défendrait le droit à l’existence d’Israël « aussi longtemps que je respirerai », qualifiant le soutien à l’Etat juif de « test moral pour nous tous ».
Il a ensuite lancé une attaque féroce contre les critiques d’Israël : « Je suis obligé de poser certaines questions. Comment cela se fait-il que dans ces cris en faveur des indemnisations et du droit au retour des Palestiniens, il n’y ait aucune demande d’indemnisation pour les Juifs qui ont été expulsés d’Alep ou d’Alexandrie ? Comment cela se fait-il qu’un État palestinien ne puisse exister, aux yeux de beaucoup, que tant qu’il sera purgé de ses citoyens Juifs, de leurs maisons ? »
Un Premier ministre avec un tel état d’esprit ne ferait pas que seulement maintenir l’attitude amicale envers Israël des gouvernements Cameron et May. A Downing Street, Gove réorienterait probablement la police étrangère britannique, faisant de la Grande-Bretagne le plus proche soutien et défenseur européens de l’Etat juif et le plus redoutable adversaire de ses ennemis.
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