Les casinos rebondissant, Adelson pourrait reprendre ses activités philanthropiques
La pandémie ayant entraîné une baisse des revenus des casinos, les dons politiques et caritatifs de la veuve de Sheldon Adelson ont diminué et les actifs de sa fondation ont chuté
JTA – La chaîne de casinos contrôlée par la méga-donatrice israélo-américaine Miriam Adelson recommence à verser des dividendes à ses actionnaires, ouvrant potentiellement la voie à un nouveau départ pour la fondation philanthropique de la famille.
L’Adelson Family Foundation, fondée par Miriam et son défunt mari, Sheldon Adelson, a été une source de dons importante pour de nombreuses organisations juives, notamment le fameux programme Taglit-Birthright. Le couple était également actif en politique et a soutenu des campagnes républicaines. Mais après la stagnation touchant l’industrie des casinos dès le début de la pandémie, les dons d’Adelson à des causes caritatives et politiques ont peu à peu diminué.
Les actifs détenus dans le fonds de bienfaisance de la famille sont passés de plus de 200 millions de dollars avant la pandémie à 37 millions de dollars en 2021, car le fonds a distribué de l’argent à la fondation et à d’autres causes sans être réapprovisionné, selon les documents déposés auprès de l’Internal Revenue Service (IRS) – l’agence du gouvernement fédéral des États-Unis qui collecte l’impôt sur le revenu et des taxes diverses.
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Les subventions de la fondation ont chuté à 80 millions de dollars en 2021, contre 100 millions de dollars l’année précédente et 117 millions de dollars en 2019, selon les dossiers de l’IRS. La fondation ne disposait que d’environ 6 millions de dollars de réserves à la fin de l’année 2021. Les chiffres plus récents ne sont pas encore disponibles.
La baisse des dons a eu un impact significatif. Le programme Taglit-Birthright, par exemple, a vu son financement par l’Adelson Family Foundation réduit de moitié au cours de chacune des deux dernières années, entraînant une baisse du nombre de voyages gratuits pour les jeunes juifs américains en Israël.
Aujourd’hui, les perspectives commerciales d’Adelson semblent s’améliorer. Sa société Las Vegas Sands Corp. a annoncé qu’elle verserait des dividendes à ses actionnaires pour la première fois depuis plus de trois ans, alors qu’elle commence à se remettre du ralentissement du trafic aérien et de l’hôtellerie dans le monde, en raison de la pandémie. La part de Miriam Adelson devrait s’élever à environ 87 millions de dollars pour le trimestre, une somme substantielle mais qui ne représente qu’une fraction de ce qu’elle et son époux récoltaient régulièrement avant la pandémie.
On ne sait pas si, ni quand, cette injection de fonds permettra de rétablir le financement des diverses organisations qui ont vu leur soutien diminuer depuis plusieurs années, notamment depuis la mort de Sheldon Adelson à l’âge de 87 ans, il y a plus de deux ans. Les représentants de sa veuve ont déclaré qu’elle ne donnait pas d’interviews pour le moment ; Michael Bohnen, président de la Fondation de la famille Adelson, s’est quant à lui refusé à tout commentaire.
La liste des organisations qui ont bénéficié du soutien de Miriam Adelson est longue et variée. Elle comprend des groupes de défense de droite tels que l’Israeli-American Council et la Zionist Organization of America (ZOA ; la Maccabee Task Force, un groupe pro-Israël sur les campus fondé par des conservateurs ; des groupes de collecte de fonds américains au profit de l’armée israélienne ; le musée et mémorial de la Shoah, Yad Vashem, à Jérusalem ; et l’Adelson Family Campus, une grande école juive de Las Vegas, où vit Miriam Adelson.
Jonathan Sarna, professeur d’histoire juive américaine à l’université Brandeis, s’est dit confiant dans l’engagement de la famille Adelson envers les œuvres caritatives qu’elle a soutenues.
« La famille Adelson a joué un rôle essentiel dans Birthright Israel et dans l’organisation de la grande communauté d’Israéliens aux États-Unis par l’intermédiaire de l’Israeli-American Council (IAC) », a-t-il déclaré. « Elle a également contribué à d’innombrables autres projets philanthropiques juifs, notamment les écoles juives et la communauté juive de Las Vegas. Je ne doute pas que la famille poursuivra sa traditionnelle philanthropie. »
Andrés Spokoiny, PDG du Jewish Funders Network, a déclaré que le monde de la philanthropie juive n’évolue pas en fonction d’un seul donateur, même d’une philanthrope aussi importante qu’Adelson.
« Le paysage du financement est diversifié et il n’y a pas de sentiment de dépendance à l’égard d’un seul donateur », a-t-il déclaré.
Le nom d’Adelson est également important dans la politique républicaine. Le couple a battu le record du plus grand nombre de dons versés dans un cycle électoral en 2020, avec près de 173 millions de dollars de contributions à la campagne. Mais pour les élections de mi-mandat de 2022, le couple Adelson – puis sa veuve depuis peu – n’a donné qu’une fraction de cette somme, sans aucune contribution à la Coalition juive républicaine (RJC), dont le principal mécène est le fondateur de WhatsApp, Jan Koum, qui avait fait un don de 1,35 million de dollars au Super PAC de la RJC.
Le rétablissement des dividendes a été rendu possible par l’augmentation de la fréquentation des casinos Sands à Macao et à Singapour au cours des derniers mois, qui ont généré des recettes de 2,5 milliards de dollars au deuxième trimestre, soit le double de ce qu’elles étaient il y a un an. Les dirigeants de la société ont déclaré que l’activité n’avait pas encore retrouvé son niveau d’avant la pandémie, ce qui laisse entrevoir une marge de croissance supplémentaire.
« À Macao, nous sommes heureux de constater que la reprise en cours dans tous les secteurs du jeu, entre autres, progresse au cours du trimestre », a déclaré Rob Goldstein, PDG de Sands, lors d’une conférence téléphonique avec les investisseurs le 19 juillet. « Nous restons très enthousiastes à l’idée de poursuivre nos investissements pour renforcer l’attrait touristique de Macao pour les voyageurs de toute la région, y compris pour les touristes étrangers de Macao. »
Grâce à la rentabilité de Sands, la société verse à ses actionnaires un dividende de 20 cents par action. La participation d’Adelson, d’environ 57 %, est évaluée à plus de 35 milliards de dollars, ce qui la situe parmi les 40 personnes les plus riches du monde selon Forbes.
Sous la direction de Miriam Adelson, Sands a fait pression pour légaliser les jeux d’argent au Texas et poursuit ses démarches pour obtenir l’une des trois licences d’exploitation d’un casino à New York.
Sheldon Adelson, qui a fondé Las Vegas Sands et en a été le PDG alors qu’elle devenait un empire international du jeu et de la villégiature, est décédé en janvier 2021, après avoir vécu assez longtemps pour voir les revenus de Sands s’effondrer en raison des fermetures liées au COVID. L’année suivante, la société, désormais contrôlée uniquement par Miriam, a vendu ses principales propriétés de Las Vegas, The Venetian et le Sands Expo and Convention Center, pour 6,5 milliards de dollars afin de miser sur ses casinos et centres de villégiature asiatiques.
Ce n’est pas la première fois que l’empire Adelson fait face à des vents économiques contraires pour ensuite s’en remettre. Adelson avait commencé à s’implanter en Asie avant la crise financière de 2008, empruntant massivement pour financer la construction de nouveaux casinos et hôtels. L’entreprise avait alors perdu des milliards et les Adelson avaient suspendu une grande partie de leurs dons pendant quelques années.
On ne sait pas si Miriam Adelson a souhaité modifier ses priorités en matière de philanthropie à la suite du décès de son époux. Âgée de 77 ans, cette Israélienne naturalisée américaine a critiqué au début de l’année la refonte judiciaire menée par le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu, ce qui est plutôt atypique en raison du soutien de longue date des Adelson à Netanyahu.
Par rapport à son mari, Miriam s’est tenue à l’écart des projecteurs, à l’exception notable de 2018, lorsque Donald Trump lui a décerné la Médaille présidentielle de la liberté, la plus haute distinction civile du pays. Un portrait d’elle paru dans The Guardian peu de temps après a suggéré qu’elle avait été beaucoup plus influente dans les activités du couple que beaucoup ne le pensaient.
« Tout le monde dit que c’est Sheldon, mais c’est Miriam », aurait déclaré Michael Cherry, membre du conseil d’administration de la clinique de désintoxication de Las Vegas fondée par les Adelson.
Miriam et son époux ont été les plus grands donateurs de la candidature de Trump à l’élection présidentielle de 2016. Mais cette fois-ci, elle n’a pas encore annoncé son soutien à Trump, alors qu’il cherche à remporter l’investiture républicaine et à se faire réélire en 2024. Plus tôt cette année, le rival de Trump, le gouverneur de Floride Ron DeSantis, aurait courtisé Adelson et d’autres donateurs juifs conservateurs. DeSantis et Adelson ont été vus assis ensemble lors d’un dîner à Jérusalem. Mais Adelson aurait déclaré qu’elle n’avait pas l’intention de soutenir le candidat lors des primaires.
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