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Les commerçants de Jérusalem luttent pour survivre et s’inquiètent pour l’avenir

Après s'être démenées pour créer des sites web et effectuer des livraisons en pleine pandémie, les petites entreprises se demandent si elles pourront se remettre de cette crise

Jessica Steinberg est responsable notre rubrique « Culture & Art de vivre »

Sarah Weinstein a réaménagé la vitrine de sa boutique de décoration pour Yom HaHatsmaout, même si elle n'a eu aucun client en raison du coronavirus (Autorisation Sarah Weinstein)
Sarah Weinstein a réaménagé la vitrine de sa boutique de décoration pour Yom HaHatsmaout, même si elle n'a eu aucun client en raison du coronavirus (Autorisation Sarah Weinstein)

La matinée de jeudi a bien commencé pour Brandon Treger, propriétaire du café Coffee Powerworks près du marché Mahane Yehuda de Jérusalem.

Pour la première fois depuis des semaines, un policier a inspecté et autorisé Brandon Treger à offrir du café à emporter dans son échoppe de la rue Agripas.

« Nous disons tous les jours aux gens que nous ne pouvons pas les servir », explique Brandon Treger, un immigrant sud-africain qui a ouvert Coffee Powerworks avec sa femme, Stephanie Treger, il y a trois ans. « Nous avons respecté les règles même si nos voisins ont ouvert. »

Ancien auxiliaire médical en Afrique du Sud, il dit comprendre la nécessité de gérer soigneusement un événement traumatique aussi important que l’épidémie de coronavirus. En conséquence, les Treger ont suivi les règles, fermé leur comptoir et leur cuisine et se sont mis à préparer et à livrer des commandes de grains de café frais et moulus.

« Nous avons moulu la journée, puis emballé et livré pendant la nuit », relate M. Treger, qui a effectué des livraisons avec sa femme à 3 heures du matin plus d’une fois.

Brandon Treger a été autorisé à rouvrir son café Coffee Powerworks le 23 avril 2020 pour les commandes à emporter uniquement, après des semaines de fermeture imposées par le coronavirus. (Autorisation : Brandon Treger)

Ils livraient leurs grains de café dans les environs de Jérusalem, ainsi qu’à Mitzpe Yericho, Maale Adumim, Modiin et Beit Shemesh.

« Nous travaillons cinq fois plus dur pour moins d’argent et moins de profit », déplore-t-il. « Nous avons compris, il y a le fléau du coronavirus, c’est pourquoi les temps sont durs. Mais nous avons réussi à nous adapter et à changer, et dans ces circonstances, nous avons la chance d’être ici, à nous occuper les uns des autres, dans ce pays étonnant. »

S’adapter aux temps nouveaux est devenu le mantra de nombreux propriétaires de petites entreprises, dont la plupart n’ont pas encore pu rouvrir.

Alors que l’économie israélienne permet progressivement aux entreprises d’ouvrir après une fermeture de plusieurs semaines – la chaîne d’ameublement Ikea a ouvert ses portes dimanche dernier – les petites entreprises, les magasins individuels tels que les boutiques de vêtements, les fleuristes, les coiffeurs et les boutiques de cadeaux ont dû garder leurs portes fermées.

« Comment peuvent-ils ouvrir Ikea dans cet environnement », s’interroge Sarah Weinstein, dont le magasin d’articles ménagers haut de gamme, 4U Gifts, a été fermé aux clients depuis la mi-mars jusqu’à dimanche dernier. « Ce n’est pas un magasin autonome, ce n’est pas un petit magasin indépendant. »

4U, qui existe depuis 32 ans, peut compter sur une clientèle fidèle. Sarah Weinstein a acheté le magasin au précédent propriétaire, et elle a commencé à faire des livraisons durant les premières semaines de fermeture. Elle montre aux clients les produits en utilisant la vidéo de WhatsApp et les livre en fin de journée.

La semaine précédant Pessah, un petit nombre de clients ont voulu acheter des casseroles, des poêles et des couverts pour les fêtes.

« Beaucoup d’entre eux voyagent habituellement pour Pessah, ils ne sont donc pas habitués à être chez eux », explique-t-elle. « J’ai vendu différents plats en verre. »

Étant donné qu’au moins 50 % de l’activité de 4U Gifts provient des produits de mariage généralement créés sur le site web du magasin, cette partie de l’activité a également été décimée, « jusqu’à ce que les gens se remarient », indique Sarah Weinstein.

Merav Sami du café Zariffa, à Jérusalem, essaie de rester en activité pendant la pandémie de coronavirus. (Jessica Steinberg/Times of Israël)

Cette semaine, elle est revenue au magasin de 10 à 17 heures, maintenant que les magasins d’articles ménagers peuvent ouvrir. Un seul client à la fois est autorisé à entrer, et chacun se voit prendre sa température. Des masques et des gants sont également disponibles pour ceux qui oublient d’apporter les leurs.

Pour l’instant, cependant, il n’y a pas de file d’attente à l’extérieur de son magasin de la rue Hebron.

« C’est une bonne chose que je ne paie personne d’autre que moi », commente Sarah Weinstein.

Elle n’a droit à aucune des subventions offertes par le gouvernement, car son entreprise est constituée en société. Les 6 000 shekels accordés aux entrepreneurs indépendants « sont une blague », dénonce-t-elle, « ça ne paie même pas mon loyer ».

« C’est un effet domino », dit-elle. « Mon propriétaire a aussi besoin d’argent. Nous sommes tous dans le même bateau, mais nous allons survivre dans une nouvelle réalité, quelle qu’elle soit. »

La découverte de nouvelles méthodes de travail a aidé certains des propriétaires de petites entreprises à surmonter les difficultés de ces dernières semaines, même si les avantages financiers étaient mineurs.

La créatrice de vêtements de Jérusalem, Anat Friedman, a déclaré qu’elle était sous le choc de la première semaine et demie de fermeture, après avoir envoyé quatre employés en congé sans solde et interrompu le processus de création d’un système de commande en ligne pour sa boutique du centre-ville.

La couturière hiérosolomytaine Anat Friedman a décidé de servir elle-même de modèle pour sa collection printemps lorsque le coronavirus a frappé, la contraignant à fermer sa boutique. (Autorisation : Adir Alharar)

Elle n’avait pas non plus encore photographié sa nouvelle collection de printemps.

Mais ayant au moins la moitié de sa collection chez elle, Anat Friedman a décidé qu’elle et sa mère officieraient comme modèles et qu’elle téléchargerait les photos prises avec un smartphone sur son site web.

« C’était nouveau et bizarre de me mettre sur le site web, mais c’étaient des photos honnêtes », explique-t-elle. « Ça a touché beaucoup de femmes, qui ont envoyé des messages pour dire à quel point elles aimaient voir les vêtements sur de vraies personnes. »

La créatrice de mode Anat Friedman en mannequin de sa collection printemps 2020, après avoir été contrainte de fermer sa boutique et son atelier en raison du coronavirus. (Autorisation : Adir Alharar)
La créatrice de mode Anat Friedman en mannequin de sa collection printemps 2020, après avoir été contrainte de fermer sa boutique et son atelier en raison du coronavirus. (Autorisation : Adir Alharar)

Le renforcement positif a motivé Friedman à continuer, et elle a engagé un professionnel pour photographier dix clientes différentes à leur domicile, certaines avec leur mère également, pour des clichés qui seront utilisés dans un catalogue en ligne.

La créatrice de mode Anat Friedman en mannequin de sa collection printemps 2020, après avoir été contrainte de fermer sa boutique et son atelier en raison du coronavirus. (Autorisation : Adir Alharar)
La créatrice de mode Anat Friedman en mannequin de sa collection printemps 2020, après avoir été contrainte de fermer sa boutique et son atelier en raison du coronavirus. (Autorisation : Adir Alharar)

« S’il y a un moment pour le faire, c’est maintenant », estime-t-elle.

En attendant, elle s’occupe également des livraisons aux clients, offrant des livraisons et des retours gratuits, ainsi que des bons d’achat de 200 shekels qui sont valables pour 300 shekels d’achats.

« J’ai besoin de mon entreprise pour survivre, c’est comme une solution de financement participatif », justifie-t-elle.

Anat Friedman a un peu moins peur maintenant, mais elle est anxieuse de retourner au magasin, se demandant si les gens vont venir et dépenser de l’argent. Bien sûr, impossible de le savoir.

« Les gens vont-ils dépenser de l’argent pour quelque chose dont ils n’ont pas résolument besoin ? », s’interroge-t-elle. « Les vêtements ne sont pas des médicaments. »

Chloe Levy (au milieu) et Anna Hoenel, co-fondatrices de My Little Factory, se sont empressés de créer leur site web et de proposer des livraisons pendant la fermeture de leur boutique de Jérusalem en raison du coronavirus. (Autorisation : Chloe Levy)

Anna Hoenel et Chloe Levy, les copropriétaires de My Little Factory, qui vend des articles pour bébés et des jouets pour enfants sur mesure et importés, avaient les mêmes préoccupations, indique Chloe Levy.

La boutique d’Old Katamon était fermée depuis le 15 mars, et elles ont fini par se démener pour mettre au point un site web.

« Cela nous a poussées à le faire », explique Chloe Levy, qui s’occupe des livraisons des marchandises commandées sur le site. « Ça ne fonctionne pas exactement comme prévu, mais au moins nous avons pu payer nos factures. Sinon, nous aurions dû fermer. »

Des ukulélés faits-main qui jouent Edith Piaf et John Lennon font partie des objets vendus à My Little Factory, une boutique de Jérusalem qui s’efforce de survivre à sa fermeture imposée par le coronavirus. (Autorisation : My Little Factory)

La plupart de leurs produits sont fabriqués à la main par Anna Hoenel et d’autres artisans de Jérusalem, des oreillers en forme de ukulélé qui jouent Frank Sinatra et Stevie Wonder, aux douces couvertures pour bébé, serviettes et lapins en peluche à fleurs.

Elles n’ont reçu aucune aide du gouvernement, ni aucun prêt bancaire, indique Mme Levy, ce qui les a obligées à trouver d’autres solutions.

Comme les autres propriétaires de petites entreprises, elles se sont également tournées vers WhatsApp, travaillant avec les clients par appels vidéo et leur envoyant des photos des articles du magasin.

Et lorsque le temps s’est réchauffé, elles ont dû déplacer leur stock de 200 paires de sandales Saltwater importées. Comme elles ne peuvent pas aider physiquement leurs jeunes clients à essayer les sandales de fabrication américaine, elles feront du porte-à-porte à Modiin et Tekoa, où les clients ont participé à la création des groupes WhatsApp pour les parents qui veulent acheter ces sandales en cuir pour leurs enfants.

« C’est le moment de les vendre », commente Chloe Levy. « Si je ne vends pas l’inventaire maintenant, je vais me retrouver avec 200 paires de sandales sur les bras. »

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