Israël en guerre - Jour 425

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Reportage

Les évacués du nord se demandent si l’accord de cessez-le-feu est suffisant pour rentrer

Alors que certains se disent consternés par l'absence persistante de plans de sécurité pour leurs communautés, d'autres rêvent d'un retour à une vie "normale"

  • Miro Vahknin, dans son salon de coiffure, membre de l'équipe de première intervention du kibboutz Rosh HaNikra, à Nahariya. (Crédit : Diana Bletter/Times of Israel)
    Miro Vahknin, dans son salon de coiffure, membre de l'équipe de première intervention du kibboutz Rosh HaNikra, à Nahariya. (Crédit : Diana Bletter/Times of Israel)
  • Gali et Itzik Cohen dans leur jardin temporaire, à Bustan HaGalil, le 26 novembre 2024. (Crédit : Diana Bletter/Times of Israel)
    Gali et Itzik Cohen dans leur jardin temporaire, à Bustan HaGalil, le 26 novembre 2024. (Crédit : Diana Bletter/Times of Israel)
  • Amir Awad, devant la boulangerie Bonjour Mazraa, le 26 novembre 2024. (Crédit : Diana Bletter/Times of Israel)
    Amir Awad, devant la boulangerie Bonjour Mazraa, le 26 novembre 2024. (Crédit : Diana Bletter/Times of Israel)

NAHARIYA – Le jour, Miro Vahknin travaille dans son salon de coiffure dans la ville côtière de Nahariya. La nuit, il fait partie de l’équipe de première intervention de son kibboutz, Rosh HaNikra, qui jouxte la frontière nord.

Il dort rarement à la maison avec ses enfants et son épouse, qui ont été évacués du kibboutz il y a plus d’un an et qui vivent désormais dans la ville voisine de Nahariya. Ses affaires y ont chuté de 40 %, car une grande partie de la population du nord d’Israël est actuellement évacuée.

Mais Vahknin ne veut pas qu’Israël signe le cessez-le-feu attendu avec le groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah.

« Malgré les difficultés rencontrées dans ma vie personnelle, je préférerais que nous continuions à nous battre et que nous n’acceptions un cessez-le-feu que lorsque nous aurons vraiment le contrôle de la situation », a déclaré Vakhnin par un mardi matin pluvieux, alors qu’il mangeait un sandwich préparé à la hâte devant son salon de coiffure.

Il s’est interrompu en recevant une alerte sur son téléphone. « Vous voyez », dit-il en montrant l’écran. « Il y a une infiltration de drone. S’il y a une urgence, je dois partir immédiatement. »

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu et le cabinet de sécurité de haut niveau à Tel Aviv devraient approuver mardi soir un cessez-le-feu de 60 jours avec le Hezbollah au Liban, après plus d’un an de guerre déclenchée par le groupe terroriste soutenu par l’Iran.

La scène de l’impact mortel d’une roquette après un tir de barrage en provenance du Liban, à Nahariya, le 12 novembre 2024. (Crédit : Magen David Adom)

Dans le même temps, un responsable a souligné qu’Israël n’accepterait qu’une cessation des hostilités, et non la fin de la guerre contre le Hezbollah.

Depuis le 8 octobre 2023, le Hezbollah attaque quotidiennement les communautés israéliennes et les postes militaires le long de la frontière avec des roquettes, des drones, des missiles antichars et d’autres moyens, affirmant qu’il le fait pour soutenir Gaza dans le cadre de la guerre qui a été déclenchée par le pogrom perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas le 7 octobre 2023 dans le sud d’Israël.

Quelque 60 000 habitants ont été évacués des villes du nord, à la frontière du Liban, peu après l’assaut barbare et sadique du Hamas le 7 octobre, de crainte que le Hezbollah ne mène une attaque similaire et en raison de l’augmentation des tirs de roquettes par le groupe terroriste. Israël s’efforce de sécuriser le retour des habitants, notamment par le biais d’une opération terrestre lancée en septembre.

Alors que certains habitants du nord se réjouissent de la possibilité de retrouver leurs maisons et leurs habitudes d’avant-guerre, les responsables du nord ont exprimé leur inquiétude quant à un accord de cessez-le-feu qui, selon eux, ne garantirait pas la sécurité de la région.

David Azoulaï, maire de Metoula. (Crédit : Capture d’écran/Ynet ; utilisée conformément à la clause 27a de la loi sur les droits d’auteur)

Le maire de Metoula, David Azoulaï, a vivement dénoncé l’accord de cessez-le-feu attendu, déclarant au Times of Israel qu’il s’agissait d’un « accord de reddition du gouvernement israélien au groupe terroriste du Hezbollah ».

L’accord « permet au Hezbollah de se reconstituer et de reconstruire son infrastructure armée », a averti Azoulaï.

Azoulaï craint également que le Hezbollah n’attaque les habitants du nord comme le Hamas l’a fait le 7 octobre 2023, lorsque quelque 6 000 Gazaouis dont 3 800 terroristes dirigés par le Hamas ont pris d’assaut le sud d’Israël, tué plus de 1 200 personnes, principalement des civils, enlevé 251 otages de tous âges – commettant de nombreuses atrocités et perpétrant des violences sexuelles à grande échelle.

Mais dans le nord, a déclaré Azoulaï, « ce sera 30 à 40 fois plus dévastateur que le désastre dans le sud ».

Faire la paix avec ses ennemis

Dans la ville arabe de Mazraa, à environ 4 kilomètres au sud de Nahariya, Amir Awad, un avocat spécialisé dans le droit du travail, s’est dit en faveur d’un cessez-le-feu.

« Il faut faire la paix avec ses ennemis, pas avec ses amis », a déclaré Awad à l’entrée du village, à côté de la boulangerie Bonjour, dont il est également le propriétaire. Il estime qu’Israël doit résoudre le problème avec le Hezbollah « politiquement et non militairement ».

Les attaques du Liban contre le nord d’Israël depuis octobre 2023 ont causé la mort de 44 civils, dont un homme de 27 ans qui a été tué par le dysfonctionnement d’un missile d’interception du système de défense anti-missile du Dôme de fer lors d’une attaque de drone du Hezbollah juste à l’extérieur de Mazraa en août.

Amir Awad, devant la boulangerie Bonjour de Mazraa, le 26 novembre 2024. (Crédit : Diana Bletter/Times of Israel)

Awad a déclaré que la guerre avait provoqué des traumatismes chez les enfants.

« Nous avons besoin de paix. Nous avons besoin d’un retour à la vie normale. »

Il s’est dit favorable à l’accord car « la poursuite des combats n’a pas apporté les résultats escomptés ».

D’autres habitants du nord ne sont pas d’accord.

Moshe Davidovich, chef du Conseil régional de Mateh Asher et président du Forum de la zone de conflit, a déclaré dans un communiqué que si un accord était signé entre le Liban et Israël sans inclure la création d’une zone tampon près de la frontière avec une « force internationale forte et le retrait du Hezbollah au-delà du fleuve Litani », Israël commettrait une « erreur historique ».

« Nous répéterons l’histoire », a-t-il déclaré.

« En faisant face à des promesses non tenues et à des accords inefficaces, comme nous l’avons fait après la première et la deuxième guerre du Liban. »

Sur les trente-deux communautés de la région de Mateh Asher, huit ont été évacuées, et plus de 7 000 résidents sont considérés comme des citoyens évacués à l’intérieur de leur propre pays.

Moshe Davidovich, chef du Conseil régional de Mateh Asher, devant une carte de la région, dans son bureau, le 23 septembre 2024. (Crédit : Diana Bletter/The Times of Israel)

Il a estimé qu’Israël ne devrait signer qu’un accord dans lequel la sécurité des habitants du nord serait assurée.

Une économie en ruine dans le nord

Nahum Rachamim n’a jamais quitté la ville évacuée de Shlomi, qui se trouve juste à la frontière nord.

Outre la colère qu’il éprouve à l’égard du gouvernement en raison de ce qu’il perçoit comme un « abandon du nord », il se dit également préoccupé par le fait que l’économie est « ruinée ».

La place de l’hôtel de ville vide, à Nahariya, le 26 novembre 2024. (Crédit : Diana Bletter/Times of Israel)

Il a ajouté que certaines personnes qui ont quitté le nord « ne reviendront jamais ».

« Il y aura un cessez-le-feu, mais il n’y aura pas de gens pour vivre ici », a estimé Rachamim.

Même Nahariya, une ville balnéaire animée, habituellement bordée de cafés et de boutiques, était vide.

Un barrage de dix roquettes a visé la ville et les zones voisines dans la nuit de lundi à mardi, entraînant l’hospitalisation d’une femme de 70 ans dont l’état est grave. Le 21 novembre, un homme a été tué lors d’une autre attaque à la roquette contre la ville.

Rétablir la confiance

Gali et Itzik Cohen ont été évacués du kibboutz Adamit après le début de la guerre en octobre 2023. Le kibboutz, qui compte environ 300 membres, est situé à côté de la ville bédouine d’Arab al-Aramshe, à moins de 5 kilomètres de la frontière libanaise.

Le couple vit actuellement à Bustan HaGalil, une communauté proche d’Akko.

Gali a interrompu son enseignement par téléconférence pour s’entretenir avec l’auteure de ces lignes.

« Je suis en faveur d’un cessez-le-feu parce que je crois qu’il faut résoudre les problèmes par un accord plutôt que par la force », a-t-elle déclaré.

Pourtant, elle n’est pas sûre de retourner à Adamit une fois l’accord de cessez-le-feu conclu. Elle dit s’être habituée à sa nouvelle communauté et à ne plus avoir à monter la longue colline sinueuse pour se rendre à Adamit, qu’elle appelle « la périphérie de la périphérie ».

« Je veux être sûre que si nous revenons, je pourrais me promener à l’extérieur et me sentir en sécurité », dit-elle.

« Je veux aussi voir lesquels de mes amis reviendront et si mes petits-enfants reviendront. »

Itzik, qui gère les vergers du kibboutz, a déclaré qu’il avait commencé à préparer les bosquets pour l’année prochaine, « comme si nous allions pouvoir revenir et recommencer ».

Depuis que la région du kibboutz a été déclarée zone militaire fermée, les travailleurs du kibboutz n’ont pas pu s’occuper de leurs cultures et de leurs arbres. Le kibboutz a perdu des milliers de pêchers, d’avocatiers, de manguiers et de nectariniers, explique Itzik.

Gali et Itzik Cohen dans leur jardin temporaire, à Bustan HaGalil, le 26 novembre 2024. (Crédit : Diana Bletter/Times of Israel)

Reconstruire l’économie du kibboutz et de la région nord environnante sera un défi, surtout si les gens sont réticents à revenir, a-t-il dit.

Itzik, qui vit à Adamit depuis 1979, a déclaré que certaines parties du mur de sécurité entre Israël et le Liban étaient endommagées, mais que cela ne l’avait jamais préoccupé auparavant. Il avait l’habitude d’emmener des visiteurs jusqu’au mur frontalier ; de là, ils pouvaient regarder vers le Liban et voir les gens « dans les villages qui vivaient leur vie ». Mais c’était avant le 7 octobre 2023.

« Peut-être vivions-nous dans une illusion », a-t-il déclaré. « Qu’en sera-t-il si un cessez-le-feu est conclu ? », a-t-il demandé. « Il y a eu des roquettes et des drones, des dommages aux bâtiments des kibboutz, et je doute que les attaques ne se reproduisent pas. » « Après le 7 octobre, notre confiance dans l’armée et le gouvernement a été rompue », a déploré Itzik. « Ils ne se soucient pas des otages. Ils ne se soucient pas du nord. Il sera très difficile de rétablir notre confiance. »

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