Israël en guerre - Jour 427

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Metula : le chemin du retour s’annonce long dans la ville « la plus bombardée » du nord d’Israël

Plus de 350 maisons et bâtiments municipaux, soit 60% de la ville, ont été totalement détruits par les tirs réguliers du Hezbollah vers le nord d'Israël depuis le 8 octobre 2023

Cette photo prise lors d'une visite pour les médias étrangers avec l'armée israélienne dans la ville de Metula près de la frontière libanaise le 15 octobre 2024, montre une maison détruite par une frappe du Liban, dans le cadre de la guerre actuelle entre Israël et le Hezbollah. (Photo Jalaa MAREY / AFP)
Cette photo prise lors d'une visite pour les médias étrangers avec l'armée israélienne dans la ville de Metula près de la frontière libanaise le 15 octobre 2024, montre une maison détruite par une frappe du Liban, dans le cadre de la guerre actuelle entre Israël et le Hezbollah. (Photo Jalaa MAREY / AFP)

Dans un bunker à Metula, ville très régulièrement bombardée par le Hezbollah libanais dans le nord d’Israël, David Azoulai exhibe des éclats de munitions comme s’il s’agissait d’une collection de musée.

« Les roquettes ont été fabriquées en Iran, Russie et Corée du Nord », dit-il doctement en manipulant les morceaux de métal déformé.

Provenant de missiles antichars, de roquettes ou encore d’un drone sophistiqué, ce ne sont pas de précieuses pièces d’antiquité mais des fragments de tirs d’artillerie du mouvement islamiste pro-iranien depuis le sud du Liban voisin.

M. Azoulai n’est pas non plus conservateur de musée mais chef du conseil régional de Metula, qu’il dépeint comme la ville « la plus bombardée » de la zone frontalière.

Occupant ces fonctions depuis une décennie, il ne siège plus dans son bureau habituel mais dans le bunker qui sert de centre opérationnel de la ville en temps de guerre.

Metula s’est vidée de ses 2 000 habitants il y a plus d’un an, quand le Hezbollah a commencé à bombarder Israël le 8 octobre 2023, au lendemain de l’attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas contre Israël, ayant déclenché la guerre à Gaza.

Une équipe de l’AFP s’est rendue sur place, dans cette zone militaire fermée, dans le cadre d’une visite de presse organisée par l’armée israélienne.

M. Azoulai a arrêté de gérer les affaires municipales ordinaires pour se concentrer sur celles ayant trait aux hostilités en cours.

Localement, les tensions ont grimpé en flèche ces dernières semaines après l’entrée fin septembre des troupes israéliennes au Liban, où Israël dit vouloir éradiquer la présence militaire du Hezbollah sur une profondeur allant jusqu’à environ 35 kilomètres à partir de sa frontière.

Israël affirme vouloir éliminer les menaces que posent les combattants du mouvement chiite libanais et ainsi permettre à ses habitants du nord, dont ceux de Metula, de rentrer chez eux.

Selon les autorités israéliennes, plus de 60 000 personnes de la région ont quitté leur foyer depuis les premiers tirs de roquettes du Hezbollah.

« Plus rien »

Mais rentrer prendra du temps, sans doute plusieurs années, disent M. Azoulai et d’autres habitants avec qui l’AFP s’est entretenue : plus de 350 maisons et bâtiments municipaux, soit 60 % de la ville, ont été totalement détruits par le conflit.

David Azulay, chef du conseil municipal de Metula, fait un geste lors d’une visite de presse organisée par le Centre de recherche et d’éducation Alma, dans la ville déserte du nord d’Israël, près de la frontière avec le Liban, le 19 mars 2024. La région frontalière est le théâtre d’échanges de tirs quasi quotidiens entre les forces israéliennes et le mouvement libanais Hezbollah depuis le 7 octobre, date de l’attaque des militants du Hamas à Gaza. Les craintes d’un nouveau conflit entre Israël et le Hezbollah se sont accrues, des dizaines de milliers de personnes ayant été déplacées de part et d’autre de la frontière et les tensions régionales étant montées en flèche. (Photo Jalaa MAREY / AFP)

Galit Yosef a été évacuée de son domicile, sur les hauteurs d’une colline, le 16 octobre 2023 et n’y est retournée qu’une poignée de fois depuis.

« Il n’y a plus rien », témoigne l’ex-employée municipale de 60 ans.

« Ma maison a été touchée plusieurs fois » par des projectiles « et, à la fin, elle a pris feu », explique-t-elle.

Vivant aujourd’hui dans un hôtel de la ville de Tibériade, au bord du lac du même nom, elle a vu famille, amis et voisins de Metula prendre graduellement eux aussi le chemin du départ.

« Tous les jours, une nouvelle maison est touchée, puis une autre et encore une autre », dit-elle.

Metula affiche aujourd’hui un visage sinistre avec ses maisons endommagées, ses routes et trottoirs criblés d’impacts et ses véhicules abandonnés, calcinés.

« Nous la reconstruirons »

Un autre résident, Aviv, qui ne décline que son prénom car il fait partie d’une force de défense composée de civils armés par l’État, estime que même si l’armée mettait fin à la guerre au Liban et que le gouvernement le permettait, revenir chez soi
« prendrait du temps ».

Pour les familles avec de jeunes enfants, un retour serait compliqué car beaucoup se sont réinstallées ailleurs, mais pour les plus âgés, le désir de rentrer est fort, affirme cet homme de 55 ans.

La peur ne serait pas un obstacle majeur pour la plupart, selon lui.

« Les gens ici ne sont pas effrayés mais il faudra qu’ils voient de leurs propres yeux ce qui a été fait » du point de vue de la sécurité, dit-il.

Il y a quelques jours, une roquette tirée depuis le Liban a tué un agriculteur et ses quatre ouvriers agricoles étrangers, rappelle Aviv.

« J’ai été le premier sur les lieux et c’est quelque chose que je ne peux tout simplement pas décrire », confie-t-il.

Pour M. Azoulai, la vie reprendra ses droits aussitôt que la sécurité aura été totalement rétablie.

« Ce ne sera pas facile de reconstruire Metula, mais nous la reconstruirons ».

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