Les habitants de Sderot sous le choc après le massacre mené par le Hamas
"C'est quelque chose que je n'ai jamais vu", confie une habitante, en évoquant les violences qui ont éclaté dans sa ville proche de la Bande de Gaza
« À chaque seconde, nous pensions que nous allions mourir », lâche Ortal Dadya, une mère de famille israélienne de 39 ans, sortant d’une pièce sécurisée [mamad, miklat] de sa résidence à Sderot où elle s’était cachée lorsque les hommes armés du groupe terroriste palestinien du Hamas ont pris d’assaut la ville.
C’est « quelque chose que je n’ai jamais vu », confie-t-elle, en évoquant les violences qui ont éclaté dans sa ville proche de la Bande de Gaza.
Dimanche, les rues étaient encore maculées de sang et jonchées de douilles de balles, au lendemain de l’offensive surprise et inédite menée par le mouvement terroriste islamiste au pouvoir dans l’enclave palestinienne depuis 2007.
L’odeur persistante du métal brûlé flottait encore autour du commissariat de police incendié. De la fumée s’élevait toujours des ruines du bâtiment.
Sderot a été l’une des nombreuses cibles des terroristes du Hamas, qui, profitant de l’effet de surprise, ont contourné l’imposante barrière de sécurité érigée par Israël autour de la Bande de Gaza, visant tant des positions militaires que des civils en pleine rue ou dans leur maison.
L’assaut meurtrier a été mené en plein Shabbat, le jour du repos hebdomadaire juif et pendant la fête de Simchat Torah.
Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a mis en garde contre une guerre « longue », qui a déjà fait plus de 700 morts et plus de 2 000 blessés côté israélien, selon un bilan officiel.
Les habitants de Sderot, eux, demeurent inquiets. « Je veux quitter Sderot mais j’ai peur, mes enfants refusent de sortir », confie Dadya à l’AFP, debout dans une cage d’escalier après avoir passé plus d’une journée terrée chez elle.
Les autorités israéliennes n’ont pas précisé combien de personnes avaient péri à Sderot.
Les stigmates de la violence sont omniprésents dans cette ville du sud d’Israël, avec des essaims de mouches qui pullulent autour de vêtements imprégnés de sang et des fournitures médicales d’urgence éparpillées devant le commissariat.
Certains habitants israéliens regardent prudemment depuis les fenêtres de leurs appartements, et un homme s’efforce de déblayer les débris et les vitres brisées.
Daniel Machlouf, en visite dans la ville au moment de l’attaque, confie avoir perdu des amis lors de cette offensive.
« Tout a échoué »
« Les roquettes ont commencé [à pleuvoir] et nous sommes restés assis, en attendant que ça se termine », relate le jeune homme de 24 ans. « Nous espérons juste que tout va se terminer maintenant », souffle-t-il.
Pendant qu’il parle, des explosions se font entendre en direction de Gaza, d’où s’élèvent d’épais panaches de fumée noire.
Bien que les habitants vivant près de la frontière se soient malheureusement habitués aux sirènes d’alerte au fil des ans, les pertes israéliennes lors des guerres précédentes ont été nettement moins importantes que celles du côté palestinien.
Yaakov Shoshani, 70 ans, raconte s’être saisi d’un couteau de cuisine et d’un tournevis dès qu’il a eu vent de l’intrusion de terroristes à Sderot.
« Les systèmes ont tous échoué ici, qu’il s’agisse du renseignement, du renseignement militaire, civil, des systèmes de détection, de la barrière frontalière [avec Gaza], tout a échoué », déplore-t-il.
Les terroristes palestiniens ne se sont pas contentés de viser les forces de sécurité présentes dans la ville, ils ont également ouvert le feu sur des civils.
Des voitures criblées de balles jonchent les rues de Sderot, et de nombreux véhicules sont abandonnés après avoir percuté des poteaux ou des arbres. Un habitant montre un casque de moto blanc taché de sang et perforé de balles.
L’armée israélienne a renforcé sa présence dans la ville, avec des centaines de soldats patrouillant au milieu de rumeurs selon lesquelles des terroristes pourraient encore se trouver dans la région.
Dimanche, des dizaines de chars d’assaut et d’autres véhicules militaires se dirigeaient vers la frontière de Gaza en empruntant les routes environnantes.
Shoshani, debout dans une rue de Sderot, estime que les autorités doivent être tenues pour responsables de la tragédie qui a frappé sa ville.
« Des gens devraient être jugés pour le désordre qu’ils ont causé. »