Des Israéliens juifs d’origine iranienne partagés entre nostalgie et colère
Ils disent eux aussi leur confiance dans la défense d'Israël et si certains ont fui leur pays après la révolution islamique de 1979 et honnissent le pouvoir en place, ils en conservent une profonde nostalgie
Nostalgiques de leur patrie natale mais en colère contre le pouvoir à Téhéran, des Israéliens d’origine iranienne ne veulent pas d’une guerre dévastatrice entre les ennemis régionaux.
« Nous voulons la paix, eux non. Tout ce qu’ils veulent c’est la guerre, tuer des gens, surtout les juifs », assure à l’AFP Mordechay Menarsheof, un commerçant d’origine iranienne.
Quelques heures après les explosions rapportées à Téhéran et largement attribuées à Israël, les échoppes de la rue Jaffa à Jérusalem sont encore peu fréquentées.
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Mordechay Menarsheof assortit son magasin de chaussures. Vendredi est le premier jour du week-end en Israël, les chalands garnissent leur filet de courses avant Shabbat.
Il y a à peine une semaine, l’Iran envoyait vers le territoire israélien un déluge de drones et de missiles, quasiment tous interceptés, en représailles à la frappe attribuée à Israël sur le consulat iranien à Damas qui a fait plusieurs morts, dont deux hauts gradés.
Malgré les tensions croissantes entre les deux ennemis jurés, « nous nous sentons en sécurité », affirme M. Menarsheof. Nous avons une armée puissante, la meilleure armée du monde », affirme le trentenaire.
D’autres Israéliens juifs d’origine iranienne rencontrés par l’AFP disent eux aussi leur confiance dans la défense d’Israël. Si certains ont fui leur pays après la révolution islamique de 1979 et honnissent le pouvoir en place, ils en conservent une profonde nostalgie.
A l’image de Zion Hasid, président de l’Association des immigrants iraniens en Israël. Il parle avec émotion de sa lointaine Perse et confie « se sentir mal » depuis la salve de projectiles iraniens sur Israël.
Dans un entretien à l’AFP, l’homme d’affaires disait plus tôt cette semaine redouter une surenchère aux conséquences imprévisibles. « Je souhaite qu’Israël agisse avec sagesse et sang-froid. Ainsi, avec l’aide de Dieu, on pourra les vaincre ».
Ce jour-là à Jérusalem, il réunissait ses amis, membres du conseil d’administration de l’association, qui représente 300 000 juifs iraniens, pour une collation avant Pessah, la Pâque juive qui commence lundi soir.
Beaucoup pensaient alors qu’Israël ne riposterait qu’après ce congé sacré de la tradition juive.
Les forêts de l’enfance
La communauté juive d’Iran a longtemps été la plus nombreuse dans le monde musulman. A l’instar des millions d’autres Iraniens de confessions diverses, les juifs ont émigré, en quête de meilleure fortune ou par idéalisme sioniste.
Après la révolution islamique et le renversement du Shah, en 1979, d’autres ont fait leur valise, bien que les Juifs soient protégés dans la Constitution républicaine de l’Iran.
Beaucoup se sont installés aux Etats-Unis, mais aussi en Israël.
M. Hasid, lui, y vit depuis 1964. Sur sa carte de visite, le drapeau israélien et le drapeau iranien – frappé d’un lion, comme avant la révolution islamique de 1979.
« Si le Shah était au pouvoir, ça se serait pas arrivé. Le pouvoir actuel veut prouver au monde qu’il dirige le Moyen-Orient », croit-il savoir.
Israël a entretenu des relations diplomatiques avec l’Iran depuis sa création en 1948 jusqu’en 1979. Depuis, la confrontation n’a pas cessé entre les deux ennemis jurés. Téhéran, qui ne reconnaît pas Israël, souhaite sa disparition.
Parlant parfois en farsi entre eux, les membres de l’association évoquent tous avec nostalgie leur pays de naissance et l’époque « bénie » du Shah, quand les relations entre les deux pays étaient au beau fixe.
Un des membres montre la revue en farsi qu’il publie, « la seule » d’Israël, dit-il avec fierté.
Evoquant son cousin assassiné par les terroristes du Hamas palestinien le 7 octobre au kibboutz Beeri, dans le sud d’Israël, Yehezkiel Yegana, 75 ans, dit penser aux otages israéliens retenus à Gaza.
Ils sont 129 encore captifs dans le territoire palestinien, dont 34 sont morts, selon Israël, sur les 253 enlevés le 7 octobre.
Yehezkiel Yegana n’oublie pas non plus ceux qu’il qualifie « d’otages juifs en Iran »: on estime aujourd’hui à moins de 10 000 les juifs vivant dans la République islamique.
« Le peuple iranien tout entier a été pris en otage par un groupe extrémiste qui se libérera un jour », assure-t-il.
A propos de la guerre qui se profile, il juge la question « complexe ». « Si nous attaquons, ça peut provoquer un conflit sur plusieurs fronts » mais « si nous n’attaquons pas, nous passerons pour des faibles ».
Comme beaucoup d’Iraniens de la diaspora, il vit dans l’espoir de la chute prochaine de la République islamique, que rien ne laisse présager.
« On n’a jamais été aussi proches du moment où on va pouvoir revenir visiter notre pays, dans les villes et les forêts de notre enfance ».
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