Israël en guerre - Jour 348

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Les explosions à Ispahan restent dans le flou et l’Iran dit qu’il n’y aura pas de représailles

Dans un aveu jugé dangereux pour la sécurité du pays, Ben Gvir a dit que ces représailles étaient « nulles » ; l’Iran semble, pour l'heure, fermer les yeux sur cette attaque

Illustration : Un homme passe devant une affiche représentant des missiles, dans une rue de Téhéran, le 19 avril 2024. (AFP)
Illustration : Un homme passe devant une affiche représentant des missiles, dans une rue de Téhéran, le 19 avril 2024. (AFP)

L’Iran n’a pas l’intention de se livrer dans l’immédiat à des représailles contre Israël, a déclaré vendredi un important membre des autorités iraniennes, alors que les autorités israéliennes faisaient savoir qu’une attaque de drone sur une ville du sud de Téhéran avait davantage vocation à envoyer un signal et non à faire des dégâts.

Le membre des autorités iraniennes a émis des doutes sur la paternité – israélienne – de l’attaque d’Ispahan, malgré les propos de certains politiciens israéliens laissant entendre qu’ils la revendiquent.

Comme le suggère la réaction très modérée des organes de presse officiels iraniens, les propos du haut responsable semblent indiquer que Téhéran ne souhaite pas risquer de déclencher la guerre en mettant à exécution ses menaces d’attaquer Israël s’il ripostait à son attaque de missiles et de drones du week-end dernier, mais cherche au contraire le moyen de se dégager de cet engrenage belliqueux.

L’agence de presse iranienne Tasnim a indiqué vendredi, de « source bien informée », qu’aucune « information ne faisait état d’une attaque de l’étranger », suite aux explosions entendues dans le pays.

« Contrairement aux rumeurs ou affirmations des médias israéliens », « aucune information ne fait état d’une attaque de l’étranger contre la ville centrale d’Ispahan ou toute autre partie du pays », a indiqué l’agence. Par ailleurs, aucun dirigeant iranien n’a publiquement commenté ces explosions. Il a été précisé que l’Iran n’avait pas l’intention de riposter immédiatement.

Dans la plupart des propos officiels ou reportages, aucune mention n’est faite d’Israël et la chaine de télévision officielle se répand en analyses de spécialistes qui évoquent une attaque de très faible ampleur.

Capture d’image fournie par la télévision d’État iranienne, Islamic Republic of Iran Broadcasting (IRIB), qui donne à voir ce que la télévision a présenté comme une image en direct de la ville d’Ispahan, tôt dans la matinée du 19 avril 2024, suite aux explosions entendues dans la province du centre de l’Iran. (IRIB/AFP)

Peu après minuit, « trois drones ont été aperçus dans le ciel d’Ispahan. Le système de défense aérienne s’est activé et les a détruits en vol », a déclaré la télévision officielle iranienne.

Un officier en poste dans la province, le général de brigade Siavash Mihandoost, a expliqué à la télévision officielle que le bruit, « relativement fort », entendu à l’est d’Ispahan était « lié aux tirs de la défense aérienne sur un objet volant » et non à une explosion au sol. « Aucun dégât ou incident n’est à signaler », a-t-il précisé.

Un analyste a pour sa part déclaré à la télévision officielle que des mini-drones pilotés par des « personnes infiltrées en Iran » avaient été abattus par les défenses aériennes à Ispahan.

En Israël, les autorités n’ont pas soufflé mot, mais des hommes politiques, au pouvoir ou non, se sont exprimés sur la question.

Selon un reportage de la Douzième chaîne, des proches du Premier ministre Benjamin Netanyahu ont reproché à Ben Gvir d’avoir mis en danger la sécurité d’Israël, affirmant que le ministre d’extrême droite « était toujours aussi puéril et sans intérêt ».

Illustration – Le ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir s’exprime avant une réunion de faction à la Knesset, le 18 mars 2024. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

Selon le Washington Post, qui cite une source israélienne proche du pouvoir, la frappe avait pour but de faire comprendre à l’Iran qu’Israël avait les capacités armées de l’atteindre sur son territoire.

« Il est important que l’Iran comprenne que lorsqu’il s’en prend à nous, nous pouvons en retour le frapper où nous le souhaitons et faire d’énormes dégâts – nous nous appuyons sur une armée de l’air très efficace, avec les États-Unis à nos côtés », a déclaré l’ex-conseiller à la sécurité Eyal Hulata sur l’antenne de la radio militaire.

L’intensité de la riposte israélienne aurait été tempérée par les pressions de la communauté internationale dans le but d’éviter toute forme d’escalade des tensions.

Des automobilistes passent devant un panneau d’affichage montrant des missiles balistiques iraniens, avec un texte en arabe disant « la promesse [de la personne] honnête » et en persan « Israël est plus faible qu’une toile d’araignée », sur la place Valiasr dans le centre de Téhéran, le 15 avril 2024. (Crédit : ATTA KENARE / AFP)
« Personne ne veut la guerre avec l’Iran en ce moment », a déclaré le confident de Netanyahu, Natan Eshel, cité par le journaliste Ben Caspit. « Nous leur avons prouvé que nous pouvions nous infiltrer et frapper leur territoire, pas eux. Ce type de message est plus efficace que les grands discours. Nous avons actuellement mieux à faire, que ce soit à Gaza ou au Liban. »

Des hommes politiques n’ont pas caché leur agacement suite à ces propos, alors même que plusieurs membres des autorités israéliennes ou américaines témoignant sous le sceau de l’anonymes ont déclaré à des médias étrangers qu’Israël était à l’origine de cette attaque.

Depuis des années maintenant, la stratégie d’Israël après des attaques contre les intérêts iraniens en Syrie repose sur un flou crédible lui permettant de nier toute implication. Ni revendication ni commentaire, ce qui offre à l’Iran et à ses mandataires une porte de sortie honorable pour ne pas livrer de représailles.

Cette stratégie a pourtant ses limites. Israël n’a pas revendiqué la frappe contre l’ambassade d’Iran à Damas, le 1er avril dernier, qui a tué plusieurs membres du Corps des Gardiens de la Révolution islamique, dont un de ses officiers supérieurs. Pour autant, l’Iran a réagi dimanche soir en lançant plus de 300 missiles de croisière, missiles balistiques et drones armés sur Israël.

La quasi-totalité des projectiles ont été abattus par Israël, avec l’aide des États-Unis, du Royaume-Uni, de la France et de la Jordanie. Une fillette israélienne grièvement blessée par la chute d’éclats d’obus est l’unique victime de l’attaque et la base aérienne de Nevatim, prise pour cible, a enregistré des dégâts de faible importance, selon les autorités israéliennes.

Les services d’urgence et de secours fouillent les décombres de l’annexe de l’ambassade iranienne, victime de bombardement, à Damas, la capitale syrienne, le 1er avril 2024. (Louai Beshara/AFP)

« C’est une bonne chose pour nous que les Iraniens racontent cette histoire, qu’il s’agissait de drones ou d’oiseaux, dans des champs, non loin d’Ispahan », a déclaré Zvika Haimovitch, un ancien commandant de la défense aérienne de Tsahal, à la Douzième chaîne. Selon lui, les deux pays « se couvrent et nient », ce qui est favorable à un désamorçage des tensions.

« Il est trop tôt pour dire que c’est fini », estime l’ex-conseiller à la sécurité Ephraïm Halevy, sur l’antenne de la radio militaire. « Mais il y a une différence entre l’attaque iranienne et la riposte israélienne, qui elle vise à envoyer un message, non à faire des [dégâts] importants. »

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