« Les Juifs, ici, veulent continuer » : une élue Likud expulse un rabbin réformé d’une session à la Knesset
Gilad Kariv, député d'Avoda, a indiqué que les femmes pouvaient mettre les tefillin, provoquant l'indignation de Galit Distel Atbaryan, qui a semblé comparer cet acte à l'organisation d'une bar-mitsva pour un chien

La députée du Likud Galit Distel Atbaryan a ordonné, dans la journée de lundi, l’expulsion du député Gilad Kariv, élu sous l’étiquette d’Avoda, lors d’une réunion de commission de la Knesset à la suite d’une dispute. Elle a notamment rétorqué au rabbin réformé ordonné que « les Juifs ici veulent continuer ».
Distel Atbaryan, qui préside la sous-Commission sur la Pensée juive dans le système éducatif, s’est querellée avec Kariv après que ce dernier a affirmé que les femmes pouvaient porter des tefillin, ou phylactères, conformément à la loi juive – des propos qui ont été tenus à l’occasion d’une discussion consacrée au projet du ministre de l’Éducation, Yoav Kisch, visant à promouvoir l’étude de la bible dans les écoles laïques.
Kariv, un rabbin appartenant au mouvement réformé, a salué l’annonce faite par Kisch – qui a fait savoir qu’il allait mettre en place des directives portant sur les endroits où les tefillin peuvent être portés dans les écoles, avec pour objectif que les élèves puissent le faire sans problème.
« J’ai été très heureux d’apprendre que le ministre avait l’intention de réglementer la question des tefillin… car l’une de mes deux filles est très rigoureuse dans la manière dont elle les porte », a déclaré Kariv.
« Je suis sûr qu’il y aura un paragraphe dans la circulaire précisant que tous les élèves, comme le permet la halakha, peuvent le faire ».
« Je n’ai pas la force de supporter ces provocations », a riposté Distel Atbaryan. « Si vous organisez une bar-mitsva pour un chien, je viendrai faire la fête avec vous », a-t-elle ajouté, comparant apparemment le fait d’organiser une cérémonie de passage à l’âge adulte pour un animal à une femme qui porte des tefillin.
Gilad a répondu que la députée du Likud « ne comprend probablement rien à la halakha ou à la tradition juive ». Il a fait un geste dans sa direction avant d’ajouter : « C’est là le visage de la tradition israélienne ».
« Veuillez faire sortir cet individu réformé et éclairé », a-t-elle rétorqué, sarcastique. « Les Juifs, ici, veulent continuer ».

Dans les courants orthodoxes les plus stricts du judaïsme, la pratique des phylactères est réservée exclusivement aux hommes, tandis que des mouvements plus inclusifs autorisent les femmes à s’y adonner.
Les courants non-orthodoxes du judaïsme sont souvent dénigrés par certains responsables orthodoxes. Avant l’entrée de Kariv à la Knesset en 2021, plusieurs députés juifs orthodoxes avaient fait la promesse de le boycotter, qualifiant son courant du judaïsme de « secte dangereuse », et certains avaient déclaré qu’il ne serait pas considéré comme faisant partie du minyan (quorum de prière) lors des services organisés dans la synagogue de la Knesset.
Réagissant à l’incident de lundi, Kariv a déclaré dans un communiqué que « l’attaque haineuse et le manque de sang-froid de la députée Galit Distal témoignent de la vision complexe du monde juif à laquelle elle et ses partenaires de coalition adhèrent : un judaïsme zélé, misogyne, isolationniste et rancunier ».
« Nous ne laisserons pas cette vision du judaïsme s’enraciner dans les écoles de nos enfants », a-t-il juré. « Nous leur ferons découvrir une tradition qui embrasse la diversité, l’Humanité et l’inclusion, et qui sert de point de rencontre entre tradition et renouveau ».
Les réformes du ministre de l’Éducation Kisch ont suscité une vive opposition de la part des députés de l’opposition, qui affirment que ces mesures constituent une coercition religieuse.