Israël en guerre - Jour 66

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« Les valeurs réformistes entrent à la Knesset » – Kariv, rabbin travailliste élu

Le nouveau député compte plaider pour le pluralisme religieux et lutter contre le contrôle ultra-orthodoxe sur les affaires religieuses en Israël

Le rabbin Gilad Kariv prend part à la prière lors de la Journée israélienne de l'indépendance à Beit Daniel à Tel Aviv, en 2018. (Autorisation : Mouvement israélien pour le Judaïsme progressiste)
Le rabbin Gilad Kariv prend part à la prière lors de la Journée israélienne de l'indépendance à Beit Daniel à Tel Aviv, en 2018. (Autorisation : Mouvement israélien pour le Judaïsme progressiste)

JTA – Mardi soir, après que les chaînes de télévision israéliennes ont diffusé les premiers sondages à la sortie des urnes, le rabbin Gilad Kariv, qui venait de remporter un siège à la Knesset, a tweeté une traditionnelle bénédiction de remerciement, nommée le « Shehecheyanu ».

« Béni sois-tu, Adonaï, notre Dieu, roi de l’univers, qui nous a gardés en vie, nous a soutenus et nous a amenés à ce jour », a écrit le rabbin Gilad Kariv. « Merci à tous mes partenaires dans ce long voyage. »

La présence de rabbins au Parlement est loin d’être une bizarrerie en Israël, où plusieurs partis ultra-orthodoxes servent à chaque mandat. Mais Kariv n’est membre d’aucun de ces partis et ne ressemble pas non plus aux rabbins qui ont siégé avant lui à la Knesset.

Kariv sera le premier rabbin réformiste à prêter serment à la Knesset. Leader du mouvement libéral israélien et militant de longue date pour le pluralisme religieux, Kariv s’est présenté aux élections israéliennes depuis près de neuf ans, mais n’avait jamais remporté de siège jusqu’à présent.

Le rabbin Gilad Kariv lors d’une réunion du Parti travailliste à Tel Aviv, le 24 mars 2021, au lendemain des élections pour la 24e Knesset. (Tomer Neuberg / Flash90)

Kariv s’est présenté à la Knesset avec le Parti travailliste de centre-gauche à plusieurs reprises. Lors des primaires du parti plus tôt cette année, il a remporté la quatrième place sur la liste du parti pour les élections de mardi. Cela signifiait que, si le Parti travailliste obtenait suffisamment de voix pour entrer à la Knesset, il y entrerait aussi. Selon le décompte actuel des voix, le Parti travailliste pourrait remporter sept sièges, plus que suffisant pour Kariv.

Il prévoit de plaider pour le pluralisme religieux et de lutter contre le contrôle des Haredim, ou ultra-orthodoxes, sur les affaires religieuses en Israël. La nouvelle dirigeante travailliste, Merav Michaeli, est une ardente défenseure du féminisme et de l’égalité sociale en Israël.

« Je suis prêt à m’engager davantage dans cet autre monde à impact social, à savoir la sphère politique », avait déclaré Kariv à l’agence JTA lors de sa campagne pour les élections d’il y a un an et demi. « Selon nous, le fait que l’égalité ne soit pas une valeur constitutionnelle imposée par la loi en Israël est une honte. C’est une honte juive, pas seulement une honte démocratique. »

L’élection de Kariv survient alors qu’Israël assiste à une petite résurgence des partis sionistes de gauche. Le Parti travailliste, l’ancien parti au pouvoir d’Israël, était considéré comme moribond avant que Michaeli n’en prenne les rênes cette année. Le Meretz, qui se trouve historiquement à la gauche du Parti travailliste, est également sur la bonne voie pour accroître sa présence à la Knesset.

Le rabbin Gilad Kariv lors d’un mariage le 14 juin 2019 à Tel Aviv. (Autorisation du Mouvement israélien pour le judaïsme progressiste)

Alors que le judaïsme réformé représente la plus grande tendance juive aux États-Unis, il ne compte qu’un petit pourcentage de Juifs israéliens parmi ses membres et de nombreux Israéliens sont peu familiers avec les valeurs et les pratiques du mouvement. Et les politiques religieuses ne sont généralement pas la priorité des électeurs israéliens.

Mais cette année, le statut des Juifs réformés en Israël – qui ne sont pas reconnus par le rabbinat orthodoxe dans le pays – est devenu un sujet de campagne. Plus tôt ce mois-ci, la Cour suprême a statué que l’État devait accorder la citoyenneté aux personnes qui se sont converties au judaïsme réformé ou conservateur en Israël.

La décision a suscité de vives protestations de la part des chefs religieux ultra-orthodoxes, un flot de commentaires désobligeants visant les Juifs réformés de la part de politiciens haredim et des vidéos et images de campagne se moquant d’eux. Même le Premier ministre Benjamin Netanyahu a affirmé, sans preuve, que la décision pourrait conduire à une « invasion » en Israël de « faux » convertis originaires d’Afrique.

La question sur la citoyenneté de ces convertis a été mise à l’ordre du jour alors que les politiciens haredim avaient déjà juré qu’ils ne travailleraient pas avec Kariv à la Knesset, ni même qu’il l’accepterait au sein d’un minyan. En février, un journaliste haredi avait déploré la publication d’une photo de Kariv accrochant une mezouza à la porte du siège du Parti travailliste.

Kariv a décrit ces attaques comme une raison de plus de lutter contre le monopole ultra-orthodoxe sur les affaires religieuses en Israël – ce à quoi les partisans du pluralisme religieux s’opposent depuis longtemps.

Habitant de Givatayim, en banlieue de Tel Aviv, Kariv a grandi dans un foyer laïc et a fréquenté une synagogue orthodoxe avant de trouver sa place dans le petit mais actif mouvement réformé en Israël. Pendant plus d’une décennie, il s’est battu pour le pluralisme religieux dans le pays, appelant à la reconnaissance de la conversion et du mariage non orthodoxes, à une plus grande séparation entre la religion et l’État, et à la mise en place d’un espace de culte non orthodoxe au Mur occidental.

« En raison de ce monopole, l’establishment rabbinique est devenu de plus en plus haredi et extrémiste au fil des années », a écrit Kariv sur Facebook ce mois-ci. Il a appelé à « briser ce monopole et à ouvrir de nouvelles alternatives pour un judaïsme israélien actuel et ouvert ».

Bien que presque tous les votes aient déjà été comptés, il faudra probablement des semaines, voire plus, avant que le prochain gouvernement israélien ne prenne forme. Les Travaillistes ne devraient faire partie de la coalition gouvernementale que si les opposants disparates de Netanyahu parviennent à rassembler une majorité. Sinon, Kariv fera partie de l’opposition.

Mais quel que soit son rôle, le rabbin affirme que sa présence à la Knesset est déjà une victoire.

« C’est la première fois à la Knesset israélienne, selon tous les sondages à la sortie des urnes, que nous aurons une représentation directe, claire et sans précédent du judaïsme réformé », a-t-il déclaré dans une vidéo Facebook mardi soir. « Nous attendrons de voir quels seront les résultats, mais une chose est certaine : nous sommes entrés à la Knesset avec nos messages, nos valeurs. Nous faisons entendre une voix juive, égalitaire et démocratique qui lutte pour la justice sociale, aime l’humanité et lutte en faveur de la paix. »

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