L’ex-otage Amit Soussana reçoit le prix international de la femme de courage
"Ramenez-les maintenant, pas demain, pas la semaine prochaine. Maintenant" : l'ex-captive appelle à une action mondiale immédiate pour sauver ceux qui sont toujours détenus par les terroristes palestiniens
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.

En acceptant le prix international de la femme de courage 2025 décerné par le Département d’État américain, Amit Soussana, ex-otage du groupe terroriste palestinien du Hamas et survivante d’une agression sexuelle, a appelé mardi à une action mondiale pour obtenir la libération immédiate des autres otages de Gaza.
« C’est un immense honneur d’être devant vous aujourd’hui, mais c’est aussi un moment très douloureux », a déclaré Soussana, qui était l’une des huit femmes venues du monde entier à recevoir le prix lors d’une cérémonie du Département d’État à Washington, mais la seule à avoir été saluée personnellement par le secrétaire d’État américain, Marco Rubio, et la seule à avoir été invitée à prononcer un discours devant les personnes présentes.
Soussana a reçu le prix des mains de Rubio et de la Première dame, Melania Trump.
« Pendant que je suis ici, mes amis restent dans l’obscurité. Cinq cent quarante-trois longs jours et nuits. Ils souffrent encore, ils attendent encore, ils espèrent encore. Leurs voix restent inaudibles. Alors je parlerai en leur nom. Nous ne pouvons pas avancer tant qu’ils n’auront pas été libérés », a-t-elle déclaré dans son discours.
Soussana a été enlevée le 7 octobre 2023, lorsque le Hamas a mené des milliers de terroristes lors d’une invasion du sud d’Israël. Au cours de cet assaut, plus de 1 200 personnes, principalement des civils, ont été tuées et 251 autres ont été enlevées par des terroristes et emmenées de force dans la bande de Gaza, déclenchant la guerre en cours.
Des images du moment où une horde de terroristes armés a traîné Soussana à travers un champ jusqu’à l’endroit où elle a été séquestrée à Gaza ont été filmées. On y voit cette Israélienne donner des coups de pied et se débattre contre ses kidnappeurs, faisant tomber l’un d’eux au sol. Les terroristes l’ont alors frappée. Soussana a accepté que les images soient diffusées après sa libération, et elles ont été diffusées pour la première fois sur la chaîne N12.
Amit Sousanna was abducted to Gaza by 2 Hamas terrorists and another 7 Gazan "innocent civilians" pic.twitter.com/byywJmelOT
— Hamas Atrocities (@HamasAtrocities) October 7, 2024
Elle a été libérée dans le cadre du premier accord de libération d’otages et de cessez-le-feu entre Israël et le Hamas en novembre 2023, qui a duré une semaine. Un autre accord de cessez-le-feu, négocié par les États-Unis, l’Égypte et le Qatar, a été conclu le 19 janvier. Il prévoyait la libération de dizaines d’otages par petits groupes, mais la trêve a échoué après plusieurs semaines lorsque Israël a repris les combats.
Actuellement, 59 otages sont toujours retenus à Gaza, dont au moins 24 seraient encore en vie et seraient détenus dans des conditions épouvantables. De nombreux ex-otages, et en particulier ceux du deuxième cessez-le-feu, ont confié avoir été détenus dans des tunnels humides, sans air frais ni lumière, dans des conditions d’hygiène déplorables, et avoir souffert de la faim et de violences physiques et psychologiques.
Depuis sa libération, Soussana mène une campagne de sensibilisation dans le monde entier en faveur des personnes toujours détenues à Gaza. Elle est la première ex-otage à avoir parler des violences sexuelles qu’elle a subies au cours de sa captivité.
« En captivité, je n’avais aucun contrôle sur mon corps, aucun contrôle sur ma vie. J’ai résisté du mieux que j’ai pu, mais cela n’a pas suffi à empêcher ce qui m’est arrivé », a-t-elle souligné.

« L’obscurité était suffocante. Pourtant, même dans l’obscurité, il y avait une chose qu’ils n’auraient pas pu me prendre, la force que ma mère m’avait insufflée. La conviction que nous devons toujours défendre ce qui est juste, quel qu’en soit le prix. »
« Je me suis jurée que si je survivais, je ne me tairais jamais. Je parlerai, non seulement pour moi, mais pour toutes les femmes qui ont été réduites au silence », a poursuivi Soussana.
« Lorsque j’ai raconté mon histoire pour la première fois, je voulais seulement sensibiliser les gens aux horreurs de la captivité et au terrorisme du 7 octobre. Cependant, mon histoire s’est inscrite dans un débat beaucoup plus vaste sur la violence sexuelle, la guerre et la force inimaginable des femmes face à la brutalité. »
« En Israël, nous sommes sur le point de célébrer Pessah, une fête qui célèbre l’histoire de la libération, de la sortie de l’esclavage. Mais ce sera la deuxième Pessah que les otages passeront en captivité », a-t-elle déploré.

« J’accepte ce prix, non pas pour moi, mais au nom de toutes les femmes courageuses d’Israël, les femmes qui endurent, qui dirigent, qui refusent de se briser. Les femmes sont plus fortes. Nous sommes le sexe le plus fort, non pas parce que nous ne ressentons pas la douleur, mais parce que nous nous en relevons, parce que nous nous battons, non seulement pour nous-mêmes, mais pour ceux qui ne peuvent pas se battre pour eux-mêmes. »
« Cette récompense arrive à un moment critique. Les otages ne peuvent plus attendre. Chaque jour qui passe est un jour de souffrance supplémentaire. Leur douleur s’intensifie, leur espoir s’évanouit et leurs chances de survie s’amenuisent à chaque instant », a-t-elle rappelé.
« J’appelle le monde à agir pour les ramener chez eux maintenant, pas demain, pas la semaine prochaine. Maintenant. »
Les pourparlers visant à relancer le processus de cessez-le-feu de janvier n’ont jusqu’à présent pas abouti.
Des manifestations de masse en Israël exhortent le gouvernement à conclure un accord global qui permettrait de ramener tous les otages restants, morts ou vivants, en une seule fois, plutôt que de procéder aux libérations progressives observées jusqu’à présent.