L’ex-otage Itay Regev : à Gaza, on m’a retiré une balle de la jambe sans anesthésie
A Londres, Regev va parler aux députés et inviter la communauté internationale à se mobiliser pour les derniers otages. Il a confié à la BBC les atrocités des terroristes
Pour montrer la cruauté dont ont fait preuve les ravisseurs terroristes, l’ex-otage Itay Regev est revenu, pour les médias britanniques, sur la façon dont une balle avait été retirée de sa jambe, sans anesthésie, avec des ravisseurs qui le maltraitaient et le menaçaient de le tuer s’il faisait du bruit.
Venu à Londres parler des otages toujours séquestrés à Gaza – dont son ami Omer Shem Tov –, Regev a expliqué à la BBC, dans une interview diffusée mercredi, avoir fait le déplacement pour « appeler au secours, de leur part, depuis Gaza » et demander à la communauté internationale de se mobiliser pour obtenir la libération des 130 derniers otages.
Regev a déjà parlé de ce qu’il a vécu, mais cette interview pour la BBC est de loin le récit le plus explicite et le plus déchirant de son expérience de la captivité.
Regev, 19 ans, a été enlevé en même temps que sa sœur Maya, elle âgée de 21 ans, à la rave Supernova, le 7 octobre dernier, lorsque l’organisation terroriste palestinienne du Hamas a violemment attaqué le sud d’Israël, ce qui a coûté la vie à 1 200 personnes, majoritairement des civils, dans des conditions effroyables faites de viols collectifs, de cas de tortures et de mutilations.
Dans ce festival de musique, les terroristes ont massacré 364 personnes, se sont livrés à plusieurs viols collectifs et ont enlevé des dizaines de personnes à Gaza, parmi lesquels les Regev, qui avaient tous deux reçu une balle dans la jambe en tentant d’échapper au carnage.
Au total, les terroristes ont fait 253 otages, dont des personnes âgées et des enfants.
Regev a expliqué avoir tenté de s’échapper en voiture, avec sa sœur, comme tant d’autres festivaliers pris de panique, mais être tombé sur une camionnette remplie de terroristes qui « tiraient sur tous les véhicules, sans pitié. J’ai reçu une balle dans la jambe. Ma sœur aussi. »
« Ensuite, les terroristes sont sortis de la camionnette. Ils m’ont sorti de la voiture, m’ont attaché les mains et m’ont emmené à Gaza », se souvient-il, ajoutant avoir pensé qu’on allait le tuer, ses ravisseurs lui faisant des gestes d’égorgement.
« J’ai vu ma sœur Maya blessée et en pleurs. Ce jour-là, elle m’a dit au revoir et m’a demandé, si je m’en sortais vivant, de dire à nos parents qu’elle les aimait. Je n’oublierai jamais jamais ce jour : j’y penserai jusqu’à la fin de ma vie ».
C’est la dernière fois que le frère et la sœur se voient avant leur libération.
Regev a expliqué comment on l’a poussé à bord d’une camionnette et emmené à Gaza. Une fois arrivé, on l’a promené dans les rues devant des Gazaouis qui riaient et applaudissaient, alors que « les terroristes criaient et se réjouissaient. C’était une sorte de grande fête. »
Les otages ont été conduits dans une maison qui disposait d’une entrée de tunnel, connectée au vaste réseau souterrain creusé par le Hamas sous Gaza.
De là, on l’a conduit à l’hôpital où un médecin « très, très anxieux », ainsi que plusieurs membres du Hamas, lui ont retiré une balle de la jambe sans anesthésie ni analgésique.
« Ils m’ont mis la pince dans la jambe et ont retiré la balle sans anesthésie. Ils m’ont dit de me taire et que si je ne me taisais pas, ils me tueraient », se rappelle-t-il. « Pendant tout ce temps, on m’a insulté, giflé, craché dessus. »
Après l’opération, on l’a conduit dans une autre maison, en le faisant passer pour un cadavre ou en le recouvrant de la burqa portée par les femmes.
On l’a enfermé dans une pièce sans lumière : on lui donnait à manger « des conserves et, de temps en temps, un peu de pita ».
Les ravisseurs « me torturaient en me disant que d’autres otages avaient été tués dans des frappes aériennes de Tsahal et que le gouvernement israélien ne s’occupait pas de moi », a-t-il dit. « Chaque jour, chaque minute, je pensais à ma famille, à mes parents. »
Regev a évoqué la complicité des civils de Gaza envers le Hamas, expliquant que les enfants de la famille qui s’occupait de lui venaient le voir, « leur montraient mes blessures ».
« J’avais l’impression d’être leur trophée et que personne à Gaza ne se souciait de moi ». « Personne, parmi les gens que j’ai pu voir là-bas, n’est innocent. »
Maya a elle aussi été opérée à Gaza. Son pied, presque détaché de sa jambe, a été remis, mais suivant un angle anormal. Elle suit actuellement une rééducation intensive pour remarcher.
Séparés durant leur captivité, le frère et la soeur ont été autorisés à communiquer via des mots transportés par leurs ravisseurs.
Regev a confié avoir « eu très, très faim » et pensé qu’il allait mourir.
« Je n’ai pas pris de douche en 54 jours », a déclaré Regev à la BBC. « Mes ravisseurs étaient très, très pervers. Ils s’en fichaient. J’avais des blessures dans les jambes, de gros trous dans les jambes… On vit dans un climat de peur terrible. Chaque seconde est faite de terreur. On n’est pas sûr de se réveiller le lendemain. »
Il y avait notamment la crainte d’être tué par accident dans un bombardement israélien ou par ses ravisseurs, « venus armés d’une kalachnikov pour leur tirer dessus à bout portant. La vie est très, très difficiles là-bas. »
Regev et Maya ont été libérés à la faveur du cessez-le-feu, fin novembre. Ils avaient déjà parlé de leur captivité aux médias israéliens. Ce qu’ils disent concorde parfaitement avec le récit d’autres ex-otages ayant fait état de conditions de détention déplorables sans oublier les mauvais traitements infligés aux otages.
Venu à Londres s’entretenir avec les députés britanniques, Itay Regev a reproché à la communauté internationale de ne pas en faire assez pour obtenir la libération des otages.
« Cela fait maintenant cinq mois que les otages sont là-bas. Il n’y a pas à discuter : non, ils n’en font pas assez », a-t-il déclaré.
« Cinq mois sans voir la lumière du soleil ni savoir ce qui se passe pour sa famille. Cinq mois dans des conditions effroyables, avec la faim », a-t-il ajouté. « Il faut les sortir de là le plus vite possible. Ils vivent sans savoir ce qui peut leur arriver la minute suivante. »
« Je pense qu’il faut tout faire pour les sortir de là, quoi qu’il en coûte… C’est leur vie qui est en jeu », a déclaré Regev. « Si on kidnappait votre enfant, vous ne vous soucieriez pas du prix à payer. Il faut à tout prix faire libérer les otages. »
« J’étais avec lui », a-t-il dit à propos de son ami Omer. « Je sais ce qu’il ressent et je viens parler en son nom, parce qu’il ne peut pas le faire lui-même. Il est impuissant. »
Les ex-otages et leurs sympathisants mènent une campagne internationale de sensibilisation et de soutien en faveur de la libération des derniers otages.
Israël a riposté à l’attaque du Hamas par une offensive militaire destinée à renverser le régime du Hamas à Gaza, éliminer le groupe terroriste et libérer les otages. Israël estime qu’une trentaine de ces otages ne sont plus en vie.
Le dernier cessez-le-feu à Gaza remonte à la fin du mois de novembre, qui a permis la libération de 105 civils, presque tous des femmes et des enfants en contrepartie de la sortie des prisons israéliennes de 240 prisonniers de sécurité palestiniens et d’une augmentation de l’aide humanitaire à Gaza.
Trois otages ont pu être secourus par des soldats israéliens lors de combats à Gaza ces cinq derniers mois.
Les négociations en vue d’un nouveau cessez-le-feu permettant la libération d’autres otages n’ont jusqu’à présent pas abouti, ce qui n’empêche pas les médiateurs qataris et égyptiens de penser que des progrès significatifs ont été enregistrés cette semaine.
L’armée israélienne a mené des offensives terrestres presque partout dans l’enclave de Gaza en plus des intenses bombardements aériens menés dans le cadre d’une campagne qui a tué plus de 31 000 personnes, selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas.
Ces chiffres, qui ne peuvent pas être vérifiés de manière indépendante, pourraient comprendre plus de 13 000 terroristes morts au combat sans oublier les Gazaouis tués par des roquettes terroristes égarées.
L’armée israélienne a par ailleurs tué un millier de terroristes en territoire israélien, le 7 octobre et dans les jours qui ont suivi.