L’ex-président Rivlin dénonce la « prise de contrôle » sur le pouvoir judiciaire
Celui qui fut aussi ministre Likud met en garde contre des "lois vengeresses" et invite les jeunes à ne pas désespérer, alors que la réforme du système judiciaire divise le pays
Alors que le débat fait rage, l’ex-président Reuven Rivlin a dénoncé le projet de réforme du système judiciaire et invité les deux camps à calmer le jeu.
« Il ne s’agit pas seulement d’un léger empiètement sur le système judiciaire, mais d’une véritable prise de contrôle », a déclaré Rivlin.
« Il est nécessaire de rester dans le cadre normal prévu pour le système judiciaire. »
« Les lois ne servent ni à se venger ni à servir des intérêts particuliers », a déclaré Rivlin, invitant les deux camps à calmer le jeu.
« En dépit de ce qui se passe, il n’est pas trop tard pour trouver un accord. »
En dépit de leur opposition passée, Rivlin s’est déclaré en phase avec les propos tenus par l’ex-juge en chef, Aharon Barak, lors d’une récente interview sur le projet de réforme judiciaire.
« Barak a parlé de mise en danger de la démocratie israélienne. Je suis d’accord avec lui », a déclaré Rivlin au Yedioth Ahronoth, selon des extraits d’une interview publiée jeudi. L’interview intégrale sera publiée vendredi.
Avocat de profession, Rivlin a quitté son poste de président, l’an dernier, au terme de son mandat.
Avant d’accéder à la magistrature suprême, Rivlin a été député et ministre du Likud, aujourd’hui dirigé par le Premier ministre, Benjamin Netanyahu.
En 2020, il avait prononcé un discours cinglant à la Knesset mettant en garde contre le tribalisme de la société israélienne alors que le pays souffrait d’instabilité gouvernementale.
« Le tribalisme de la société est à son comble et les Israéliens s’accusent les uns les autres. Arrêtez ! S’il vous plaît, arrêtez ! Ce n’est pas comme ça que l’on trouvera une solution », avait-il déclaré.
« Il semble que nous ayons perdu la boussole [morale] que nous avions depuis la fondation de cet État, les principes fondamentaux et valeurs que nous nous sommes engagés à défendre. »
Dans l’interview donnée cette semaine, il explique que ses mises en garde de l’époque sont devenues réalité.
« Ce discours était conçu pour interpeller la population sur une situation susceptible de se produire, et malheureusement, c’est ce qui est arrivé », a-t-il commenté.
« Ces camps pensent qu’ils ne font pas partie de l’État : ils veulent le contrôler, l’utiliser pour servir leurs propres intérêts. Il leur faut remettre les pieds sur terre. »
« En Israël aujourd’hui, on entend : ‘Si vous n’êtes pas d’accord avec moi, c’est que vous êtes un traitre’. Il n’y a pas de dialogue et les jeunes sont désespérés. A eux, tout particulièrement, je veux dire – ne désespérez pas », a déclaré Rivlin, qui avait déjà exprimé ses réserves envers les projets du bloc pour le système judiciaire en décembre, avant même que la coalition ne prenne le pouvoir.