L’extrémiste Benzi Gopstein aurait conseillé Ben Gvir sur la gestion de la police
Des proches du ministre de la Sécurité nationale démentent l'information mais admettent que le chef du groupe raciste et anti-LGBTQ Lehava, interdit de Knesset, est un "ami"
L’extrémiste juif Bentzi Gopstein, à qui la Cour suprême a interdit de se présenter à la Knesset en raison de ses opinions racistes, a prodigué des conseils au ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir sur des questions de police, a rapporté jeudi le quotidien Haaretz.
Le reportage, citant plusieurs sources, indique que Gopstein a conseillé Ben Gvir dans ses relations avec le chef de la police et les principaux responsables, et qu’il a même assisté à plusieurs réunions au sein du ministère de la Sécurité nationale.
« Gopstein conseille et participe à de nombreuses décisions liées aux échelons supérieurs de la police et aux opérations », a déclaré une source de sécurité de haut rang à Haaretz, ajoutant que Gopstein était très proche de Ben Gvir.
Gopstein aurait conseillé à Ben Gvir d’adresser un blâme au chef de la police des frontières en février, après qu’il a soutenu ses officiers pour l’évacuation d’un avant-poste illégal en Cisjordanie.
Il serait également derrière l’annonce de Ben Gvir concernant le lancement, par la police, d’une opération de grande envergure à Jérusalem-Est au cours du même mois. Ce plan a été immédiatement rejeté par le Premier ministre Benjamin Netanyahu.
Les sources ont déclaré que Gopstein était également impliqué dans les décisions concernant les nominations de personnel parmi les officiers supérieurs.
« Il est insensé qu’un homme comme lui conseille le ministre de la Sécurité nationale », a déclaré la source.
Des sources du bureau de Ben Gvir, s’adressant au site de droite Israel National News, ont démenti le reportage.
« Bentzi Gopstein est un ami proche du ministre. Ben Gvir l’apprécie pour ses dizaines d’années de sacrifices et d’activités désintéressées pour le peuple d’Israël », a déclaré le fonctionnaire.
« Cependant, Gopstein n’est pas impliqué dans les nominations liées à la sécurité. Ces choses sont faites par les fonctionnaires de manière professionnelle », a déclaré la source. « Haaretz préférerait que Ben Gvir soit ami avec [l’ancien dirigeant palestinien Yasser] Arafat. »
Gopstein était l’un des dirigeants du parti Otzma Yehudit de Ben Gvir avant que lui et plusieurs autres membres du parti ne soient empêchés de se présenter à la Knesset par la Cour suprême en 2019. Le reportage de Haaretz suggère que Gopstein est toujours très actif et influent au sein du parti. Le mois dernier, il a été vu en train d’assister à une réunion de la faction Otzma Yehudit à la Knesset.
Gopstein est à la tête de l’organisation raciste et anti-LGBTQ Lehava, qui s’oppose aux relations et aux mariages interconfessionnels et interethniques. Lehava a organisé de violentes manifestations à l’extérieur de mariages mixtes judéo-musulmans et le long des itinéraires des parades de la fierté, et a demandé au public de l’alerter sur les cas où l’on découvrait que des femmes juives fréquentaient des hommes arabes.
Pour expliquer la décision de 2019 d’empêcher M. Gopstein de se présenter, la présidente de la Cour suprême, Esther Hayut, a cité les « dizaines » de remarques faites par le président de Lehava qui donnaient le sentiment « sans équivoque » qu’il « incitait systématiquement au racisme contre le public arabe ».
« Gopstein présente l’ensemble du public arabe comme un ennemi avec lequel aucun contact ne devrait être établi qui pourrait être interprété comme une coexistence », a poursuivi Mme Hayut.
Le tribunal a déclaré que ses propos « ont révélé un nouveau niveau record de bassesse en termes de racisme ».
Gopstein est également jugé pour incitation à la violence, au racisme et au terrorisme et était représenté par Ben Gvir avant que ce dernier ne devienne législateur. Le procès est dans sa phase finale.
Avant le procès, M. Ben Gvir a déclaré que M. Gopstein était « le Dreyfus israélien », en référence à l’officier juif français accusé d’espionnage et envoyé en exil à la suite d’un simulacre de procès antisémite à la fin du 19e siècle.
« Il s’agit d’une persécution, de l’étouffement de voix », a poursuivi M. Ben Gvir. « Ce procès est un procès de la liberté d’expression. »
L’acte d’accusation cite les éloges formulés par Gopstein à l’égard de Baruch Goldstein, un terroriste juif qui a tué 29 fidèles palestiniens au Tombeau des Patriarches, à Hébron, en 1994. (Ben Gvir avait une photo de Goldstein accrochée dans son salon durant plusieurs années).
Les procureurs ont également cité une interview télévisée de 2012 dans laquelle Gopstein se vantait de refuser d’embaucher ou de travailler avec des employés arabes. Lorsqu’on lui a demandé ce qui se passerait s’il avait un serveur arabe à un mariage, Gopstein a répondu que le traiteur « devrait chercher l’hôpital le plus proche ».
Dans une autre interview sur la Deuxième chaîne (aujourd’hui Douzième chaîne), Gopstein a affirmé que « les Arabes qui méritent d’être battus ne manquent pas », en particulier ceux qui fréquentent des femmes juives.
L’acte d’accusation fait également état d’un discours qu’il a prononcé en 2014 lors d’une cérémonie commémorative pour le rabbin extrémiste assassiné Meir Kahane, dans lequel il s’est insurgé contre les « ennemis à l’intérieur » du pays.
« Les ennemis à l’intérieur de nous sont un cancer, et si nous ne nous débarrassons pas de ce cancer, nous ne pourrons pas continuer à exister ici en tant que juifs », avait-il déclaré.
M. Gopstein a déjà été arrêté à plusieurs reprises et a fait l’objet d’une enquête pour des déclarations qu’il a faites à l’encontre de non-Juifs, notamment pour un article dans lequel il qualifiait les chrétiens vivant en Israël de « suceurs de sang ». Il a également été arrêté peu après que des membres de son groupe ont tenté d’incendier une école arabo-juive à Jérusalem en novembre 2014. Gopstein n’a pas été inculpé pour cette attaque, mais trois membres de Lehava ont finalement été condamnés.