Liberman furieux des attaques de Netanyahu contre lui et sa famille
Le chef d'Yisrael Beytenu à ses proches: le Premier ministre a commis un "péché impardonnable" en l'attaquant lui et sa famille, et qu'il n'y a "aucune chance" d'alliance politique

Le chef d’Yisrael Beytenu, Avigdor Liberman, a déclaré à des confidents qu’il n’y avait « aucune chance » qu’il rejoigne un gouvernement dirigé par le Premier ministre Benjamin Netanyahu, affirmant que le Premier ministre était à l’origine de multiples plaintes judiciaires déposées contre lui et ses enfants l’année dernière, a rapporté la Douzième chaîne samedi.
La chaîne a cité ces plaintes comme étant la cause du mépris croissant de Liberman pour Netanyahu au cours de l’année dernière et de son apparente volonté d’évincer le leader israélien du pouvoir.
Liberman aurait dit à ses associés qu’en 2019, lui et sa famille ont fait l’objet de sept plaintes déposées auprès de la police, des procureurs et des autorités fiscales : cinq d’entre elles anonymes et deux déposées par le journaliste de droite Yoav Yitzhak, propriétaire du site web News1.
« Il est clair pour moi que derrière cette manœuvre se trouvent Netanyahu et son avocat Amit Hadad », aurait déclaré Liberman, affirmant que des enquêteurs privés avaient été envoyés pour rechercher des informations sur lui.
« Selon mes principes, c’est un péché pour lequel il n’y a pas de pardon, même le jour de Yom Kippour », a-t-il ajouté, en se référant au Jour juif du Grand Pardon. « Ils devraient cesser de m’envoyer des messagers au nom du Likud – l’idée que je vais siéger avec Netanyahu est un fantasme sans espoir. »
Le Likud a nié être à l’origine de toute tentative de nuire légalement à Liberman. « C’est un mensonge total », a déclaré le parti. Liberman poursuit ses étranges mensonges. Cela n’est jamais arrivé ». Et le journaliste Yitzhak a qualifié ces accusations de « théories sordides et bizarres ».
Liberman aurait dit à ses associés : « La chose la plus importante à l’heure actuelle est de s’assurer que [le chef du parti Kakhol lavan, Benny] Gantz obtienne le mandat [de former un gouvernement]. » Il a déclaré qu’une fois que cela se produira, et que Kakhol lavan aura pris le contrôle des commissions et du fonctionnement de la Knesset, « les choses commenceront à bouger » – une référence apparente à d’éventuelles défections du camp Netanyahu vers Gantz.

Autrefois proche allié de Netanyahu, Liberman est une épine dans son pied depuis mai 2019, lorsque son insistance sur un programme laïc lors des pourparlers de formation de la coalition avec Netanyahu et ses alliés ultra-orthodoxes à la suite d’une élection en avril a fait capoter les négociations et a conduit Netanyahu à dissoudre la Knesset et à convoquer un nouveau vote.
Les relations sont rapidement devenues acerbes, Netanyahu accusant Liberman de contrecarrer la formation d’un gouvernement de droite et d’avoir rejoint la gauche (bien que les positions politiques de Liberman restent radicales), ainsi que de tenter – sans succès – de détruire sa base de soutien lors du vote de septembre suivant. Liberman est passé de cinq à huit sièges à la Knesset.
Au cours de l’année dernière, Liberman est devenu un opposant de plus en plus virulent à Netanyahu, et a récemment déclaré à plusieurs reprises que « l’ère Netanyahu est terminée ».
Lundi, Liberman a remporté sept sièges à la Knesset, faisant partie d’un bloc de 62 députés qui s’opposent à Netanyahu. Le Premier ministre et ses partisans ont remporté 58 sièges.
On ne sait pas encore comment Liberman et Gantz espèrent former un gouvernement pour écarter Netanyahu du pouvoir. Tous deux ont rejeté le soutien de l’alliance à prédominance arabe de la Liste arabe unie et de ses 15 sièges. Les partis arabes ont été à plusieurs reprises présentés comme un partenaire politique illégitime par les partis juifs majoritaires en raison de leurs positions antisionistes. Liberman lui-même a qualifié les députés arabes de « cinquième colonne ».
Mais Gantz et Liberman pourraient être contraints de compter sur le soutien arabe, d’abord pour s’assurer que Gantz reçoive une majorité de recommandations des députés qui amèneront le président Reuven Rivlin à le charger de former un gouvernement, et ensuite, autant que possible, un soutien extérieur pour un gouvernement minoritaire dirigé par Gantz.
La Douzième chaîne d’information a rapporté samedi soir que le plan actuel prévoyait que Kakhol lavan forme un gouvernement minoritaire aux côtés de l’alliance Travailliste-Gesher-Meretz (totalisant 40 des 120 sièges de la Knesset), avec le soutien extérieur d’Yisrael Beytenu (7) et de la Liste arabe unie.

Gantz et ses alliés feraient d’un tel gouvernement un gouvernement d’urgence pour mettre fin à l’impasse politique qui paralyse Israël depuis près d’un an maintenant, et qui laisserait sa porte ouverte à tous les membres du bloc de droite de Netanyahu qui souhaiteraient le rejoindre.
Jeudi, le Likud de Netanyahu a demandé une enquête sur Liberman dans une vieille affaire de corruption impliquant son parti, après que ce dernier a annoncé qu’il soutiendrait une loi qui pourrait empêcher Netanyahu de devenir Premier ministre.
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Le projet de loi proposé par Kakhol lavan interdirait à un membre inculpé de la Knesset de devenir Premier ministre – visant Netanyahu, qui sera jugé pour corruption le 17 mars.
Liberman aurait avoué à ses confidents qu’un tel projet de loi était problématique et aurait indiqué qu’il ne considérait peut-être pas une telle législation comme réaliste.
« Bien sûr, il est difficile de légiférer rapidement sur de tels projets de loi », a déclaré M. Liberman, cité par la Douzième chaîne, « mais l’annonce de leur soutien était destinée à mettre un terme à la démoralisation du camp opposé à Bibi, et cette démarche a en effet permis de renverser la vapeur et de clarifier le fait que cette fois, il y a une chance de remplacer Netanyahu et de former un gouvernement sans lui ».
Netanyahu et ses alliés ont affirmé qu’ils avaient gagné les élections du fait que le Likud était le plus grand parti, et ont qualifié ces efforts législatifs de tentative illégitime de « voler » les élections.
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