L’incroyable sauvetage des enfants juifs du camp de Vénissieux
Durant la nuit du 28 au 29 août 1942, 108 enfants, raflés deux jours plus tôt, ont été exfiltrés du camp grâce à des résistants d’œuvres charitables
Vous n’aurez pas les enfants est le dernier ouvrage de l’historienne Valérie Portheret. Publié aux éditions XO, il reprend pour titre un tract de la Résistance.
L’ouvrage, fruit de vingt-cinq ans de recherches, revient sur le sauvetage des enfants du camp de Vénissieux. Durant la nuit du 28 au 29 août 1942, 108 enfants ont été exfiltrés du camp grâce à des résistants d’œuvres charitables, qui ont réussi à convaincre leurs parents d’abandonner leurs enfants pour qu’ils soient confiés à l’association de l’Amitié chrétienne et cachés dans des familles de la région lyonnaise.
Ces enfants avaient été raflés deux jours plus tôt, parmi 1 016 Juifs étrangers, sous l’ordre de l’Allemagne nazie au gouvernement de Vichy. Parmi ces 1 016 Juifs, 545 adultes seront déportés à Auschwitz – 30 en reviendront.
Après le sauvetage des enfants, la police avait lancé une grande traque afin de les retrouver. Ce à quoi avaient répondu les mouvements de résistance par des tracts « Vous n’aurez pas les enfants ».
« C’est un tract qui a été placardé dans les rues de Lyon quelques instants après l’exfiltration des enfants juifs du camp de Vénissieux au moment où le préfet veut essayer de remettre la main sur les enfants. Les mouvements de résistance veulent faire appel au sursaut, à la fibre humanitaire de la population qui a été horrifiée par cette rafle », explique Valérie Portheret à France info.
« L’épisode de Vénissieux a freiné la coopération policière de Vichy et ralenti les déportations », affirme Serge Klarsfeld. « C’est l’action collective de sauvetage d’enfants juifs en France la plus exceptionnelle de la guerre. »
Le sauvetage est devenu possible notamment grâce à « une sorte d’agent double infiltré à Vichy à la tête d’un grand service social, qui fait appel à l’abbé Glasberg, un Ukrainien juif converti devenu prêtre, qui dirige l’Amitié chrétienne », explique Valérie Portheret.
Parmi les résistants figuraient également le cardinal Gerlier, alors archevêque de Lyon et président d’honneur de l’Amitié chrétienne, reconnu Juste parmi les nations en 1980, qui exercerait toute son influence face aux pressions de Vichy qui voulait récupérer les enfants.
« On a plein de personnages hauts en couleur expérimentés et qui connaissent bien les textes de loi. Et le 28 août 1942, ils décident d’utiliser un alinéa qui avait été annulé sans que les autorités du camp le sachent et qui disait que les mineurs non accompagnés n’étaient pas déportables », explique l’historienne.
Dans son livre, elle décrit ainsi avec détails cet incroyable épisode porteur d’espoir, mis en place en se fondant sur des bases légales officielles. À l’aide de documents et témoignages, notamment d’enfants sauvés, l’auteure rend hommage aux héros de la Résistance et lutte afin que leur action et que la mémoire des victimes ne soient pas oubliées.