L’Inde a « mûri », et ses liens avec Israël sont de plus en plus forts, selon l’ambassadeur
En raison de la première visite d'un Premier ministre indien, l'ambassadeur Kapoor dit que New Delhi n'opère plus de trait d’union entre ses relations avec Jérusalem et Ramallah
L’Inde a mûri politiquement et est maintenant en mesure de faire la distinction entre des relations de plus en plus chaleureuses avec Israël et son traditionnel soutien à la cause palestinienne, a déclaré l’ambassadeur du pays en Israël.
Précédant la première visite en Israël d’un Premier ministre indien cette semaine, la déclaration de l’ambassadeur Pavan Kapoor a mis l’accent sur les liens croissants entre New Delhi et Jérusalem dans un large éventail de domaines, y compris politiquement, sans promettre pour autant un changement significatif quant à ses votes dans les organisations internationales en faveur d’Israël.
« C’est avec un sentiment de confiance que nous pouvons distinguer ces deux relations indépendamment et sur leurs propres mérites, » a déclaré Kapoor lors d’une interview récente, évoquant l’amitié de l’Inde avec les Israéliens et les Palestiniens.
« Nous continuerons à travailler avec les Palestiniens parce que nous soutenons leur cause. Mais en même temps, nous voulons conserver nos relations avec Israël indépendamment de leur relation avec la Palestine ».
Le Premier ministre Narendra Modi sera en Israël mardi pour une visite de trois jours, célébrant ainsi 25 ans de relations diplomatiques bilatérales. Son programme comprend des visites à Jérusalem, à Tel-Aviv et Haïfa, où il doit rencontrer de hauts fonctionnaires israéliens et organiser un rassemblement pour les Indiens vivant dans le pays.
Cependant, il ne se rendra pas dans les Territoires palestiniens pour rencontrer des fonctionnaires de l’Autorité palestinienne, ce qui est très inhabituel pour les dignitaires étrangers venant dans la région, en particulier ceux qui ont des liens étroits avec le monde arabe.
« Il est à noter que le voyage de Modi en Israël n’inclut pas de visite à l’Autorité palestinienne, indiquant que l’Inde a libéré ses relations avec Israël de son engagement historique envers la question palestinienne », a déclaré le professeur de science politique Efraim Inbar dans un document pour le Centre BESA d’études stratégiques.
Selon Kapoor, la décision de Modi de ne pas inclure Ramallah dans son programme démontre d’une certaine confiance politique. « Il est confiant et assez lucide pour se rendre compte que ce sont deux relations différentes, et nous n’avons pas besoin de les séparer », a-t-il déclaré au Times of Israël depuis son bureau de l’ambassade de Tel Aviv en Inde.
L’Inde – un pays de plus de 1,25 milliard de personnes, dont la plus grande population musulmane au monde – a été le premier État non-arabe à reconnaître la Palestine en 1988. Modi a accueilli récemment le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas à New Delhi.

(Crédit : AFP PHOTO / PRAKASH SINGH)
« Il bénéficie d’une grande confiance politique », a déclaré Kapoor concernant Modi. « Il a été élu avec une énorme majorité. Après plusieurs décennies de gouvernements de coalition, il est maintenant présent avec une très forte majorité. Et nous, en tant que nation, avons mûri. C’est ce qui lui donne la confiance politique pour prendre des décisions plus audacieuses. »
La plupart des Indiens ont toujours eu des sentiments très chaleureux pour le peuple juif et l’Etat d’Israël, a déclaré l’ambassadeur. Mais le gouvernement du pays est resté discret sur ses relations avec Jérusalem afin de ne pas perturber ses liens étroits avec le monde arabe.
« Sept millions d’Indiens vivent et travaillent au Moyen-Orient. C’est un nombre important. Une donnée importante qui ne doit pas être négligée « , a rappelé Kapoor. « Mais nous sommes aujourd’hui au stade où nous avons atteint une certaine maturité politique et où nous pouvons dire au monde arabe que, oui, nous continuerons à travailler avec Israël parce que c’est dans notre intérêt et une question de mérite, et nous continuerons à soutenir les Palestiniens, parce que nous croyons en cela. »
L’amitié croissante entre l’Inde et Israël a de nombreuses facettes. Y compris l’abstention occasionnelle de New Delhi sur les résolutions parrainées par les Palestiniens, dans différentes institutions internationales telles que l’ONU.
« En effet, l’Inde a modifié son mode de scrutin dans les organisations internationales en s’abstenant de rejoindre la majorité systématique stigmatisant Israël », a souligné M. Inbar.
Cependant, Jérusalem ne devrait pas s’attendre à ce que New Delhi rejette chaque résolution qu’Israël conteste, a annoncé Kapoor.

En tant que membre de premier plan du Mouvement palestinien non aligné, l’Inde a voté en bloc, a-t-il expliqué. « Nous allons voter pour des résolutions impliquant leurs mérites spécifiquement. » Et pourtant, a t-il ajouté, le gouvernement de Modi appuiera toute initiative qu’il juge digne d’être soutenue, que ce soit par Israël ou non.
« Ne vous méprenez pas : nous sommes pleinement favorables à la cause palestinienne. Nous continuerons donc à voter en leur faveur. »
À Jérusalem, où Modi logera à l’hôtel King David, le Premier ministre indien rencontrera son homologue israélien Benjamin Netanyahu, le président Reuven Rivlin et le chef de l’opposition Isaac Herzog. Au programme, la visite de Yad Vashem. Il doit également se rendre au cimetière indien de la Première Guerre mondiale à Haïfa.
Un autre point culminant de son voyage de trois jours sera un grand rassemblement s’adressant aux membres de la communauté indienne d’Israël, au Centre des congrès de Tel Aviv, qui devrait attirer 4 000 personnes. « Il veut leur parler et leur dire quel rôle ils peuvent jouer pour améliorer les relations entre l’Inde et Israël », a déclaré Kapoor.
Environ 12 000 ressortissants indiens non-juifs vivent actuellement et travaillent en Israël, ainsi que quelque 80 000 juifs israéliens avec au moins un parent d’origine indienne. Seulement 5 000 juifs sont recensés en Inde aujourd’hui.
La visite de Modi contient également un volet économique non négligeable, a souligné Kapoor. Le commerce bilatéral atteint aujourd’hui 5 milliards de dollars, dont un cinquième concerne les exportations de défense israéliennes. En 1992, lorsque les relations diplomatiques ont été établies, le commerce bilatéral s’élevait à environ 200 millions de dollars. « Nous avons parcouru un long chemin depuis lors, et cela n’a pas eu lieu du jour au lendemain », a souligné Kapoor.

On parle beaucoup des solides liens militaires israélo-indiens, mais Modi souhaiterait également renforcer les liens dans « tous les secteurs en développement », souligne l’ambassadeur. « Nous nous concentrons sur l’agriculture, l’eau, la science et la technologie. Ce sont les domaines où nous essayons vraiment de travailler avec Israël. Et nous pouvons apprendre beaucoup de ce pays… Il existe cette interface étonnante et transparente entre l’industrie, le gouvernement et le monde universitaire en Israël, et c’est quelque chose dont nous pouvons beaucoup nous inspirer. »
La visite officielle de cette semaine est le premier voyage de Modi en Israël en tant que Premier ministre, mais pas son premier voyage dans le pays. Il était ici en 2006 en tant que ministre en chef du Gujarat, un État de l’Inde occidentale d’une population d’environ 60 millions d’habitants.
« Il a certainement été très impressionné par ce qu’il y a vu alors », a déclaré Kapoor, qui connaît le Premier ministre personnellement. « J’attends ce qu’il va me dire à son retour ».
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