L’Irak veut construire 8 réacteurs nucléaires d’ici 2030
Les négociations en cours avec des entreprises "russes, coréennes, chinoises, américaines et françaises" pourraient aboutir à "une signature d'ici la fin de l'année"
L’Irak, en pénurie chronique d’électricité, veut construire d’ici 2030 huit réacteurs nucléaires d’une capacité de 8 000 mégawatts, de quoi assurer 25 % de ses besoins et réduire ainsi sa dépendance énergétique, a indiqué mardi à l’AFP un responsable.
Actuellement, la puissance électrique de l’Irak est d’environ 16 000 mégawatts (MW), loin des 24 000 MW estimés nécessaires pour satisfaire la demande – évaluée jusqu’à 30 000 MW les mois d’été – et encore plus loin des besoins futurs dans un pays dont la population de 40 millions d’habitants devrait doubler d’ici 2050, selon l’ONU.
« D’ici 2030-2031, nous souhaitons produire 25 % de nos besoins en électricité grâce au nucléaire, moins cher et disponible chaque jour de l’année à la différence par exemple du solaire ou d’autres énergies renouvelables », explique à l’AFP Kamal Latif, patron de l’Autorité des ressources nucléaires.
M. Latif assure que les négociations en cours avec des entreprises « russes, coréennes, chinoises, américaines et françaises » pourraient aboutir à « une signature d’ici la fin de l’année ».
Alors que des informations de presse font état d’un projet à 40 milliards de dollars (33 milliards d’euros) – pour un pays qui traverse sa pire crise économique -, M. Latif s’est refusé à commenter, estimant uniquement que l’Irak négocierait des facilités de paiement « sur vingt ans, avec des possibilités de prêts à intérêts réduits ».
La compagnie russe Rosatom, citée par l’agence russe TASS, assure de son côté discuter avec l’Irak « l’ensemble de l’agenda d’une éventuelle coopération sur les applications énergétiques et non énergétiques des technologies nucléaires à des fins pacifiques ».
Pour les experts toutefois, l’Irak, plutôt que de se lancer dans le nucléaire, devrait rénover ses infrastructures car il perd 30 à 50 % de son énergie pendant son acheminement du fait de la vétusté des circuits.
En outre, l’Irak, deuxième producteur de l’Opep, a déjà annoncé un plan pluriannuel pour capturer son gaz naturel qu’il brûle actuellement dans des torchères extrêmement polluantes qui lui font perdre chaque année, selon la Banque mondiale, 2,5 milliards de dollars.
Ce plan vise à réduire les importations énergétiques d’Iran – actuellement 28 millions de mètres cubes de gaz par jour et 1 300 mégawatts d’électricité.
Pour réhabiliter ses infrastructures, l’Irak a signé des memorandums d’entente avec l’Allemand Siemens – pour 10 milliards de dollars – et l’Américain General Electric (GE) – pour 15 milliards de dollars. Jusqu’ici, aucun de ces projets n’a vu le jour.