L’Iran menace de « conséquences éternelles » après les frappes américaines sur ses sites nucléaires
Le chef de la diplomatie iranienne dénonce une agression illégale au regard du droit international ; Téhéran appelle l'ONU à une session d'urgence ; une chaîne d'État qualifie les Américains de "cibles légitimes"

Le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, a prédit dimanche matin des « conséquences éternelles » après l’annonce par le président américain Donald Trump d’une » attaque couronnée de succès » de l’armée américaine contre les sites nucléaires de Fordo, Natanz et Ispahan en Iran.
Les États-Unis « ont commis une violation grave de la Charte des Nations Unies, du droit international et du traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) en attaquant les installations nucléaires pacifiques de l’Iran », a écrit le chef de la diplomatie de la République islamique sur le réseau social X.
« Les événements de ce matin sont scandaleux. Il auront des conséquences éternelles », a déclaré Araghchi.
« Conformément à la Charte des Nations Unies et à ses dispositions autorisant à répondre en cas légitime défense, l’Iran se réserve toutes les options afin de défendre sa souveraineté, ses intérêts et son peuple », a-t-il ajouté.
L’ambassadeur d’Iran aux Nations unies a demandé dimanche une réunion d’urgence du Conseil de sécurité pour statuer sur ce qu’il a décrit comme des « attaques odieuses et un usage illégal de la force » de la part des États-Unis contre la République islamique.
Le guide suprême Ali Khamenei n’a encore fait aucune déclaration. Menacé d’assassinat par Israël, il serait actuellement caché dans un bunker.
The United States, a permanent member of the United Nations Security Council, has committed a grave violation of the UN Charter, international law and the NPT by attacking Iran's peaceful nuclear installations.
The events this morning are outrageous and will have everlasting…
— Seyed Abbas Araghchi (@araghchi) June 22, 2025
Chaque citoyen et soldat américain présent dans la région est désormais une « cible légitime », a fait savoir un commentateur de la chaîne de télévision publique iranienne IRIB à la suite des frappes.
La chaîne a diffusé une carte montrant les bases américaines dans la région, le commentateur affirmant : « Vous l’avez commencée, et nous la terminerons. »
Dans un communiqué diffusé par la télévision d’État, le Corps des Gardiens de la Révolution islamique (CGRI), le bras armé du régime iranien, a averti les États-Unis de « s’attendre à des réponses regrettables » à leurs frappes sur les sites nucléaires de Téhéran.
« L’Iran utilisera des options qui dépassent l’entendement… du front agresseur, et les agresseurs de cette terre doivent s’attendre à des réponses regrettables », a-t-il déclaré.

Le CGRI a également déclaré qu’il continuerait à cibler Israël, qui a été frappé par plusieurs vagues d’attaques de missiles et de drones depuis qu’il a frappé l’Iran le 13 juin.
Les sites nucléaires endommagés
Les médias d’État iraniens ont confirmé que les sites nucléaires d’Ispahan, Natanz et Fordo avaient été pris pour cibles par des « frappes ennemies ».
La chaîne d’État IRIB a précisé que les différents sites, ainsi que leurs stocks d’uranium enrichi, avaient été préalablement évacués. L’Iran a annoncé dimanche matin « l’absence de tout signe de contamination » sur les sites nucléaires.

Les médias d’État iraniens ont cité un communiqué du centre national du système de sûreté nucléaire du pays, selon lequel les détecteurs du centre n’avaient enregistré aucune fuite radioactive après les frappes.
« La situation ne présente aucun danger pour les personnes vivant aux environs des sites susmentionnés », a indiqué le communiqué.
De même, aucun rejet de matières radioactives dans l’environnement aux abords des installations n’a été enregistré après les frappes aériennes israéliennes qui avaient précédemment touché des sites nucléaires, a rapporté l’Agence internationale de l’énergie atomique.
Selon un membre du Parlement iranien représentant la ville de Qom, à proximité du site nucléaire de Fordo cité dans les médias d’État iraniens, les dommages causés à l’installation se limitaient aux « parties non enfouies, et peuvent être réparés. »

Un journaliste de l’agence de presse semi-publique iranienne Fars a fait savoir que des flammes étaient visibles après les frappes sur l’installation de Fordo.
L’agence Fars, liée au corps paramilitaire iranien des gardiens de la révolution, a déclaré que son journaliste avait entendu des tirs de la défense antiaérienne vers 2 h 05, heure locale, suivis d’explosions deux minutes plus tard.
« Quand je suis arrivé aux abords du site, le système de défense aérienne fonctionnait à plein régime, et on pouvait clairement voir ses tirs dans le ciel », a indiqué le journaliste, ajoutant ensuite que « des flammes ont soudainement éclaté dans la direction de Fordo ».
En même temps que les flammes, une traînée de fumée et une quantité importante de poussière se sont élevées dans le ciel, a poursuivi le journaliste cité par Fars, qui n’a proposé aucune photo ni vidéo de l’attaque.
Il a affirmé que tous les matériaux qui auraient pu présenter un danger pour la population avaient été préalablement retirés du site.
La décision de Trump d’impliquer directement les États-Unis dans la guerre est intervenue après plus d’une semaine de frappes israéliennes, des frappes qui ont causé d’importants dommages aux installations nucléaires iraniennes, éradiqué les défenses aériennes du pays et éliminé nombre de hauts gradés militaires et meilleurs scientifiques nucléaires de la République islamique.
Israël a affirmé que l’attaque de grande envergure lancée le 13 juin est indispensable pour empêcher la République islamique de réaliser son projet explicitement avoué de détruire l’État juif.
En représailles, l’Iran a tiré plus de 470 missiles balistiques et environ 1 000 drones sur Israël.
À ce jour, les attaques de missiles de l’Iran ont tué 24 personnes et en ont blessé des milliers en Israël, selon des responsables de la santé et des hôpitaux. Certains missiles ont touché des immeubles résidentiels, une université et un hôpital, causant de lourds dégâts.