Netanyahu : Israël sera « responsable de la sécurité » à Gaza pour une « période indéfinie » après la guerre
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu déclare qu’Israël aura « la responsabilité globale de la sécurité » dans la bande de Gaza « pour une période indéfinie » à l’issue de la guerre
On ne sait pas exactement ce que Netanyahu a en tête en ce qui concerne l’étendue des responsabilités en matière de sécurité, mais les responsables israéliens ont insisté sur le fait qu’ils ne souhaitaient pas occuper Gaza après la guerre.
L’administration Biden a également exprimé son opposition à ce scénario, tout en avertissant Jérusalem qu’il est plus probable qu’elle s’enlise à Gaza si elle ne commence pas à élaborer un plan pour déterminer qui gouvernera l’enclave si elle réussit à chasser le Hamas du pouvoir.
Cette déclaration fait suite aux commentaires d’autres responsables israéliens qui ont affirmé qu’Israël devra maintenir une présence militaire à l’intérieur de Gaza afin de servir de tampon pour protéger les civils israéliens.
Toujours dans l’interview d’ABC News, Netanyahu est interrogé sur la question de savoir s’il acceptera l’appel du président américain Joe Biden en faveur de pauses humanitaires.
Il a d’abord esquivé la question, déclarant qu’il s’opposait à un cessez-le-feu à plus long terme au motif qu’il équivaudrait à une reddition au Hamas.
EXCLUSIVE: @DavidMuir interviews Israeli PM Netanyahu, pressing him on the Biden administration’s calls for a humanitarian pause in Gaza as the death toll climbs; if he bears responsibility for intelligence failures on Oct. 7; and more. https://t.co/zjSKIi5FJF pic.twitter.com/LydTy5XtZf
— World News Tonight (@ABCWorldNews) November 7, 2023
Mais après avoir été interrogé à nouveau, il laisse entrevoir pour la première fois une certaine flexibilité sur la question.
« Dans la mesure du possible, de petites pauses – une heure par-ci, une heure par-là. Nous en avons déjà eu par le passé. Nous vérifierons les circonstances [pour avoir des pauses supplémentaires] afin de permettre aux biens humanitaires d’entrer ou à nos otages, aux otages individuels de partir », ajoute Netanyahu, devenant ainsi le premier responsable israélien à confirmer que Jérusalem a accepté une pause temporaire dans les combats pour permettre à deux otages libérés par le Hamas de se rendre en toute sécurité à la frontière, comme l’a révélé un responsable américain la semaine dernière.
Netanyahu indique ensuite qu’il accepterait un cessez-le-feu si le Hamas libérait l’ensemble des quelque 240 otages détenus à Gaza. « Il y aurait un cessez-le-feu à cette fin, et nous attendons que cela se produise. Cela ne s’est pas produit jusqu’à présent », a-t-il déclaré.
Le Premier ministre affirme qu’Israël dispose de certains renseignements sur l’endroit où se trouvent les otages, mais refuse de s’étendre sur le sujet.
Interrogé sur la question de savoir si l’opération terrestre en cours risque de mettre en danger la vie des otages, Netanyahu répond : « Nous en tenons compte », tout en affirmant que « jusqu’à ce que nous commencions l’action terrestre, aucune pression n’était exercée sur eux pour qu’ils libèrent les otages. Ce que nous avons vu, c’est qu’à la minute où nous avons commencé l’action terrestre, il y a eu des pressions ».
La pression à laquelle faisait référence Netanyahu n’est pas claire, étant donné que les quatre seuls otages libérés par le Hamas l’ont été avant qu’Israël ne commence son invasion terrestre le 27 octobre.
Netanyahu rejette la question de savoir s’il existe une divergence entre lui et Biden au sujet de la guerre, affirmant qu’il est d’accord avec l’appel des États-Unis pour que l’aide humanitaire entre dans la bande de Gaza et qu’il se coordonne avec Washington sur cette question.
Le Premier ministre précise toutefois qu’il ne donnera pas au Hamas l’occasion de mettre en danger les soldats de Tsahal et affirme qu’Israël fera tout ce qui est en son pouvoir pour limiter les pertes civiles, tout en reconnaissant qu’il ne pourra pas toujours y parvenir en raison de l’utilisation de boucliers humains par le groupe terroriste.
Interrogé sur la question de savoir s’il devait assumer la responsabilité de ce qui s’est passé le 7 octobre, comme l’ont fait d’autres dirigeants israéliens, Netanyahu a répondu « bien sûr », mais que la question serait « résolue après la guerre ».
« J’ai dit que des questions très difficiles allaient être posées et je serai parmi les premiers à y répondre. Nous n’allons pas nous dérober. La responsabilité du gouvernement est de protéger les citoyens, et il est clair que cette responsabilité n’a pas été assumée », déclare-t-il.
Interrogé sur l’Iran et son mandataire libanais, le Hezbollah, dans un contexte d’escalade des escarmouches à la frontière nord d’Israël, Netanyahu pense qu' »ils ont compris que s’ils entrent en guerre de manière significative, la réponse sera très, très puissante, et j’espère qu’ils ne commettront pas cette erreur ».
L’interview accordée à ABC est la première que Netanyahu accorde aux médias américains depuis la guerre, après que le Premier ministre a mené une campagne éclair de plusieurs mois sur les différents réseaux américains pour tenter de calmer les réactions à la réforme du système judiciaire entreprise par son gouvernement.