Londres refuse un visa au petit-fils de Mandela en raison de son soutien au Hamas
Le Royaume-Uni a fait savoir à Mandla Mandela que sa présence "ne favorise pas le bien public", en invoquant son "soutien explicite au Hamas et à ses violences terroristes"
JOHANNESBURG – Le petit-fils du premier président noir d’Afrique du Sud, Nelson Mandela, a déclaré vendredi que le gouvernement britannique lui avait refusé un visa d’entrée en raison du soutien qu’il apporte à l’organisation terroriste palestinienne du Hamas et de son positionnement sur la guerre qui oppose actuellement cette dernière à Israël.
Mandla Mandela n’a ainsi pas été en mesure de se rendre au Royaume-Uni, au début du mois, pour des prises de parole lors de rassemblements pro-palestiniens et anti-israéliens à Manchester, Edimburg et Glasgow – il avait alors été informé qu’il aurait besoin d’un visa, alors qu’il possède un passeport du gouvernement sud-africain qui lui permet habituellement d’entrer sans avoir besoin de ce précieux sésame.
Cette semaine, le ministère de l’Intérieur britannique a envoyé à Mandela une lettre l’informant que sa demande de visa avait été rejetée en raison de « son soutien au Hamas » et parce que sa présence au Royaume-Uni « ne favorise pas le bien public ».
Mandela a déclaré à l’AP qu’il avait reçu la lettre, datée du 21 octobre, jeudi.
« Selon nos évaluations, votre présence au Royaume-Uni ne favorise pas le bien public en raison de votre comportement inacceptable. Vous avez fait de nombreuses déclarations qui soutiennent explicitement le Hamas et ses violences terroristes, notamment en saluant l’attaque terroriste du 7 octobre qui avait visé Israël et en faisant l’éloge de son chef récemment décédé, Ismail Haniyeh », indiquait la lettre.
Les terroristes du Hamas avaient pris d’assaut Israël le 7 octobre 2023, se livrant à un pogrom – ils avaient massacré plus de 1 200 personnes, des civils en majorité, commettant des viols et des actes de torture. Ils avaient kidnappé 251 personnes qui avaient été prises en otage à Gaza. 101 captifs se trouvent encore dans les geôles du Hamas.
La missive souligne plusieurs posts publiés par Mandela sur Instagram – des publications où il fait part de son soutien au Hamas. L’une d’entre elles le montre avec Haniyeh, qui a été tué dans une explosion à Téhéran, au mois de juillet – explosion dont la responsabilité a été attribuée à Israël.
Nelson Mandela'nın torunu Mandla Mandela, Gazze direnişini ve Hamas'ı selamlayarak tekbir getiriyor. pic.twitter.com/2aluJUpN3q
— Mehmet Toprak (@MehToprak) January 12, 2024
Elle note également que Mandela a assisté aux funérailles de Haniyeh au mois d’août. Il l’avait rencontré à deux reprises, en janvier et en avril 2024, postant aussi une photo où il apparaissait aux côtés d’un autre haut-responsable du Hamas, Khaled Meshaal.
« Votre présence au Royaume-Uni en tant que telle est considérée comme une menace pour la société britannique, car il est fort probable qu’elle provoque des tensions au sein des communautés juives du Royaume-Uni. Il est dans l’intérêt de la communauté britannique toute entière de refuser votre visa afin de protéger la sécurité publique et de prévenir les agitations ou d’éventuels crimes au Royaume-Uni », indique le courrier.
Sollicité, le ministère de l’Intérieur britannique n’avait pas répondu à une demande de commentaire au moment de la rédaction de cet article.
De son côté, Mandela a déclaré que ce refus d’octroi de visa ne le découragerait pas et qu’il continuerait à exprimer son soutien aux Palestiniens.
« Nous ne pourrons jamais être réduits au silence et nous ne laisserons pas le refus d’un visa nous empêcher de défendre la justice, la paix et l’égalité. Nous continuerons à dénoncer à voix forte l’occupation injuste, le génocide et le nettoyage ethnique de Gaza et de toute la Palestine occupée, avec le soutien du Royaume-Uni et ses pairs », a-t-il fait savoir.
Il a estimé que ce refus de lui octroyer un visa était une tentative visant à restreindre ses déplacements et sa liberté d’expression – comparant sa situation aux difficultés rencontrées par son grand-père Nelson Mandela, qui avait passé 27 années en prison pour son rôle dans la lutte contre l’apartheid. Le système raciste mis en place par le gouvernement de la minorité blanche avait été aboli en 1994 et Nelson Mandela était devenu le premier dirigeant démocratiquement élu d’Afrique du Sud.
« Les déplacements et la liberté de mon grand-père avaient également été restreints, mais il avait refusé la condition préalable à sa libération de prison qui le confinait au Transkei. Il est toujours resté ferme dans sa quête de justice et il a continué à être un symbole de liberté, de justice et de droits de l’Homme pour tous », a-t-il dit.
Des organisations pro-palestiniennes et anti-Israël, dont la Fondation Desmond Tutu en Afrique du Sud et la Sheffield Palestine Coalition Against Israeli Apartheid, basée au Royaume-Uni, ont critiqué le Royaume-Uni pour sa décision.